Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

Scribe (Eugène)

Auteur dramatique et librettiste français (Paris 1791 – id. 1861).

Étudiant en droit saisi par le démon du théâtre, il débuta à dix-neuf ans, sous un pseudonyme, avec un vaudeville en 1 acte, qui fut copieusement sifflé aux Variétés. Mais il savait tirer parti de ses échecs et, bientôt, n'eut plus rien à apprendre des ficelles du métier. Ses négligences de style, aussi légendaires que son habileté et sa fécondité, ne l'empêchèrent pas d'entrer à l'Académie française en 1836. Fournisseur attitré des Variétés, du Gymnase, du Vaudeville, de la Porte-Saint-Martin et de la Comédie-Française, sans parler des scènes lyriques, il signa seul ou en collaboration plus de 350 ouvrages, dont de nombreux livrets d'opéra ou d'opéra-comique qui sauvent son nom de l'oubli. Citons au moins la Dame blanche (Boieldieu) [1825], le Comte Ory (Rossini) et la Muette de Portici (Auber) [1828], Fra Diavolo (Auber) [1830], Robert le Diable (Meyerbeer) [1831], le Chalet (Adam) [1834], la Juive (Halévy) [1835], les Huguenots (Meyerbeer) [1836], la Favorite (Donizetti) [1840], l'Étoile du Nord (Meyerbeer) [1854], les Vêpres siciliennes (Verdi) [1855], Barkouf (Offenbach) [1860], et l'Africaine (Meyerbeer) [1865]. Son énorme production, répartie sur un demi-siècle, lui rapporta une fortune considérable.

Searle (Humphrey)

Compositeur et musicologue anglais (Oxford 1915 – Londres 1982).

Il fit ses études au Royal College of Music (1937) et à Vienne avec Webern (1937-38), qui exerça sur lui une influence durable. Il travailla à la BBC, de 1938 à 1948 (exception faite des années de guerre), et fut conseiller musical à Sadler's Wells, de 1951 à 1957. S'étant toujours intéressé à la musique de Liszt, il joua un rôle prépondérant dans la fondation de la Société Liszt, et en devint secrétaire honoraire en 1950. Presque toutes ses œuvres, depuis 1946, font usage du dodécaphonisme sériel, qu'avait déjà approché en 1943 sa Night Music op. 2, pour orchestre de chambre, en l'honneur du soixantième anniversaire de Webern. Sa Passacaglietta in nomine Arnold Schönberg op. 16, pour quatuor à cordes (1949), pour le soixante-quinzième anniversaire de Schönberg, est en même temps un hommage à la mémoire de Webern.

   Sa Sonate pour piano op. 21 (1951), pour le cent quarantième anniversaire de Liszt et créée le jour même de cet événement, est en un seul mouvement, comme la Sonate en si mineur du maître hongrois, et étroitement modelée sur celle-ci. Dans cette œuvre apparaît le côté romantique de Searle. On peut en dire autant de ses 5 symphonies (1953, 1958, 1960, 1962 et 1964), en particulier de la première (op. 23), sérielle, généreuse d'expression, et en un seul mouvement. La 5e Symphonie (op. 43) est de nouveau dédiée à la mémoire de Webern. On lui doit encore les opéras The Diary of a Madman, d'après Gogol (1958), The Photo of the Colonel, d'après Ionesco (1964), et Hamlet, d'après Shakespeare (1965-1968), diverses pages d'orchestre, de la musique de chambre, de la musique vocale dont la trilogie formée de Gold Coast Customs, d'après E. Sitwell (1949), de The Riverrun, d'après Joyce (1951), de The Shadow of Cain, d'après E. Sitwell (1951), et de nombreux livres et écrits, parmi lesquels The Music of Liszt (1954, rév. 1966) et Twentieth Century Counterpoint (1954).

Sebastian (Georges)

Chef d'orchestre hongrois naturalisé français (Budapest 1903 – La Hauteville, Yvelines, 1989).

À Budapest, il étudie la composition avec Léo Weiner et Kodály, alors que Bartók est son professeur… de piano ! Dès 1922, il est l'assistant de Bruno Walter à Munich puis, de 1927 à 1930, à l'Opéra de Berlin. Il y crée Johnny spielt auf de Krenek et dirige le Château de Barbe-Bleue de Bartók. De 1931 à 1937, il est à Moscou au pupitre de l'Orchestre de la Radio et de la Philharmonie, abordant les symphonies romantiques. En 1938, il émigre aux États-Unis, où il s'occupe notamment des programmes CBS diffusés sur 130 chaînes de radio. Il se fixe en France en 1947, où il participe à plusieurs événements exceptionnels : il dirige à l'Opéra de Paris Maria Tebaldi et le légendaire concert de Maria Callas en décembre 1958. En 1961 et 1964, il donne les premières auditions françaises de la Troisième et de la Huitième Symphonie de Mahler. En 1966, il dirige à Aix-en-Provence une célèbre production d'Ariane à Naxos, avec le trio Crespin-Troyanos-Mesplé. Avec l'Orchestre de l'O.R.T.F., il a aussi fait découvrir en France l'Ange de feu de Prokofiev.

Sebok (Gyorgy)

Pianiste hongrois (Szeged 1922 – Bloomington, Indiana, 1999).

De 1938 à 1943, il étudie à l'Académie Liszt de Budapest, où il est à la fois élève de piano et accompagnateur de diverses classes instrumentales, tout en étudiant la composition avec Kodály et la musique de chambre avec Léo Weiner. Après la guerre, son premier concert important a lieu à Bucarest sous la direction d'Enesco en 1946. Pendant dix ans, son activité est limitée aux pays de l'Est, qu'il visite presque tous, y compris l'U.R.S.S. Il remporte le premier prix du Concours Franz Liszt de Budapest et celui du Concours international de Berlin. En 1949, il est nommé professeur de piano au Conservatoire Bartók de Budapest. En 1957, il s'établit à Paris, où il devient rapidement une importante figure du monde musical. À partir de 1957, il joue régulièrement dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest, ainsi qu'au Japon, en Afrique du Sud et en Amérique du Sud. Pédagogue réputé pour la finesse et la générosité de son enseignement, il donne de nombreuses master-classes et enseigne depuis 1962 à l'Université d'Indiana, prenant en 1970 la nationalité américaine.

secco

Dans l'opéra classique, et plus particulièrement l'opéra bouffe italien, le recitativo secco est un texte débité à la cadence rapide de la conversation, accompagné par des accords de clavecin sans intervention de l'orchestre.

Sechter (Simon)

Théoricien, compositeur, organiste et chef d'orchestre autrichien (Friedberg, Bohême, 1788 – Vienne 1867).

Il arriva à Vienne en 1804, où il étudia avec Albrechtsberger et L. Kozeluck, et, de 1810 à 1825, enseigna le piano et le chant à l'Institut pour jeunes aveugles de cette ville. En 1825, il devint premier organiste de la cour. Très réputé comme professeur de théorie, il attira de nombreux élèves, parmi lesquels Schubert, qui prit une leçon avec lui le 4 novembre 1828, juste avant sa mort. Son élève le plus célèbre fut Bruckner. Il fut aussi le maître, entre autres, de Gustav Nottebohm et de Carl Ferdinand Pohl. De 1851 à 1863, il enseigna la basse continue et le contrepoint au conservatoire de Vienne, où il eut comme successeur son ancien élève Bruckner. Compositeur très fécond, il écrivait, dit-on, au moins une fugue par jour. On lui doit aussi des oratorios, des opéras, dont un seul représenté (Ali Hitsch-Hatsch, Vienne, 1844), de la musique religieuse, dont 35 messes et 2 requiem. Parmi ses écrits théoriques, une édition révisée du Traité de fugue (Abhandlung von der Fuge) de Marpurg (1843), et Die Grundsätze der musikalischen Komposition (3 vol., 1853-54).