Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Le Roy (Adrian)

Éditeur, luthiste, guitariste, chanteur et compositeur français (Montreuil-sur-Mer v. 1520 – Paris 1598).

Il fonda, avec son cousin Robert Ballard, la célèbre maison d'édition Le Roy et Ballard (1551), qui devait garder ses privilèges jusqu'à la Révolution de 1789. Le premier livre publié est un recueil de motets, de danses et de chansons, mis en tablature de luth. D'autres livres renferment des transcriptions de chansons de Certon, d'Arcadelt, de Sandrin. La maison Le Roy et Ballard édita également les œuvres de Roland de Lassus et de Claude Le Jeune. Au XVIIe siècle, les tragédies lyriques de Lully furent publiées par cette maison, devenue aussi l'imprimerie de l'Académie royale de musique. Adrian Le Roy est également l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment une méthode de guitare, et d'un grand nombre d'airs de cour et de chansons d'une excellente qualité.

Le Sueur (Jean-François)
ou Jean-François Lesueur

Compositeur français (Drucat-Plessiel, Somme, 1760 – Paris 1837).

Il étudia la musique comme enfant de chœur à la collégiale d'Abbeville, puis à la cathédrale d'Amiens. Nommé maître de chapelle à la cathédrale de Sées (1778), il partit bientôt pour Paris afin de travailler l'harmonie avec l'abbé Roze, maître de chapelle de l'église des Saints-Innocents. Il obtint successivement les maîtrises des cathédrales de Dijon (1779), du Mans (1782), et Saint-Martin de Tours (1783), mais, à la mort de l'abbé Roze, il fut appelé pour lui succéder aux Saints-Innocents. En 1786, il devint maître de chapelle à Notre-Dame de Paris. Il y obtint l'autorisation d'ajouter de la musique symphonique à la musique d'orgue, lors des grandes fêtes religieuses de l'année : Assomption, Noël, Pâques et Pentecôte. Cette innovation inquiéta le clergé, mais obtint un grand succès auprès des fidèles et de la reine Marie-Antoinette. Pendant la Révolution, Lesueur mit son art au service de la nation, de même que Méhul, Gossec ou Cherubini, et composa nombre d'hymnes et de pièces de circonstance pour les fêtes officielles. En 1793, il fit ses débuts au théâtre et obtint d'emblée un succès estimable avec la Caverne, représentée au théâtre Feydeau. Cet ouvrage manifeste déjà son goût pour la musique descriptive et pour ses recherches harmoniques. À la fondation du Conservatoire (1795), il fut élu membre de la commission des études musicales, et fut chargé, avec Méhul, Gossec et Catel, de la rédaction des Principes élémentaires de la musique et des Solfèges du Conservatoire. Napoléon l'estimait beaucoup et lui avait confié le soin de composer une Marche triomphale pour le jour de son sacre.

   Cependant, Lesueur ne parvenait pas à se faire représenter à l'Opéra, où l'importance de ses ouvrages et des effets scéniques qu'ils demandaient rebutait la direction. Il fallut que Paisiello abandonnât en 1804 son poste de maître de chapelle des Tuileries et que l'Empereur désignât Lesueur comme son successeur pour que l'Opéra lui ouvrît enfin ses portes. Aussitôt, son ouvrage Ossian ou les Bardes fut représenté avec un immense succès. Il fut cependant retiré de l'affiche dès la chute de l'Empire. En revanche, le Triomphe de Trajan, créé en 1807, se maintint jusqu'en 1827. Plusieurs de ses autres opéras restèrent non représentés, dont Alexandre à Babylone, composé en 1815. Sous la Restauration, Lesueur devint compositeur de la chapelle de la cour, et, en 1818, fut nommé professeur de composition au Conservatoire. Il eut parmi ses élèves Ambroise Thomas, Berlioz, Marmontel, Reber et Gounod ; son influence fut grande sur eux, en particulier sur Berlioz auquel il inculqua le goût des figurations considérables et de l'instrumentation somptueuse. C'est surtout à travers sa musique religieuse (messes, oratorios) que cette influence s'est exercée. Lesueur avait fait des efforts pour revenir aux modes et aux rythmes grecs, et consacra ses dernières années à étudier l'histoire de la musique ancienne. Un catalogue de ses œuvres a été réalisé par Jean Mongrédien (1980).

Lebègue (Nicolas)

Organiste, claveciniste et compositeur français (Laon 1631 – Paris 1702).

Venu de bonne heure à Paris, il y fut marqué par Champion de Chambonnières. En 1664, il fut nommé titulaire de l'orgue de Saint-Merri, poste qu'il conserva jusqu'à sa mort. Hautement estimé par Louis XIV, il fut nommé organiste de la Chapelle royale en 1678. Son autorité en matière de facture d'orgues le fit appeler en expertise dans la France entière. Il a également été un professeur recherché, comptant parmi ses élèves d'Agincourt, Geoffroy et surtout Grigny.

   Compositeur, Lebègue fut l'un des plus féconds de son temps. Ses deux livres de clavecin et ses trois livres d'orgue nous sont tous parvenus. Le Premier Livre d'orgue (1676), destiné aux virtuoses, est son chef-d'œuvre, les deux autres étant écrits pour « ceux qui n'ont qu'une science médiocre ». Ces livres réunissent des suites, des noëls, des offertoires, des élévations, des versets de magnificat et des pièces de concert. Créateur d'un talent modeste, Lebègue n'en est pas moins le premier à avoir écrit dans les formes qui allaient être cultivées par tous les organistes des générations suivantes : récits, duos, trios, basses et dessus de trompette, de cornet ou de cromorne. Il a également donné de très nombreuses et précises indications d'exécution et de registration, dans des mélanges souvent nouveaux, indications qui, grâce à la diffusion de ses œuvres imprimées, ont contribué à informer les organistes de province.

Lebrun (Ludwig)

Hautboïste et compositeur allemand (Mannheim 1752 – Berlin 1790).

Titularisé dans l'orchestre de Mannheim à l'âge de quinze ans, il s'installa avec ce dernier à Munich en 1778 et lui resta attaché jusqu'à sa mort. Auteur de sept concertos et d'œuvres diverses pour son instrument, il effectua après leur mariage (1778) plusieurs tournées en Europe avec sa femme, la soprano Franziska Dorothea Lebrun, née Danzi (1756-1791).

Lechner (Leonhard)

Compositeur allemand (Vallée de l'Etsch, Tyrol du Sud, v. 1553 – Stuttgart 1606).

Chantre à la chapelle du duc de Bavière jusqu'en 1570, où il fut l'élève de Roland de Lassus, il mena probablement, à partir de cette date, une vie errante, qui le conduisit peut-être en Italie. En 1575, il obtint un modeste emploi à l'école paroissiale Saint-Laurent à Nuremberg. Appointé comme musicien en 1577, il occupa, en 1582, la fonction de premier musicien de la ville. Au cours des années passées à Nuremberg, il fut également mêlé à la vie musicale de plusieurs cénacles patriciens auxquels il dédia certaines de ses œuvres profanes. En 1584, il entra au service du comte Eitel Friedrich de Hohenzollern à Hechingen. Mais il quitta ce dernier presque aussitôt pour des raisons confessionnelles et se réfugia à Tübingen. N'ayant pu obtenir l'emploi qu'il espérait auprès du prince électeur de Saxe à Dresde, il fut chantre (1585-1589), compositeur (1589-1594), puis maître de chapelle à la cour du duché de Wurtemberg.

   Les sept recueils de chansons publiés entre 1576 et 1589 constituent la partie la plus importante de son œuvre et son aspect le plus personnel. Dans ses chansons, il mêle au type de la villanelle italienne des passages écrits dans un style contrapuntique plus traditionnel. Sa Passion selon saint Jean (1593) tient une place prépondérante dans son œuvre religieuse (motets et messes) par la rigueur avec laquelle il observe la mélodie liturgique et par la grande liberté qui régit la construction polyphonique de l'œuvre.