Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
A

Avicenne, en arabe Abū ‘Alī al-Ḥusayn ibn Sīnā

Philosophe, savant, médecin et théoricien de la musique arabe (Afchana, près de Boukhara, en Asie centrale, 980 – Hamadan, Perse, 1037).

Ses travaux sur la musique, inclus dans trois traités, tendent à l'universalité, à l'exemple des philosophes grecs dont ils s'inspirent, mais s'appuient sur une connaissance concrète de la musique arabe, de ses instruments et du jeu des instrumentistes.

   L'influence considérable d'Avicenne s'exerça aussi en Europe, où ses écrits furent imprimés dès 1593. À propos de l'accord du luth oriental (ud), il proposa le schéma la.ré.sol.si.mi, qui devait être adopté ultérieurement en Europe sur le luth et la guitare.

Avidom (Menahem)

Compositeur israélien d'origine polonaise (Stanislas, Pologne, 1908 – ? 1995).

Après des études à Paris, il est professeur à Tel-Aviv (1935-1945), secrétaire général de l'Orchestre philharmonique d'Israël (1945-1952), conseiller artistique au ministère du Tourisme, et il devient président de la Ligue des compositeurs d'Israël en 1955. Dans sa musique, les techniques modernes se mêlent à des éléments de musique orientale et aux rythmes de danse de son pays d'adoption. Il a composé 9 symphonies, 2 quatuors à cordes, 2 opéras et un opéra bouffe.

Avignon (festival d')

Ce fut initialement un festival d'art dramatique, créé en septembre 1947 sous l'impulsion de l'acteur et metteur en scène Jean Vilar, du poète René Char et de personnalités avignonnaises. Dès l'origine, la musique fit partie intégrante des spectacles de théâtre. Elle était signée par M. Jarre, G. Delerue, J. Besse, K. Trow, J. Prodromidès. Au bout de quelques années, des concerts vinrent s'ajouter aux programmes, en particulier des cycles d'orgue donnés dans les églises de la région. En 1968, un concert de l'Ensemble polyphonique de Paris, dirigé par Charles Ravier, comportant des œuvres de B. Jolas, C. Ballif et G. Arrigo où « les limites de l'exploration vocale étaient diversement élargies » (G. Erismann), ouvrit l'ère du théâtre musical. Dès 1969, cette forme, où l'esprit d'ouverture, la participation du public, la polyvalence des exécutants s'accordaient à l'évolution de l'ensemble du festival, prit une part importante dans les programmes. Depuis, plusieurs dizaines d'œuvres ont été jouées, le plus souvent en création. Les auteurs en sont, entre autres, C. Prey (Fêtes de la faim, 1969 ; On veut la lumière… allons-y !, 1969 ; les Liaisons dangereuses, 1974), G. Aperghis (Pandaemonium, 1973 ; Histoires de loups, 1976, etc.), G. Arrigo (Orden, 1969), A. Boucourechliev, P. Drogoz, A. Duhamel, A. Essyad, H. W. Henze, B. Jolas, M. Kagel, G. Ligeti, F.-B. Mâche, I. Malec, M. Ohana, M. Puig, R. Wilson et Ph. Glass, S. Yamashta.

Avison (Charles)

Compositeur et organiste anglais (Newcastle 1709 – id. 1770).

Auteur de sonates et de concertos, il organisa dans sa ville natale et à Durham des sociétés musicales et des concerts par abonnement. Il est surtout connu par son traité An Essay on Musical Expression (1752) et par ses arrangements sous forme de concertos grossos de douze sonates de Domenico Scarlatti.

Ax (Emmanuel)

Pianiste polonais naturalisé américain (Lvov 1949).

Il travaille d'abord le piano avec son père en Pologne. Après l'installation de sa famille à New York en 1961, il entre à la Juilliard School où il reçoit l'enseignement de Mieczyslaw Munz. Un premier concert à New York en 1973 marque le début de sa carrière, qui devient rapidement internationale. Après avoir été lauréat des Concours Chopin à Varsovie (1970) Vianna da Motta à Lisbonne (1971) et Reine Élisabeth de Belgique (1972), il remporte en 1972 le Ier Prix du Concours Rubinstein de Tel-Aviv, puis en 1979 l'Avery Fisher Prize. Les années 80 sont marquées par la création d'un trio avec le violoniste Young Uck Kim et le violoncelliste Yo-Yo Ma (avec lesquels il enregistre plusieurs œuvres de Brahms), et d'un duo avec Yo-Yo Ma. Depuis 1990, Emmanuel Ax s'est aussi beaucoup intéressé à Haydn, dont il a enregistré plusieurs sonates, et à la musique du XXe siècle, interprétant Tippett, Henze ou Copland et créant des œuvres d'Ezra Ladermann, William Bolcom et Joseph Schwantner.

Ayala Perez (Daniel)

Compositeur mexicain (Alba, Yucatán, 1908 – Vera Cruz 1975).

Il a fait ses études à Mérida et au conservatoire de Mexico avec Revueltas et Carlos Chavez. Violoniste à l'Orchestre de Mexico, il a dirigé l'Orchestre de Mérida en 1940, puis le conservatoire de l'État de Yucatán. Il est membre d'un éphémère « groupe des quatre » avec Blas Galindo, Salvador Contreras et José Pablo Moncayo. Sa musique est fréquemment inspirée du folklore maya, sur une solide armature rythmique. Elle comprend des suites symphoniques, des pièces pour piano et des mélodies.

ayre

Équivalent de l'air de cour, en France, à la même époque, ayre est le nom donné à la chanson anglaise à la fin du XVIe siècle, et surtout pendant une courte période de trente années environ au début du siècle suivant.

Cette chanson était généralement conçue pour une voix seule (parfois deux, en dialogue) accompagnée au luth avec l'adjonction toujours possible d'une basse de viole. Souvent le luthiste était lui-même le chanteur. C'était le cas du maître incontesté du genre, John Dowland. Mais d'autres musiciens illustrèrent cette forme avec autant de talent. Nous ne citons ici que quelques noms : Th. Morley, Ph. Rosseter, Th. Campion, Th. Ford.

   Comme pour l'air de cour français, la forme de l'ayre anglais est généralement strophique, la musique étant composée sur le texte de la première strophe. Cela pose souvent des problèmes de prosodie lors d'une exécution des autres strophes sur la même musique. Parfois, cependant, un ayre est durchkomponiert, par exemple l'admirable plainte de Dowland, In Darkness Let Me Dwell. Une grande importance est accordée à la beauté mélodique et à des recherches harmoniques. Il est fréquent que l'ayre anglais soit plus strictement mesuré que son équivalent français.