Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
K

Koenig (Gottfried Michael)

Compositeur allemand (Magdeburg 1926).

Dans les studios de la W. D. R. de Cologne, il a été, parallèlement à Eimert et Stockhausen, un des pionniers de la musique électronique sérielle « pure et dure » des années 50, et il poursuit à présent, dans le studio de sonologie de l'université d'Utrecht, où il est professeur depuis 1964, ses recherches dans le même sens, sinon avec la même technique. Depuis quelques années, il explore des processus de composition par ordinateur, selon des procédures de recherche fort abstraites, qui ne semblent qu'accessoirement et fortuitement se traduire en sons audibles. Que cela donne des « œuvres » ou non, il s'agit du moins de recherches qui existent et dont il faut prendre acte, quitte à en critiquer les postulats. Citons, parmi les résultats de ces recherches : Klangfiguren (1955-56), un des « classiques » des premières années du studio de Cologne, la série de Projekte, œuvres instrumentales composées avec l'aide de l'ordinateur, et les 8 Fonctions, pièces électroniques que seuls leurs différents sous-titres (Fonctions verte, jaune, orange, rouge, bleue, indigo, violette, grise) colorent, Beitrag pour orchestre (1986).

Koering (René)

Compositeur français (Andlau, Alsace, 1940).

Il étudia le piano et le hautbois à Strasbourg, puis, ayant rencontré Pierre Boulez en 1960, se rendit sur ses conseils à Darmstadt. De 1962 à 1964, il se consacra exclusivement à des essais de composition et à l'animation d'une série de concerts à Strasbourg, dirigeant notamment, en collaboration avec Pierre Stoll et Ernest Bour, des œuvres pour petites formations. De cette époque datent notamment Suite intemporelle pour récitant et 8 instruments (1961) et Combat T 3 N pour piano et orchestre (1962). En 1965 fut créé au festival de Strasbourg Triple et Trajectoire pour piano et 2 orchestres. Suivit en 1966 la création dans la même ville de Trauma pour 19 vents et 2 percussions. Les années 1967-1970 furent marquées par des expériences souvent sans lendemain dans le sens de la musique pop, sous l'influence notamment de peintres et de sculpteurs américains et français, et par l'installation du compositeur à Paris (1969). De cette période datent Finn Catapulta pour piano et percussion solistes, vents et percussions (1967), ou encore Quatre Extrêmes pour orchestre (1968, création, Strasbourg, 1969).

   La rencontre de Michel Butor en 1972 fut pour René Koering un événement important. De cette même année datent Dilaby pour grand orchestre et Centre d'écoute pour bande magnétique, d'où devaient être tirés Manhattan Invention pour violoncelle et bande (1973) et La nuit écoute pour bande et sextuor à cordes (création, festival de Royan, 1973). Au festival de Royan 1974 furent créés le Quatuor à cordes no 1 (1974) et la Symphonie no 1 pour clarinette basse amplifiée et 7 instruments (1966-1974), et au festival de Royan 1975 fut créé Mahler sur des textes de Michel Butor, pour diverses formations, dont le grand orchestre (1971). À citer encore : Vocero pour grand orchestre (1972), Jeux et Enchantements pour piano, violoncelle et orchestre (1974, versions possibles avec un seul soliste ou orchestre seul), Jusqu'au feu, exclusivement… pour violoncelle et orchestre, clarinette et orchestre, ou violon, clarinette et 2 orchestres (1974-75), 34 Mesures pour un portrait de T… pour 21 instruments (1976), Concerto pour piano (1976-77), Sonate pour piano (1976), Métal hurlant pour 22 instruments (1976), Konzert I, II et IV pour orchestre (1977), Mit Innigster Empfindung pour orchestre (1977), l'opéra Elseneur sur un livret de Michel Butor (création, Radio-France, 1980), un Quatuor à cordes no 2 (création, biennale de Venise, 1981), l'opéra la Lune vague (au concert Metz, 1982 ; à la scène, Rennes, 1983), l'opéra la Marche de Radetzky (Strasbourg, 1988) et Marie de Montpellier (Montpellier, 1994).

Kogan (Leonid)

Violoniste soviétique (Dniepropetrovsk 1924 – en gare de Myitichtcha 1982).

Ses premiers essais musicaux à sept ans lui ouvrent les portes d'une école réservée aux talents les plus prometteurs. C'est au conservatoire de Moscou qu'il suit, de 1943 à 1948, l'enseignement d'un disciple d'E. Auer, A. Yampolski. Encore étudiant, il fait ses débuts à dix-sept ans et se produit en différentes villes d'Union soviétique. En 1944, il est promu violon solo de l'Orchestre philharmonique de Moscou. Deux premiers prix, celui du Festival mondial de la jeunesse à Prague (1947) et surtout celui du concours Reine-Élisabeth de Belgique (1951), le font connaître hors frontières. Il fait ses débuts à Paris en 1955 et aux États-Unis l'année suivante. Enseignant dès 1952 au conservatoire de Moscou, il mène une carrière vouée principalement à la défense de la musique contemporaine (il est le premier Soviétique à jouer le Concerto de Berg) et à la musique de chambre. Il partage cette passion avec sa femme, Elizaveta Guilels, et avec son fils Pavel, tous deux violonistes. Il a aussi été le partenaire d'Emil Guilels et de M. Rostropovitch au sein d'un trio célèbre. Nombre de compositeurs soviétiques lui ont dédié leurs œuvres : Khrennikov, Karajev, Bunin, Khatchaturian, etc. Il possédait un Guarnerius del' Jesu de 1726.

Kohoutek (Ctirad)

Compositeur tchèque (Zábřeh 1929).

Il doit sa formation à R. Kvapil à l'académie Janáček de Brno. Ses premières œuvres restent dans la tradition folklorisante morave, mais, dès 1957, sa Suite pour alto et piano fait appel au souvenir de Bartók et à une écriture sérielle stricte. Il consigne même ses études sur l'école de Vienne dans une thèse, Novobodé Skladebné teorie západoevropské hudby (« Nouvelles techniques de composition d'Europe occidentale », Brno, 1962). Il poursuit son évolution vers un sérialisme de plus en plus personnel dans son Concerto pour violon (1957-58), un Quatuor à cordes (1959), un Concertino pour violoncelle et orchestre de chambre (1964), enfin des Préludes pour orchestre de chambre (1965), véritable « livre pour cordes » démontrant son goût pour la mélodie de timbre et des jeux de contrastes basés sur la dynamique de la phrase musicale et de ses « pôles » tonaux. Il explique ses théories dans Projektová hudební kompozice (« Technique de composition de demain », Prague, 1969). Il étend ces théories à son œuvre de piano (Inventions, 1965, proche sur le plan sonore et graphique des Klavierstücke de Stockhausen), puis à des chœurs pour enfants (Berceuses pour Misha, 1969), et à l'orchestre (Pantheon, image sonore, 1970).