Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Paillard (Jean-François)

Chef d'orchestre et musicologue français (Vitry-le-François 1928).

Licencié en mathématiques, il étudia au Conservatoire de Paris l'histoire de la musique avec Norbert Dufourcq et la direction d'orchestre avec Igor Markevitch au Mozarteum de Salzbourg. En 1953, il fonda l'ensemble instrumental Jean-Marie-Leclair, qui devint en 1959 l'orchestre de chambre J.-F.-Paillard (12 cordes et 1 clavecin), et avec lequel il fit de nombreuses tournées (Europe, Amérique, Japon, Corée, etc.). Il joua avec son orchestre, au concert et au disque, un rôle déterminant pour la résurrection de la musique baroque, exhumant des grandes bibliothèques musicales d'Europe de nombreux « chefs-d'œuvre oubliés ». La musique baroque constitue le fond de son répertoire, mais il interprète également des œuvres des XIXe et XXe siècles.

Paine (John)

Compositeur américain (Portland, Maine, 1839 – Cambridge, Massachusetts, 1906).

Il fit ses études à Berlin, et, de retour aux États-Unis (1861), devint directeur musical de l'université de Harvard et titulaire de la première chaire de musique en Amérique. Il y forma de nombreux disciples et la plupart des maîtres de la génération suivante (F. Converse, D.G. Mason et J.A. Carpenter). Son rôle a été également décisif dans la constitution de l'école de Boston, qui devait revaloriser la condition de musicien aux États-Unis et permettre, en grande partie, l'essor du début du XXe siècle. Malgré sa couleur germanique, son œuvre n'est pas sans originalité, et apparaît comme l'expression la plus achevée de la période avant-première de la musique américaine.

Paisiello (Giovanni)

Compositeur italien (Roccaforrata, près de Tarente, 1740 – Naples 1816).

Il fut l'élève de Durante, et se fit connaître comme auteur d'opéras-comiques ou sérieux, inspirés tant par Goldoni que par Métastase, avant de triompher véritablement à Naples, sa ville d'adoption, avec L'Idolo cinese (1767) et Don Quichotte (1769), œuvres révélatrices d'un frémissement encore inconnu chez Piccinni ou chez Anfossi. Après un très original Socrate imaginaire (1775), il fut appelé à succéder à Traetta comme maître de chapelle de Catherine II à Saint-Pétersbourg, où il donna notamment I Nitetti, d'après Métastase (1777) et le Barbier de Séville (1782). À son retour, il donna à Vienne Il Re Teodoro in Venezia (1784), drame héroïcomique, sur un poème de l'abbé Casti, œuvre dont les ensembles concertants firent une forte impression et qui demeura à l'affiche plus de cinquante ans, puis il rejoignit Naples, où il composa ses deux chefs-d'œuvre, La Molinara (1789) et Nina ossia La Pazza per amore (1789), écrits pour la célèbre Coltellini.

   Il adopta par la suite des attitudes politiques souvent maladroites, prenant tour à tour parti pour les Bourbons ou pour Napoléon, qui l'appela à Paris, et pour lequel il écrivit un Te Deum et une Messe du sacre. Il fut ensuite honoré par le roi Joseph Bonaparte, à Naples, mais retomba en disgrâce lors du retour des Bourbons. En 1816, le succès du Barbier de Séville de Rossini et un grave affront que lui infligea Ferdinand IV hâtèrent sa fin.

   Avec Cimarosa, Paisiello se situe à un carrefour important dans l'évolution de l'opéra entre Piccinni et Rossini. Sa veine mélodique, son harmonie raffinée, le firent hautement apprécier par ses contemporains puis par Beethoven, et la sentimentalité dont il sut doter les héros de ses œuvres comiques, leur sincérité d'accents marquèrent toute une époque.

   Comme Cimarosa, il se distingua également dans la musique sacrée (Requiem, une Passion de Jésus-Christ en 1783), dans la musique de chambre ­ on lui doit de remarquables quatuors ­ et surtout dans ses huit concertos pour clavecin et orchestre. Certaines scènes, comme celle de la folie de Nina, respirent une atmosphère préromantique. Paisiello témoigne aussi d'une belle originalité dans ses scènes d'ensemble, par l'importance qu'il attribua à l'orchestre, par son goût pour les onomatopées vocales (Socrate imaginaire), ce qui annonce Rossini, et par le réalisme d'un langage dont on lui attribua à tort la paternité, mais dont il donna de magnifiques exemples.

palais des Papes (chapelle du)

La papauté siégea en Avignon de 1305 à 1377. Le Grand Schisme suivit alors, avec ses deux papes, l'un à Rome et l'autre en Avignon, situation précaire qui dura jusqu'en 1417. C'est durant la première de ces deux périodes que la chapelle du palais des Papes constitua non à proprement parler une école, mais un important foyer d'activité et de réforme musicale. Malgré un fort penchant des compositeurs pour la musique profane, qui fit l'objet d'une bulle de Jean XXII en 1324, on possède deux manuscrits, ceux d'Ivrée et d'Apt, qui semblent représenter une partie du répertoire de la chapelle. Ils contiennent des pièces à 3 voix traitant l'ordinaire de la messe, et font apparaître les noms de Philippe de Vitry, Baude Cordier, Jean Tapissier, etc. On sait aussi que Johannes Ciconia fut au service de Clément V, aux alentours de 1350.

paléographie

Au sens général, science des anciennes écritures. La paléographie musicale, qui étudie les anciennes notations, en est une branche, divisée en autant de ramifications qu'il existe de familles de notation. Par extension, on a donné le nom de paléographie grégorienne à une importante édition de manuscrits liturgiques au Moyen Âge avec fac-similé, entreprise en 1889 par les moines de Solesmes à l'instigation de Dom Mocquereau, et actuellement encore en cours de publication.

Palester (Roman)

Compositeur polonais (Sniatyn 1907 – Paris 1989).

Il a fait des études de piano au conservatoire de Lvov, et des études de composition au conservatoire de Varsovie avec K. Sikorski. À partir de 1931, il a fait des séjours en France, où il a été en contact avec le groupe des Six. Après la guerre, il a enseigné au conservatoire de Cracovie, puis partagé sa vie entre la France et l'Allemagne. Son importante production témoigne d'une grande variété de références, et cherche à faire la part entre l'évolution du langage musical et l'attachement aux racines nationales. Il a été influencé successivement par Szymanowski, par Stravinski et par la musique sérielle. Parmi ses œuvres de la première période se distinguent la Danse d'Osmoloda (1933) et le ballet Piesno ziemy (« le Chant de la terre », 1937), et parmi les œuvres de sa maturité, les cinq symphonies (1935, 1942, 1948, 1951 et 1970-1972), le Requiem (1945), certaines œuvres de musique de chambre dont le 2e trio à cordes (1958), l'opéra la Mort de Don Juan (1959-60) et un Concerto pour alto (1977-78).