Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

bergerette

1. Genre poétique et musical dérivé du rondeau, en vogue au XVe siècle en France ; à la différence du rondeau, la strophe du milieu n'a pas de refrain et sa longueur est variable, car elle n'est pas liée à celle de la première strophe.

2. Au XVIe siècle, bergerette est le nom donné à quelques basses danses. ­3. Chanson populaire de caractère pastoral et amoureux, de forme strophique, répandue au XVIIIe siècle.

Bergerotti (Anna)

Cantatrice italienne (Rome v. 1630 – fin XVIIe s.).

Ce « trésor venu d'Italie » arriva à Paris en 1655. Elle fit partie de la troupe italienne qu'entretint Mazarin et participa aux représentations d'opéras de Cavalli (Xerse, Ercole amante). Elle chanta aussi dans presque tous les ballets de cour en compagnie des cantatrices françaises Mlle Hilaire et Mlle de La Barre et figura notamment dans les scènes italiennes composées par Lully. Elle fut admirée par tous, même par les nombreux ennemis de la musique italienne. Les concerts qu'elle organisa dans sa résidence parisienne furent célèbres jusqu'à l'étranger. Elle quitta Paris en 1668 et épousa un marquis italien.

Berglund (Paavo)

Chef d'orchestre finlandais (Helsinki 1929).

Il étudie le violon et la direction à l'Académie Sibelius d'Helsinki et travaille ensuite à Vienne avec Otto Rieger, puis à Salzbourg. En 1949, il est engagé comme violoniste dans l'Orchestre symphonique de la radio finnoise, formation qu'il dirige de 1952 à 1971, et qu'il élève à un niveau international. De 1972 à 1979, il dirige l'Orchestre symphonique de Bournemouth, de 1974 à 1979 l'Orchestre philharmonique d'Helsinki, de 1987 à 1992 l'Orchestre philharmonique de Stockholm et, depuis cette dernière date, celui de Copenhague. Parallèlement à ces différentes fonctions de chef permanent, il dirige aussi la plupart des grands orchestres américains. Particulièrement apprécié pour ses interprétations des œuvres de Sibelius, dont il a enregistré deux intégrales des symphonies, et de Chostakovitch, il a aussi été l'ardent défenseur des œuvres de Nielsen, dont il a enregistré les six symphonies.

Bergman (Erik Waldemar)

Compositeur finlandais (Nykarleby 1911 – Helsinki 2006).

Il a fait ses études à Helsinki, à Berlin et en Suisse. Intéressé par le grégorien et par les cultures d'Extrême-Orient, il recherche des formes d'expression nouvelles issues des sonorités impressionnistes aussi bien que de la technique sérielle ou du style tonal libre. Il a été, en Finlande, un pionnier de l'écriture dodécaphonique et son influence dans ce domaine s'est exercée à travers ses cours à l'Académie Sibelius. Il a surtout écrit des œuvres pour orchestre, pour voix et pour piano. Son opéra l'Arbre qui chante a été créé à Helsinki en 1995.

Bergonzi (Carlo)

Ténor italien (Parme 1924).

Il a commencé sa carrière comme baryton, à Lecce, en 1948, dans le rôle de Figaro (Barbier de Séville, Rossini), puis a fait de nouveaux débuts comme ténor, à Bari, en 1951, dans André Chénier de Giordano et a acquis peu à peu une réputation mondiale. Sa voix est peu spectaculaire, mais d'une belle qualité ; sa technique et son style sont exemplaires. Il s'est consacré exclusivement au répertoire italien, de Donizetti à Puccini et Giordano, et, particulièrement, à Verdi. Ses interprétations de Radamès dans Aïda et de Riccardo dans Un bal masqué sont très renommées.

Berio (Luciano)

Compositeur italien (Oneglia, Ligurie, 1925 – Rome 2003).

Issu d'une famille musicienne, il a eu son père pour premier professeur. Au conservatoire Verdi de Milan, il a étudié la composition avec Paribene et Ghedini, la direction d'orchestre avec Votto et Giulini. Il a subi l'influence de Dallapiccolla, son maître à Tanglewood (États-Unis). Certaines de ses premières œuvres comme Nones (1954) sont d'inspiration sérielle.

   En 1955, Luciano Berio fonde avec son ami Bruno Maderna le studio de phonologie de la R. A. I. à Milan. Luigi Nono se joint à eux. C'est l'époque vive des premières découvertes électroacoustiques ; il écrit Thema (Omaggio a Joyce) [1958]. Dans ce lieu ouvert viennent travailler de jeunes compositeurs de tous pays, comme André Boucourechliev. Berio s'affirme comme un pionnier, un explorateur. À partir de 1960, il donne des cours à Darmstadt (mais là, on l'entend le soir improviser du jazz au piano, avec Maderna), à Darlington, à Mill's College (Californie), à Harvard, à l'université Columbia. Il s'intéresse au rock, au folk, leur consacrant des essais et les mêlant dans le creuset de sa musique, laquelle est une musique libre, sans frontières. Berio a sondé, d'abord dans la clarté de l'intuition, puis prudemment, lucidement, des domaines originaux et longtemps oubliés de notre culture occidentale, en particulier celui de la voix, qu'il a littéralement libérée. La figure étrange et passionnée de Cathy Berberian apparaît dans sa vie et devient l'âme de sa création en même temps que l'« instrument » adapté à ses recherches : C. Berberian va créer nombre de ses œuvres.

   Tout en enseignant la composition à la Juilliard School of Music de New York, Berio fait de nombreux voyages. Fulgurant, éclatant, limpide, baroque, fou de théâtre et de littérature, il dévore les poètes (Joyce, Cummings, Sanguineti). La mort de Martin Luther King l'émeut profondément, O King (1965, créé en 1967). Proustien, Berio retouche sans cesse ses œuvres, élabore de nouvelles versions. Tout en aimant l'Amérique, il ne tranche pas ses racines italiennes. Il ne se laisse, de toute façon, enfermer dans aucun clan. On ne trouve chez lui aucune trace de parti pris théorique, aucune gratuité abstraite. Son intelligence prend appui sur la vie, sur une imagination généreuse, sur un esprit d'invention, une chaleur méditerranéenne qui garde le contact entre les hommes et l'art. Il libère une expression verbale souvent affective, spontanée, immédiatement descriptive : murmures, cris, souffles, pleurs, bruissements, onomatopées attachés à la vie corporelle. Il libère la respiration. Sa musique semble couler de source ; l'élégance de l'écriture en cache les complexités.

   Circles (1960), ou encore la série des Séquences (Sequenza I à XI, 1958-1988) pour instruments solistes, inventent, dans un jeu de manipulations et de métamorphoses, des formes nouvelles, et il en va de même de la série parallèle des Chemins. Voix ou instruments sont poussés à l'extrême limite de leur virtuosité, arrachés à leur tradition, élargis. Epifanie (1961) suit la même évolution : textes de poètes, écartelés, au bord du tragique. Harmoniste raffiné dans Folk Songs, Berio se montre un maître de la technique de la variation dans la série Chemins (1965-1975), où des commentaires variés à l'infini laissent apparaître des « collages ». Passagio (1962, créé en 1963), Laborintus II (1965), Recital I (1972) sont des approches très personnelles du théâtre musical. L. Berio semble être imprégné de tout ce qui vit, pour le laisser réapparaître tôt ou tard. On rencontre dans Sinfonia (1968) l'amour de Mahler, dans Sequenza VII (1969) pour hautbois un goût de la lumière, et, un peu partout, les jeux de la mémoire de ce qui fut aimé, entendu, rencontré. Chez Berio se côtoient des inflexions vocales ou instrumentales proches du jazz, la tension du nô japonais, l'esprit contemplatif de la musique indienne. Partout, le compositeur recrée des situations déchirantes ou paisibles. Coro (1976) est sans doute l'un des sommets de son œuvre, une anthologie de l'homme, de son aventure et de son paysage intérieurs. Les langues, les folklores, les styles y sont brassés avec violence et tendresse.

   Après avoir dirigé jusqu'en 1980 le département électroacoustique de l'I. R. C. A. M. à Paris il devint responsable de l'antenne de cet organisme à Milan. Après Opera (1969-70), des œuvres comme Linea (1974), Points on the curve to find (1974), Coro (1976), les opéras La vera storia (Milan, 1982), Un re in ascolto (Salzbourg, 1984) et Outis (Milan, 1995), Formazioni pour orchestre (1986), Concerto II " Echoing Curves " (Paris, 1988), Festum pour orchestre (Dallas, 1989), Chemins V pour guitare et orchestre de chambre (1992) ont montré que Berio avait encore le pouvoir de surprendre.

   Le compositeur s'explique : « Je crois qu'il faut vivre dans l'esprit de la fin de la Renaissance et des débuts du baroque, dans l'esprit de Monteverdi qui inventait la musique pour trois siècles à venir…"