Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Leguay (Jean-Pierre)

Organiste français (Paris 1939).

Il étudie auprès d'André Maréchal, de Gaston Litaize et, au Conservatoire de Paris, de Rolande Falcinelli et d'Olivier Messiaen. Après y avoir obtenu un premier prix d'orgue en 1966, il remporte en 1967 le premier prix au Concours international d'improvisation de Lyon. Titulaire des orgues de Notre-Dame-des-Champs (Paris) jusqu'en 1984, il est nommé l'année suivante cotitulaire des grandes orgues de Notre-Dame de Paris. Il est aussi compositeur et enseignant.

Lehar (Franz)

Compositeur autrichien (Komarom 1870 – Bad Ischl 1948).

Après des débuts comme violoniste et comme chef de divers orchestres militaires, il se tourna vers l'opérette, dont il fut le rénovateur et le principal représentant au XXe siècle, et trouva là sa véritable voie. Ses œuvres « sérieuses » de jeunesse, parmi lesquelles 2 concertos pour violon, sont, en revanche, totalement oubliées.

   Il commença à s'imposer avec Kukuschka (Leipzig, 1896), et parvint à la gloire avec la Veuve joyeuse (Vienne, 1905), ouvrage qui, du jour au lendemain, fit de lui l'héritier de Johann Strauss. Suivirent, entre autres, le Comte de Luxembourg (Vienne, 1909) et Zigeunerliebe (1910). Après la Première Guerre mondiale, il retrouva le succès avec une série d'opérettes écrites pour le ténor Richard Tauber : Paganini (1925), le Tsarévitch (1927), Friederike (1928) et surtout le Pays du sourire (1929). Sa dernière œuvre, Giuditta, fut donnée à Vienne en 1934. Il eut recours aussi bien à la valse viennoise qu'à des danses plus modernes, et on décèle dans ses ouvrages non seulement de fortes influences slaves, mais aussi celles du folklore des divers pays où se situent leurs actions respectives.

Lehmann (Fritz)

Chef d'orchestre allemand (Mannheim 1904 – Munich 1956).

Il mena de front des études musicales à la Hochschule für Musik de Mannheim (1918-1921) et une éducation générale aux universités de Heidelberg et de Göttingen. Il fut chef d'orchestre au théâtre de Gottingen (1923-1927), avant de se tourner vers l'enseignement, à la Folkswangschule d'Essen (1927-1929). À la fois chef de chœur et d'orchestre à Hildesheim (1927-28), puis à Hanovre (1929-1938), il prit, en 1934, à la suite de O. Hagen, la direction musicale du festival Haendel de Göttingen. Après avoir été successivement directeur général de la musique à Bad Pyrmont (1935-1938), à Wuppertal (1938-1947) et de nouveau à Göttingen (1947-1950), il revint à l'enseignement de la direction d'orchestre à partir de 1953, à la Hochschule für Musik de Munich. Les enregistrements qu'il réalisa à la tête de la Philharmonie de Berlin ou des phalanges de Bamberg et de Vienne sont des modèles d'équilibre et de pudeur, particulièrement appropriés à l'univers d'un Haendel ou d'un Mozart, ses auteurs de prédilection.

Lehmann (Hans Ulrich)

Compositeur suisse (Biel 1937).

Après des études musicales (violoncelle, théorie, composition) aux conservatoires de Biel, Zurich et Bâle, il a suivi les cours de composition de P. Boulez et de K. Stockhausen à l'Académie de musique de Bâle (1960-1963) et ceux du professeur K. von Fischer à l'université de Zurich. Il a été nommé professeur de théorie à l'Académie de musique de Bâle en 1964, puis professeur de musicologie à l'université (1969) et de composition et de théorie au conservatoire de Zurich (1972), établissement qu'il dirige depuis 1976.

   Lehmann porte une attention particulière au timbre instrumental. Sans utiliser l'électronique, il a considérablement élargi l'univers des timbres traditionnels. Il fut parmi les premiers à introduire les accords-flageolets (sons dits Bartolozzi), par exemple dans Mosaik pour clarinette solo (1964), et à utiliser pour les instruments à vent des accords, des sons doubles, des sons-bruits, des quarts de ton glissants, et la simultanéité du jeu et du chant, par exemple dans Konzert pour 2 instruments à vent (flûte et clarinette) et cordes (1969) ou dans Gegen-(bei-) spiele pour 5 instruments à vent (1973). Dans Tractus pour flûte, hautbois et clarinette, il a eu recours aux procédés d'indétermination. La matière sonore de ses œuvres est toujours soumise à des gestes formels simples, facilement saisissables à l'écoute, et repose sur le principe de la transformation timbrale continue (le compositeur parle à ce propos de « musique végétative »). Des ouvrages comme Quod libet pour violon et piano (1974) ou comme … zu streichen pour 2 violoncelles, 2 violons et 2 altos (1975) cherchent à mettre en évidence le côté proprement gestuel de la pratique musicale. On lui doit notamment Quanti I pour flûte solo et orchestre de chambre (1962), Régions pour flûte seule (1963), Discantus I pour hautbois et cordes (1971) et II pour soprano, orgue et orchestre de chambre (1971), Positionen pour orchestre (1971), À la recherche pour 2 orgues et voix (1973), Streuungen pour chœur et orchestre (1975-76), Tantris pour soprano, flûte et violoncelle sur un texte de J. Joyce (1976-77), Kammermusik « Hommage à Mozart » pour orchestre de chambre (1978-79), Kammermusik II pour petit orchestre (1979), Duette pour 3 participants (1980) et Theolalie pour soprano, flûte et violoncelle (1981).

Lehmann (Lili)

Soprano allemande (Warzbourg 1848 – Berlin 1929).

Elle étudia le chant avec ses parents, qui étaient tous deux chanteurs. Elle débuta à Prague en 1865 dans le rôle du premier génie de la Flûte enchantée de Mozart. Engagée à l'opéra de Berlin, elle y chanta pendant quinze ans une grande variété de rôles lyriques et coloratur. En 1880, elle fut Philiné dans Mignon d'Ambroise Thomas et Violetta dans la Traviata de Verdi à Londres. Puis elle évolua vers les rôles de soprano dramatique, aborda Wagner et incarna pour la première fois Isolde en 1884 sous la direction de Hans Richter. Elle participa à l'inauguration de Bayreuth en 1876, et, en 1896, y chanta Brunehilde. Ce qui ne l'empêcha pas d'incarner Donna Anna de Don Giovanni et Constance de Die Entführung aus dem Serail de Mozart au festival de Salzbourg, dont elle assuma la direction artistique en 1905. Elle quitta la scène en 1909, mais donna des récitals jusque dans les années 20. Elle interpréta 170 rôles différents en allemand, en italien et en français. Elle fut l'une des plus grandes techniciennes du chant et publia un traité en la matière.