Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Mayr (Richard)

Basse autrichienne (Salzbourg 1877 – Vienne 1935).

D'abord orienté vers la médecine, il se tourna vers une carrière de chanteur sous l'influence de Mahler, chanta le rôle de Hagen, dans le Crépuscule des dieux, à Bayreuth en 1902, et fit ensuite ses débuts à l'Opéra de Vienne, où il se produisit plusieurs années sous la direction de Mahler. Grand interprète de Strauss, en particulier du rôle du baron Ochs du Chevalier à la rose, il chanta Barak lors de la création de la Femme sans ombre (1919), et participa à tous les festivals de Salzbourg de 1921 à 1934. Son timbre était riche et sonore, et il possédait un grand sens de la déclamation.

Mayseder (Joseph)

Violoniste, pédagogue et compositeur autrichien (Vienne 1789 – id. 1863).

Enfant prodige (un de ses concertos fut joué en décembre 1803 et Haydn signa un certificat en sa faveur en novembre 1805), il devint second violon du Quatuor Schuppanzigh et occupa de nombreux postes officiels, dont celui de directeur musical de la chapelle impériale (1836-1837). Virtuose accompli, très recherché comme pédagogue, admiré de Paganini, il n'effectua cependant aucune tournée et ne donna que très peu de concerts.

Mayuzumi Toshiro

Compositeur japonais (Yokohama 1929 – Kawasaki 1997).

Il a fait ses études à Tky, puis avec Tony Aubin à Paris (1951-52), où il se familiarisa aussi avec l'univers de Messiaen et de Boulez. De retour au Japon, il introduisit et utilisa dans ce pays les techniques de l'avant-garde occidentale : sérialisme, aléatoire, musique concrète (X, Y, Z, 1955), musique électronique (Shusaku I, 1955), instruments préparés (Pièces pour piano préparé et quatuor à cordes, 1957). Parallèlement, il s'intéressa de près aux musiques de son pays (à leurs sonorités, à leurs rythmes). Dans la Nirvana Symphony pour chœur d'hommes à 12 voix et orchestre (1958), il s'inspira de la sonorité des cloches de temples bouddhistes. La Mandala Symphony pour orchestre (1960) trouve ses racines dans la philosophie bouddhiste. Bugaku pour orchestre (1962) reprend les sonorités et les rythmes des anciennes danses de cour portant ce nom. Citons encore le poème symphonique Samsara (1962), Showa Tenp yoraku pour ensemble de gagaku (1970), et le poème symphonique Tateyama (1974).

Mazura (Franz)

Baryton autrichien (Salzbourg 1924).

Formé à Detmold, il étudie le théâtre en plus du chant, ce qui explique ses qualités scéniques. En 1949, il débute à Cassel et devient membre des troupes d'opéras de Mayence, Brunswick et Mannheim. En 1961, il rentre à la Deutsche Oper et, en 1970, chante Fidelio à Salzbourg sous la direction de Karl Böhm. Dès 1971, il incarne Gunther dans le Crépuscule des dieux à Bayreuth, et c'est comme wagnérien qu'il s'impose sur le plan international. En 1972, il apparaît à l'Opéra de Paris où il chante régulièrement : de 1976 à 1978, il y aborde Albérich avec Solti, et en 1979 il est le Doktor Schön de la version intégrale de Lulu de Berg, mise en scène par Chéreau. Célèbre Wotan, il chante aussi Moïse et Aaron, Parsifal avec James Levine, et, en 1993, participe à la redécouverte du Kaiser Atlantis de Viktor Ullmann, une œuvre composée dans le camp de concentration nazi de Theresienstadt.

mazurka

Danse populaire à 3 temps, originaire de la province de Mazurie (Pologne).

Très complexe sur le plan chorégraphique, car elle comporte un grand nombre de figures, cette danse de caractère galant, du moins à l'origine, n'a jamais connu la popularité de la valse ou de la polka. Mais elle a conquis toute l'Europe en tant que genre musical, à l'époque romantique, grâce à Frédéric Chopin et quelques autres grands compositeurs.

Mazzocchi

Famille de compositeurs italiens.

 
Domenico (Civita Castellana 1592 – Rome 1665). Après des études dans sa ville natale, il entra dans les ordres et s'installa à Rome, où en 1621, probablement, il entra au service du cardinal Ippolito Aldobrandini, ce qui marqua le début d'une longue association avec divers membres de la famille de cet homme d'Église. Protégé par les papes Urbain VIII et Innocent X, il fut essentiellement un compositeur de musique vocale. Un seul de ses opéras a survécu, La catena d'Adone (1626), dédié au prince Giovanni Giorgio Aldobrandini, frère du cardinal. On lui doit notamment 7 oratorios latins, publiés dans ses Sacrae concertationes (Rome, 1664), mais datant vraisemblablement des années 1630 ; l'oratorio italien Coro di profeti (av. 1638) ; et divers recueils comme ceux des Poemata (Rome, 1638), sur des textes latins d'Urbain VIII, des Dialogui e sonetti (Rome, 1638), dont 2 sur des textes latins tirés de l'Énéide de Virgile, des Madrigali (Rome, 1638), sur des poèmes des XVIe et XVIIe siècles et des Musiche sacre, e morali (Rome, 1640), également d'après des poètes contemporains ou presque, dont le Tasse.

 
Virgilio, compositeur, frère du précédent (Civita-Castellana 1597 – id. 1646). Après avoir renoncé à continuer sa carrière ecclésiastique, il part à Rome étudier avec son frère. Il est ensuite maître de chapelle successivement à la Chiesa del Gesù du Collegio romano en 1628, à Saint-Jean-de-Latran en 1628-29 et, enfin, à la Cappella Giulia de Saint-Pierre jusqu'à sa mort. Comme tout bon musicien, il maîtrise parfaitement les différents styles de son temps, mais fait partie de l'avant-garde dans plusieurs domaines. De par ses fonctions, il compose beaucoup de musique sacrée et sa célébrité provient surtout de ses grandes œuvres polychorales. Il est un des pionniers de ce style polyphonique grandiose, qui devait faire la renommée de l'école romaine par la suite. Il ne néglige pas pour autant des genres plus intimes et écrit un certain nombre de cantates et d'oratorios pour des formations à effectifs réduits.

   Enfin, il compose plusieurs opéras pour les Barberini, dont Chi soffre speri (1637 ; rév., 1639), écrit en collaboration avec Marco Marazzoli, et qui est considéré comme la première comédie musicale.

mécanique (musique)

Technique de reproduction mécanique du son d'un instrument. L'un des principes de base de la musique mécanique est le rouleau, ou cylindre, percé de trous dans lesquels viennent s'emboîter des chevilles, ou taquets.

   Il apparaît dès le XIVe siècle dans les carillons mécaniques du nord de la France et des Flandres. Le XVIe siècle voit le développement des orgues mécaniques hydrauliques à jeux de flûte, domaine dans lequel règnent pendant deux siècles les maîtres allemands, en particulier ceux d'Augsburg. Au XVIIIe siècle, se multiplient les instruments mécaniques sous forme d'automates (ceux de Vaucanson sont restés célèbres, comme le Flûteur et le Provençal), de montres, de tabatières, et apparaissent des pendules à musique, avec carillon et automates. Ces instruments, créés en Suisse par les Jaquet-Droz, peu après 1750, se répandent dans tout le pays, puis en France et en Allemagne (plus particulièrement dans la Forêt-Noire), où on préfère, peu à peu, au système du carillon celui du jeu de flûte des orgues. Leur succès est tel que des musiciens comme Mozart et Haydn composent des pièces pour ces horloges. On voit fleurir, à la même époque, nombre d'ouvrages théoriques sur la musique mécanique, en particulier celui intitulé la tonotechnie ou l'art de noter les cylindres et tout ce qui est susceptible de notage dans les instruments de concert mécaniques du père Engramelle (Paris, 1775). On commence alors à voir des mécanismes imitant non plus un instrument, mais tout un groupe et parfois même un petit orchestre. L'instrument le plus important à cet égard est le panharmonikon (ou panmelodikon) du Viennois J. N. Maelzel, destiné à remplacer une harmonie entière (42 instruments à vent et à percussion), et pour lequel Beethoven composera la Bataille de Vittoria. Le XIXe siècle voit se développer deux types de mécanismes. Les premiers orgues de Barbarie (du nom de leur inventeur Barberi) apparaissent en Italie et se répandent, en particulier, à Paris après l'arrivée en 1845 de la famille Gavioli. Cette maison révolutionne la technique en remplaçant, en 1892, le cylindre par un système de cartons perforés pliés sur eux-mêmes et passant par les becs d'un clavier, ce qui permet de graver des pièces très longues. Parmi les facteurs les plus importants, citons les Limonaire, les Mareughi et les Gasparini.

   À la même époque, l'industrie des pendules à musique à jeux de flûte de la Forêt-Noire, en voie de disparition, laisse la place à celle des orchestrions. Leur inventeur, Michael Welte, produit en 1848 un orchestrion géant de 524 tuyaux d'orgue, reproduisant tous les timbres et toutes les nuances possibles. On commence alors à se préoccuper de plus en plus de problèmes d'enregistrement et de reproduction du son. Le piano pneumatique, ou pianola, permet, au moyen d'un rouleau de carton se déroulant sous le clavier, d'enregistrer une œuvre en perforant le carton lors de l'exécution, et de reproduire l'interprétation en repassant le rouleau et en actionnant la soufflerie. L'instrument de ce type le plus élaboré est le piano Welte-Mignon.

   L'invention du phonographe par Edison en 1877 va révolutionner l'industrie de la musique mécanique. Elle bénéficie encore d'une certaine vogue, au début du siècle, avec les grands orgues de foire et les violons mécaniques (violina), mais sera vite détrônée par l'évolution très rapide des moyens modernes de reproduction du son.