Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
S

seconda pratica (ital. ; « seconde manière »)

Terme employé par le compositeur Claudio Monteverdi et son frère Giulio Cesare pour distinguer entre la manière des Anciens (prima pratica) et les techniques nouvelles, qui accordaient une importance capitale au texte poétique.

seconde

1. Intervalle produit, dans la gamme diatonique, entre deux notes conjointes, c'est-à-dire dont les noms se suivent dans l'énoncé de la gamme, quel qu'en soit l'intervalle. La seconde peut être majeure (1 ton, par exemple, do-ré), ou mineure (1/2 ton, par exemple, mi-fa, ou do-ré bémol). Déformée, elle peut être augmentée (1 ton 1/2, par exemple, do-ré dièse), mais non diminuée. Il n'est pas d'usage d'employer le terme seconde pour le demi-ton chromatique (par exemple, do-do dièse), bien qu'aucune règle ne soit édictée à cet égard.

2. En harmonie, on donne le nom d'accord de seconde au 3e renversement de l'accord de 7e (par exemple, fa-sol-si-ré) par le fait que l'intervalle de seconde s'y trouve à la base.

Seefried (Irmgard)

Soprano allemande (Köngetried 1919 – Vienne 1988).

Fille d'un maître d'école-musicien, elle chante à onze ans le rôle de Gretel dans Hänsel et Gretel de Humperdinck. Parallèlement à ses études au conservatoire d'Augsbourg, elle fait partie de nombreuses chorales, aussi bien dans cette ville qu'à Aix-la-Chapelle, où Karajan la remarque et la fait engager en 1939 à l'Opéra. Entrée au Staatsoper de Vienne en 1943, où elle fait toute sa carrière, elle chante pour ses débuts Eva des Maîtres chanteurs, aux côtés de Max Lorenz et sous la direction de Karl Böhm, et, peu après, sa première Susanna, avec Paul Schöffler. En 1944, elle tient le rôle du compositeur dans Ariane à Naxos, pour le quatre-vingtième anniversaire de Richard Strauss. Incomparable mozartienne, formée à l'école de Josef Krips et de Ferenc Fricsay, elle manifeste un grand intérêt pour la musique de son temps, Bartók, Poulenc, Berg, créant notamment les Motets de Noël de Hindemith, et pour les maîtres méconnus, Cornelius, Wolf, Mahler (qu'elle étudie avec Bruno Walter). Avec son mari, le violoniste Wolfgang Schneiderhan, elle crée également les Ariosi de Henze et le Magnificat de Frank Martin écrits à leur intention. Elle possède, en plus d'une voix pure et aérienne, de grandes qualités de charme et d'émotion.

Segerstam (Leif)

Chef d'orchestre et compositeur finlandais (Vaasa 1944).

De 1952 à 1963, il étudie le violon, le piano et la composition à l'Académie Sibelius d'Helsinki et, de 1963 à 1965, il est l'élève de Louis Persinger à la Juilliard School de New York. Après avoir occupé plusieurs postes dans les maisons d'opéra finlandaises, danoises et allemandes, il est de 1975 à 1982 à la tête de l'Orchestre symphonique de la Radio autrichienne (ORF). De 1983 à 1989, il dirige la Philharmonie du Palatinat et, depuis 1989, l'Orchestre de la Radio danoise à Copenhague. Avec ce dernier, il enregistre les symphonies de Mahler et de Sibelius. Il dirige beaucoup de musique contemporaine, créant des œuvres de Rihm, Globokar, Nunes ou Eliasson. Lui-même est un compositeur prolifique : en 1995, il compte à son catalogue vingt-sept quatuors, dix-sept symphonies, d'innombrables concertos, notamment pour cuivres, et des mélodies. Il définit son style comme la recherche d'une « libre pulsation musicale et vitale ».

Segovia (Andrés)

Guitariste espagnol (Linares 1893 – Madrid 1987).

Il est assurément celui qui a le plus contribué à la renaissance et à l'essor considérable de la guitare. Son nom est désormais légendaire et on lui doit, outre ses multiples enregistrements, un grand nombre de transcriptions diverses, la redécouverte de pièces originales, et, surtout, la constitution d'un répertoire contemporain. Né d'une famille bourgeoise (son père était notaire), il commença très jeune la pratique musicale et entreprit l'étude de la guitare à l'âge de huit ans, après avoir essayé le piano, le violon et le violoncelle. Handicapé par le mépris des musiciens pour cet instrument populaire et surtout par l'absence totale de professeur, il n'en franchit pas moins, avec une géniale intuition, tous les obstacles d'une technique qu'il lui fallut réinventer en complet autodidacte.

   À l'âge de quinze ans, il donna à Grenade son premier concert et commença ainsi sa carrière en même temps qu'il convainquait les nombreux sceptiques du sérieux de son entreprise. Alors que sa renommée progressait à travers toute l'Espagne, il ressentit l'étroitesse du répertoire et entama un immense travail de recherches et de transcriptions qu'il continua toute sa vie. Dès son premier récital, triomphal, à Paris en 1924, il jouit d'une réputation qui incita plusieurs compositeurs à écrire pour lui, tels Roussel, Falla, Torroba, puis, plus tard, alors que sa gloire devint universelle, Turina, Ibert, Ponce, Rodrigo, Tansman, etc. En outre, interrompant chaque année ses tournées de concerts dans le monde entier, il se consacra pendant plusieurs semaines à l'enseignement et peu de guitaristes n'ont pas, un jour ou l'autre, fait étape à l'académie Chigiana de Sienne ou à Saint-Jacques-de-Compostelle pour en bénéficier.

séguedille

La seguedilla espagnole est à la fois une chanson et une danse, apparemment dérivée de la seguida et apparentée au bolero. Son rythme ternaire, assez rapide, accompagne des couplets de quatre vers alternativement longs et courts. Populaire dès le Moyen Âge dans plusieurs provinces d'Espagne, la séguedille a gagné l'Amérique latine et, par le biais du théâtre, une bonne partie de l'Europe.

Seiber (Matyas)

Compositeur et pédagogue anglais, d'origine hongroise (Budapest 1905 – parc national Kruger, Afrique du Sud, 1960).

Élève de Kodály à Budapest (violoncelle et composition), il décida, compte tenu du caractère conservateur de la vie musicale hongroise, de faire carrière à l'étranger, jouant sur les paquebots, créant une classe de jazz au conservatoire Hoch de Francfort, pratiquant son instrument au sein du Quatuor Lenzevski et dans divers orchestres symphoniques.

   En 1935, il s'installa en Angleterre, et, en 1942, à l'invitation de Michael Tippett, commença à enseigner au Morley College. Il forma toute une génération de compositeurs anglais et étrangers, parmi lesquels Peter Racine Fricker, Don Banks, Anthony Milner, Peter Schat, Hugh Wood, et Ingvar Lidholm. En 1945, il fonda les Dorian Singers, spécialisés aussi bien dans l'interprétation des œuvres du XVIe siècle que du XXe. Il mourut d'un accident de voiture lors d'une tournée de conférences dans les universités sud-africaines. Sa musique, souvent influencée par le jazz, reflète aussi son admiration pour Bartók, Berg et Schönberg.

   Il parvint à la renommée avec la cantate Ulysse, pour ténor, chœurs et orchestre, d'après Joyce (1946-47, créée en 1949). On lui doit aussi, entre autres, 3 quatuors à cordes (1924, 1934-35, 1948-1951), 1 musique de scène pour une production radiophonique du Faust de Goethe (1949), Fantasia concertante, pour violon et cordes (1943-44), Elegy, pour alto et cordes (1953), Tre pezzi, pour violoncelle et orchestre (1956), Improvisations, pour jazz band et orchestre (1959), une sonate pour violon et piano (1960).