Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Clercx-Lejeune (Suzanne)

Musicologue belge (Houdeng-Aimeries, Hainaut, 1910 – Liège 1985).

Elle a d'abord suivi des études classiques, avant de s'orienter vers la musicologie, travaillant notamment sous la direction de Ch. Van den Borren à l'université de Liège, où elle devint docteur en 1940. De 1941 à 1949, elle a occupé les fonctions de bibliothécaire au Conservatoire royal de Bruxelles. Professeur de musicologie à l'université de Liège à partir de 1945 et animatrice des Colloques de Wégimont (1953), elle est l'auteur d'importantes études sur Ciconia, dont elle a publié les œuvres complètes. Son livre le Baroque et la Musique (1949), axé essentiellement sur l'esthétique musicale, fait autorité et constitue l'un des rares ouvrages consacrés à la musique de cette époque.

Cléreau (Pierre)

Compositeur français du XVe siècle.

Il fut maître des enfants de la cathédrale de Toul en 1554, ce qui explique sans doute certaines compositions religieuses (4 messes à 4 voix et une Missa pro mortis, Du Chemin, 1554 ; Missa cum 4 v. ad imitationem missae Virginis Mariae condita, Du Chemin, 1557 ; Messe Dum deambularet et 2 motets, Du Chemin, 1557). Il joua un rôle non négligeable dans le domaine de la chanson ; il écrivit sur des textes de Ronsard et publia, en 1566, chez Le Roy et Ballard, 2 livres d'Odes (il choisit les strophes de ce poète qui l'intéressaient davantage) dans un style presque uniquement harmonique, à 3 voix. La même année parurent un livre de chansons françaises et italiennes à 3 voix et deux autres à 4 voix. En 1567, il publia un livre de Cantiques spirituels chez Le Roy et Ballard. L'apport de Pierre Cléreau est double : il fut un des maillons de l'implantation d'un style madrigalesque en France et il contribua au développement de l'air de cour par la place donnée à la voix supérieure dans ses chansons.

Clèves (Johannesde)

Compositeur flamand (Clèves, Prusse, v. 1529 – Augsbourg 1582).

Il eut ses premiers contacts avec la musique à la maîtrise de la cathédrale de Clèves. Devenu maître de chapelle de l'église Saint-Pierre à Leyde (Pays-Bas), il composa de nombreuses pages polyphoniques à l'usage de cette paroisse. Il devait quitter les Pays-Bas pour l'Autriche et, en 1553, il appartenait à la chapelle de l'empereur Ferdinand Ier, à Vienne, comme ténor. En 1564, après la mort de l'empereur, il gagna Graz où il fut nommé maître de chapelle à la cour de l'archiduc Charles II. De retour à Vienne en 1570, il écrivit des motets, des messes et des Cantiones sacrae. Neuf ans plus tard, il se rendit à Augsbourg où il finit ses jours, composant à son aise auprès du maître de chapelle de la cathédrale, Bernhard Klingenstein, qui l'avait appelé pour perfectionner ses propres connaissances musicales.

   Clèves ne composa que des œuvres religieuses : Cantiones sacrae, Augsbourg, 1559 ; Cantiones seu harmonicae sacrae de 4 à 10 voix, Augsbourg, 1579-80 ; des messes et des motets qui sont conservés en manuscrits. Il se recommandait des traditions franco-flamandes et témoignait d'une grande science dans l'art du contrepoint.

Clicquot

Famille d'organiers français d'origine rémoise, dont les deux plus fameux représentants, Robert (1645-1719) et François-Henri (1732-1790) comptent au nombre des meilleurs facteurs d'orgues de l'Europe classique.

Robert Clicquot, actif à Paris pendant plus de quarante ans, a construit de nombreux instruments dans la région parisienne et dans les provinces avoisinantes : chapelle du château de Versailles, Saint-Louis-des-Invalides à Paris, Saint-Quentin, Blois, Laon, Rouen, etc. Quant à François-Henri, théoricien, expert et facteur de grande renommée, il a poursuivi les travaux familiaux, restaurant et agrandissant les instruments de ses aïeux, et a construit lui-même de nombreux instruments nouveaux (Sarlat, Poitiers, 1776 ; Souvigny, 1790). Son activité s'est étendue sur la France entière, qu'il a dotée de grands instruments de puissant caractère et d'une splendide harmonie, de style très original. La couleur de ses jeux de flûte, la poésie de ses hautbois, la rondeur de ses batteries d'anches donnent à ses réalisations les plus belles sonorités de l'orgue classique français.

Clidat (France)

Pianiste française (Nantes 1938).

Brillante élève du Conservatoire de Paris, où elle reçoit l'enseignement de Lazare-Lévy, Maurice Hewitt, Roland-Manuel, Norbert Dufourcq, Robert Siohan, etc., France Clidat obtient à douze ans son premier prix de piano. Trois ans plus tard, l'adolescente crée à Genève le Concerto en « la » mineur de Sauguet sous la direction d'Ernest Ansermet, et amorce la carrière de concertiste qui fera applaudir partout dans le monde, dans un répertoire très éclectique, son tempérament d'artiste et sa rare virtuosité. Le prix international Franz Liszt, qu'elle remporte à Budapest en 1956, révèle ses affinités particulières avec le maître hongrois. D'où l'enregistrement qu'elle a réalisé, en vingt-huit disques, de la seule « intégrale » existante de l'œuvre pour piano de Liszt, dont elle a publié par ailleurs un Dictionnaire analytique, complété par un essai : Aux sources littéraires de Liszt.

Cliquet-Pleyel (Henri)

Compositeur français (Paris 1894 – id. 1963).

Élève de Gédalge et Kœchlin au Conservatoire de Paris, il se fit remarquer avec un Premier Quatuor à cordes (1912), mais dut interrompre ses études à cause de la guerre et ne passa aucun concours. Après avoir écrit un élégant et prometteur Deuxième Quatuor à cordes (1923), il participa en 1924 à la fondation de l'école d'Arcueil, dont il adopta la simplicité, la pureté harmonique, le goût pour les rythmes et les sonorités de jazz. Particulièrement attiré par cette dernière tendance, il abandonna la musique de chambre pour la musique de cabaret, de café-concert. Il signa des chansons, des airs de danse, notamment de charmants tangos, puis, à l'avènement du cinéma sonore, des musiques de film. Après la Seconde Guerre mondiale, il revint à une inspiration plus classique, et composa de la musique de chambre, de la musique vocale et des œuvres symphoniques d'une écriture distinguée, à l'inspiration mélodique aisée, mais devenue quelque peu anachronique.