Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
T

tierce picarde

Expression désignant, dans un morceau de tonalité mineure, une conclusion sur l'accord de tonique majorisé.

Le procédé est ancien (probablement XVIe s.) et s'explique aisément par le caractère de l'accord majeur, consonance naturelle plus franchement conclusive que l'accord mineur, consonance artificielle ; mais l'expression est restée longtemps incomprise, les Picards n'ayant ni l'exclusivité du procédé, ni un plus fort pourcentage que d'autres dans son emploi. La véritable explication, détectée récemment, est sans doute l'emploi en ancien français de l'adjectif picart ou piquart au sens de « piquant, aiguisé », ce qui n'a rien à voir avec la province de Picardie.

Tiersot (Julien)

Musicologue français (Bourg-en-Bresse 1857 – Paris 1936).

Formé au Conservatoire de Paris où il fut l'élève de Massenet (composition), de Franck (orgue) et de Bourgault-Ducoudray (histoire de la musique), il a consacré l'essentiel de ses recherches à la chanson populaire. Il fut bibliothécaire au Conservatoire et présida la Société française de musicologie.

Principaux écrits : Histoire de la chanson populaire en France (1889) ; Rouget de Lisle (1892) ; les Fêtes et les Chants de la Révolution française (1908) ; J.-J. Rousseau (1912) ; Histoire de la Marseillaise (1915) ; les Couperin (1926) ; Smetana (1926) ; la Musique aux temps romantiques (1930) ; la Chanson populaire et les Écrivains romantiques (1931).

Tietjen (Heinz)

Chef d'orchestre allemand (Tanger 1881 – Baden-Baden 1967).

De 1904 à 1907, il est chef d'orchestre et metteur en scène au Théâtre de Trèves, dont il devient l'intendant en 1919. Durant toute sa carrière, il cumule les fonctions de directeur de théâtre, de chef et de dramaturge. De 1919 à 1922, il est à l'Opéra de Sarrebruck, puis de 1922 à 1924 à Breslau (actuelle Wrocðaw), et travaille au Staatsoper de Berlin de 1925 à 1945. De 1931 à 1944, il succède à Siegfried Wagner comme directeur artistique du Festival de Bayreuth. En 1944, Richard Strauss lui dédie l'Amour de Danaé. Après la guerre, il poursuit sa carrière jusqu'en 1959 à Berlin et à Hambourg.

Tilson-Thomas (Michael)

Chef d'orchestre et pianiste américain (Hollywood 1944).

Il étudie à l'Université de Californie du Sud, et part à Bayreuth, où il est assistant. Après avoir obtenu le Prix Koussevitzky, il dirige en 1948 l'Orchestre des jeunes de Tanglewood, puis l'Orchestre symphonique de Boston et celui de Buffalo jusqu'en 1980. De 1981 à 1985, il est premier chef invité de la Philharmonie de Los Angeles, et fonde le New World Symphony Orchestra, un orchestre de jeunes. Il consacre alors des festivals à Brahms et Rimski-Korsakov, mais aussi à Steve Reich. Sa discographie reflète ses goûts éclectiques. Il crée des œuvres d'Oliver Knussen, The Four Sections de Reich en 1987, et Quotation of Dreams de Takemitsu en 1991. En 1995, il prend la tête de l'Orchestre symphonique de San Francisco.

timbale

Instrument à percussion de la famille des « peaux » dont les origines, fort lointaines, sont probablement orientales et militaires.

Aujourd'hui encore, la cavalerie de la garde républicaine a ses timbaliers qui, pour garder les mains libres, guident le cheval au pied grâce à de longues rênes attachées aux étriers. Chacune de ces timbales, disposées par paire en avant et de chaque côté de la selle, consiste en un bassin de cuivre approximativement hémisphérique, fermé par une peau dont la tension (et par conséquent la note émise, dans les limites d'une quinte environ) peut être modifiée au moyen de clés à vis disposées sur le pourtour de l'instrument.

   À l'orchestre symphonique, où elles figurent régulièrement depuis le XVIIIe siècle et furent presque seules à représenter les percussions jusqu'à l'époque romantique, les timbales sont plus grandes (d'un diamètre moyen de 70 cm), montées sur pied, et vont par jeu de quatre. L'accord des timbales modernes est assuré par un système de pédales beaucoup plus rapide et pratique que les anciennes clés, au nombre de six, qu'il fallait manœuvrer pour passer d'une note à l'autre. De même, le cuivre rouge des « fûts » est souvent remplacé par la fibre de verre, et les « peaux » artificielles en matière plastique, robustes et moins sensibles aux variations atmosphériques, ont supplanté le parchemin naturel qui, d'ailleurs, serait hors de prix. La qualité de ce magnifique instrument n'en est pas altérée, qu'on le joue avec des mailloches ou avec toutes sortes de baguettes à tête de feutre ou de bois, selon l'effet souhaité.

timbre

1. L'une des cinq qualités qui déterminent l'identification d'un son, les quatre autres étant la hauteur (ou fréquence), la durée, l'intensité et la localisation spatiale. Le timbre, souvent associé à l'identification de l'émetteur du son (timbre d'un chanteur, d'un violon, etc.), est le résultat de diverses composantes dont la principale (mais non pas la seule) est la manière dont se superposent au son principal les divers harmoniques qui l'accompagnent, et qui, souvent inaudibles en tant que tels, sont décelés par l'analyse spectrale : le timbre varie selon que certains harmoniques sont renforcés, tels autres affaiblis ou absents. Mais il est également affecté par d'autres facteurs, tels que le mode d'attaque, l'intensité d'émission, l'environnement acoustique, etc.

   Si aux harmoniques se mélangent des sons « partiels » n'appartenant pas à la série harmonique, le timbre est perturbé et tend à perdre sa possibilité d'identification de hauteur : il devient un « bruit ». Dans les mêmes conditions, la voix cesse d'être « timbrée » ou « voisée » et devient éraillée ou chuchotée.

2. Mélodie susceptible de s'adapter à des textes différents. L'usage des timbres est très ancien : le chant grégorien en fait grand usage dans les antiennes, les versets de répons, etc. Il est à la base de la pratique des « vaudevilles » qui ont donné naissance à l'opéra-comique, et se retrouve dans de très nombreux domaines, notamment dans l'histoire du cantique populaire. Des recueils de timbres ont été publiés tout au long du XIXe siècle sous le titre la Clef du caveau.

3. Instrument formé de lames, coupes ou autres objets vibrants mis en action par frappement et produisant un son aigu et cristallin. Le « jeu de timbres » est analogue au glockenspiel allemand utilisé par Mozart dans la Flûte enchantée.