Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Wesley

Famille d'ecclésiastiques et de musiciens anglais.

 
John, ecclésiastique (Epworth, Lincolnshire, 1703 – Londres 1791). Fondateur du méthodisme, il encouragea l'utilisation pour les hymnes de mélodies profanes. Son frère Charles (1707-1788) en composa lui-même un grand nombre.

 
Charles, compositeur, neveu de John (Bristol 1757 – Londres 1834). Enfant prodige, il étudia avec William Boyce. Ses œuvres, très conservatrices, restent ancrées dans le style de Haendel.

 
Samuel, organiste et compositeur, frère du précédent (Bristol 1766 – Londres 1837). Il se développa plus lentement mais plus sûrement que lui. Il commença à se familiariser avec l'orgue vers l'âge de six ans, et, vers huit ans, acheva son oratorio Ruth. Il devint un très grand virtuose du violon et surtout de l'orgue. En 1784, il se convertit au catholicisme. Victime en 1787 d'un très grave accident, il devint instable et irritable. Grand admirateur de J.-S. Bach, il joua un rôle de premier plan dans la diffusion de sa musique en Angleterre, convertissant à sa cause Charles Burney, participant de 1810 à 1813 à une édition du Clavier bien tempéré bien plus satisfaisante que les trois qui existaient déjà en Allemagne.

   Ses œuvres sont fort nombreuses : symphonies (plusieurs dans la manière de J.-C. Bach puis une dans celle des londoniennes de Haydn), musique de chambre, pièces pour piano, œuvres vocales profanes, oratorios Ruth (1774) et The Death of Abel (1779), œuvres religieuses en latin ou pour le culte anglican. On lui doit aussi une autobiographie demeurée manuscrite (vers 1836). Son intéressante correspondance a été en grande partie éditée par sa fille naturelle Eliza (1819 – 1895).

 
Samuel Sebastian, organiste et compositeur, fils naturel du précédent (Londres 1810 – Gloucester 1876). Il reçut comme prénoms ceux de son père et de J.-S. Bach, et, de 1832 à sa mort, occupa divers postes d'organiste. Il écrivit quelques pièces instrumentales (orgue, piano, orchestre) et quelques pièces vocales profanes, mais son importance réside essentiellement dans sa musique religieuse en langue anglaise. Il fut, en ce domaine, le plus grand compositeur entre Purcell et Stanford.

Westrup (sir Jack Allan)

Musicologue anglais (Londres 1904 – Headley 1975).

Il fit ses études au collège de Dulwich et au Balliol College d'Oxford. Directeur de l'Oxford Opera Club en 1926, il fut en 1929-30 chef d'orchestre du London Opera Festival. Il enseigna au King's College de Newcastle et à l'université d'Oxford (1947-1971), où il avait obtenu son doctorat de musicologie en 1946. Par la suite, il dirigea l'Oxford Bach Choir et l'orchestre de l'université.

   Après avoir été critique musical au Daily Telegraph et au Monthly Musical Record, il devint rédacteur de la revue Music and Letters (1959). En 1947, il avait supervisé l'édition de la New Oxford History of Music. Ses travaux ont porté essentiellement sur la musique de la Renaissance et du XVIIe siècle. En 1925, il avait publié une édition de l'Orfeo de Monteverdi, et, en 1927, du Couronnement de Poppée. Spécialiste de la musique anglaise, il a écrit sur Purcell un ouvrage considéré comme définitif (Purcell, 1937, dernière rééd., 1980). On lui doit également des études sur Haendel (1938), sur Liszt (1940) ainsi que sur les symphonies de Tchaïkovski, les cantates de Bach, la musique de chambre de Schubert. Il avait été anobli en 1961.

Weyse (Christoph Ernst Friedrich)

Compositeur et organiste danois (Altona 1774 – Copenhague 1842).

Il fut l'élève de J. A. P. Schulz. Son premier succès, Sovedrikken (« la Potion somnifère », comédie lyrique, 1809), lui permit d'être engagé à la cour, qui lui commanda la majorité de son œuvre, cantates et comédies où se développent ses principales qualités : une grande sensibilité au texte et un remarquable instinct linguistique. Ces caractéristiques firent de lui le premier et l'un des principaux compositeurs danois de mélodies, notamment avec les Morgen-og Aftensange (« Chants du matin et du soir ») sur des textes de B. S. Ingemann, en 1837-38. Prodigieux improvisateur, admiré par Liszt, il ne laisse que peu d'œuvres pour clavier (études, trois sonates), pour lesquelles Moscheles avait une grande considération.

Widor (Charles Marie)

Organiste et compositeur français (Lyon 1845 – Paris 1937).

Son père, d'ascendance hongroise, était organiste à Lyon, et fut son premier professeur. Entré au conservatoire de Bruxelles, il y fut l'élève de Lemmens (orgue) et de Fétis (composition). À l'âge de vingt ans, il commença à effectuer des tournées d'organiste ; en 1869 il devint organiste de l'église Saint-Sulpice à Paris, poste qu'il devait conserver soixante-cinq ans, jusqu'en 1934. Entre 1876 et 1900, il écrivit ses dix symphonies pour orgue, qui rénovent totalement la technique et l'esthétique de l'orgue français. Bien plus qu'un instrument liturgique, l'orgue devient pour lui un instrument de concert, dont il utilisa avec habileté tous les contrastes.

   En dehors de l'orgue, son œuvre instrumental comprend des sonates et des pièces diverses pour piano, des concertos (piano, violoncelle), de la musique de chambre (notamment deux quintettes) et quatre symphonies. Il a également écrit pour le théâtre les ballets la Korrigane (1880), et Jeanne d'Arc (1890) et trois opéras dont le plus marquant est les Pêcheurs de la Saint-Jean (1905). Mais c'est surtout à l'orgue que son nom est resté lié.

   En 1890, Widor succéda à Franck à la classe d'orgue du Conservatoire de Paris, puis à Théodore Dubois à la classe de composition. Il devint membre de l'Académie des beaux-arts en 1910 et son secrétaire perpétuel en 1914. Il collabora avec Albert Schweitzer pour l'édition des grandes œuvres d'orgue de Bach. De 1920 à 1934, il dirigea le Conservatoire américain de Fontainebleau. Enfin, il créa à Madrid la villa Velázquez, qui exista jusqu'en 1936 et fit pendant à la villa Médicis.

   Héritier des principes de Franck, qu'il développa, Widor précéda dans le monde de l'orgue les grands artistes qui devaient s'y révéler et dont beaucoup furent ses élèves : Tournemire, Vierne, Dupré. Ce dernier fut son successeur en 1934 à la tribune de Saint-Sulpice.