Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
V

Vautor (Thomas)

Compositeur anglais ( ? fin XVIe – ? début XVIIe siècle).

En l'absence de toute autre source d'information biographique, on peut seulement déduire de la dédicace de son livre de madrigaux qu'il fut au service de sir George Villiers à Brooksby (Leicestershire), puis à celui de son fils le duc de Buckingham à Goadby. Il obtint, en 1616, le grade de Bachelor of Music à l'université d'Oxford. On ne connaît de ses œuvres qu'un volume de madrigaux, The First Set, beeing Songs of Divers Ayres and Natures, of Five and Sixe Parts, Apt for Vyols and Voyces (1619-20), particulièrement intéressants pour leur figuralisme, et qui l'apparentent, stylistiquement, à Weelkes et Wilbye.

Vecchi (Orazio)

Compositeur italien (Modène 1550 ? – id. 1605).

Il est éduqué à San Pietro de Modène et étudie la musique avec Salvatore Essenga, avant d'être ordonné prêtre. En 1577-78, il accompagne le comte Baldassarre Randoni à Bergame et à Brescia, puis est nommé maître de chapelle de la cathédrale de Salo en 1581. Il exerce les mêmes fonctions à Modène (1584-1586) et à la collégiale de Corregio (Reggio Emilia) de 1586 à 1591, où il est archidiacre en 1591-92. Il effectue, à cette époque, plusieurs séjours à Venise, pour y superviser l'édition de ses œuvres par Gardano et collaborer à la révision du graduel romain. De nouveau maître de chapelle à la cathédrale de Modène en 1593, il participe, par ailleurs, activement à la vie musicale à la cour de Cesare d'Este, qui le nomme « maestro di corte » en 1598, et accompagne en 1600 le cardinal Alessandro d'Este à Rome. Sa fidélité à la ville de Modène (il refuse, en 1603, de succéder à Ph. de Monte à la cour de l'empereur Rudolf II) ne l'empêche pas d'être évincé de son poste en 1604 par un élève envieux, Geminiano Capilupi, et il meurt quelques mois plus tard.

   Ce fut un compositeur extrêmement prolifique, à la fois dans les domaines sacré et profane. Ses œuvres religieuses (un livre de motets à 4-8 voix, un livre de messes à 6-8 voix, des lamentations, des hymnes à 4 voix, des Sacrarum cantionum 5-8 voix, un Magnificat) sont écrites dans un style contrapuntique simple, soucieux de clarté, et il ne néglige pas, dans cette optique, les ressources de l'homophonie. Ce goût pour la simplicité est particulièrement évident dans sa musique profane, qui renferme ses œuvres les plus caractéristiques. Il a publié 6 livres de Canzonette (un à 3 voix, quatre à 4 voix, un à 6 voix), 2 livres de madrigaux (un à 5 voix, un à 6 voix), et 4 recueils de pièces récréatives : Selva di varia recreatione (1590), Il Convito musicale (1597), Le Veglie di Siena (1604) et L'Amfiparnaso (1597), sans aucun doute son œuvre la plus célèbre. Son intention est de traiter à égalité, tout en les contrastant, le piacevole et le grave, qui représentent, pour lui, les deux pôles de la vie humaine, et il y parvient en juxtaposant dans la même œuvre une grande variété de formes musicales (capricci, arie, balli, canzonette, madrigali, serenate, dialoghi, etc.), où les éléments pathétiques, parodiques et bouffons foisonnent, en accentuant le plus souvent le côté humoristique. Cette union est particulièrement bien réalisée dans L'Amfiparnaso, où l'ensemble des pièces s'insère dans un cadre dramatique (comedia harmonica en 3 actes et 1 prologue). Il constitue donc un chef-d'œuvre de synthèse de la musique polyphonique vocale profane italienne du XVIe siècle, à l'heure où le genre dramatique se tourne résolument vers l'ère monodique.

Vecsey (Franzvon)

Violoniste hongrois (Budapest 1893 – Rome 1935).

Dans sa ville natale, il est l'élève de Jenö Hubay, et se produit déjà à l'âge de dix ans. Joseph Joachim, qui l'auditionne, le dirige alors. En 1904, il joue le Concerto pour violon de Beethoven avec son maître au pupitre. Il laisse le souvenir d'un virtuose hors pair, et enregistre quelques œuvres entre 1925 et 1930. Il est le dédicataire du Concerto pour violon de Sibelius.

Vegh (Sandor)

Violoniste hongrois naturalisé français (Kolozsvar 1912 – Salzbourg, 1997).

Élève de Jenö Hubay pour le violon et de Zoltán Kodály pour la composition, il se produit à l'âge de dix-neuf ans sous la direction de Richard Strauss. Au début des années 30, il commence une carrière de soliste et fonde en 1935 le Quatuor hongrois, puis en 1940 le quatuor qui porte son nom. Il enseigne pendant la guerre à l'Académie de musique de Budapest et s'installe en 1946 en France, prenant la nationalité française en 1953. Après sa rencontre avec Pablo Casals en 1952, il se produit régulièrement au Festival de Prades et donne des cours d'été à Zermatt. Au long d'une carrière très active, il consacre une part importante à l'enseignement, aux Conservatoires de Bâle, Fribourg, Düsseldorf, et, à partir de 1971, au Mozarteum de Salzbourg. Il a aussi fondé et dirigé un orchestre de chambre qui porte son nom (QUATUOR VEGH).

Vejvanovsky (Pavel Josef)

Compositeur tchèque (Hukvaldy v. 1633 ou v. 1639 – Kroměříž [Kremsier] 1693).

Il est parfois désigné sous le nom de Weiwanowski. On retrouve les premiers documents authentiques sur sa vie au collège des jésuites d'Opava, dont il sort en 1660. En 1664, il entre au service de l'évêque d'Olomouc. En 1670, il succède à H. Biber comme maître de chapelle du prince Lichtenstein-Kastelkorn, nouvel évêque d'Olomouc, au château de Kroměříž (Kremsier). Il signait ses compositions du titre de tubicen campestris. L'essentiel des manuscrits authentifiés se trouve au château de Kroměříž.

   Sa production instrumentale fut très nombreuse, mais l'ensemble de ses manuscrits ne nous est pas parvenu. Il est le plus grand représentant de l'école baroque tchèque, et, comme tel, fut profondément influencé par l'école italienne. Ses maîtres semblent avoir été Johann-Heinrich Schmelzer, Pietro-Andrea Ziani et Heinrich Biber. On a retrouvé 33 manuscrits datant de la seule année 1666, année de son mariage avec Anne-Thérèse Miniscator, fille du maire de Kroměříž. Par son style, il relève d'un axe Venise-Vienne. Ses nombreuses sonates sont toutes du type de la canzona italienne ; on y trouve des ébauches de variations, et une écriture particulièrement virtuose pour les instruments à vent. Sa ligne mélodique est souvent pimentée de citations plus ou moins textuelles de thèmes populaires tchèques.