Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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Groupe de recherches musicales (G. R. M.)

Installé à Paris, et actuellement intégré dans l'Institut national de l'audiovisuel (I. N. A.), ce groupe fondé par Pierre Schaeffer et animé par François Bayle est l'un des plus importants et, si l'on remonte à ses origines, le plus ancien et le principal centre de musique électroacoustique et de recherche musicale en activité aujourd'hui dans le monde. Son origine coïncide en effet avec les débuts mêmes de la « musique concrète » : depuis la cellule du « Studio d'essai » de la Radiodiffusion française où Pierre Schaeffer inventa cette musique en 1948 jusqu'au « Groupe de musique concrète » créé et officialisé en 1951, pour aboutir, en 1958, au Groupe de recherches musicales fondé au sein de la Radiotélévision française par le même Schaeffer. En 1960, le G. R. M. devient l'une des cellules du Service de la recherche créé autour de lui sous la direction de Schaeffer, aux côtés d'autres secteurs consacrés à la recherche sur l'image, à la production télévisuelle, etc. Il comprend alors, outre son fondateur-inspirateur, les compositeurs Luc Ferrari, François-Bernard Mâche et Ivo Malec. Jusqu'en 1966, l'activité du G. R. M. est principalement centrée autour des recherches dirigées par Schaeffer sur le « Solfège expérimental » : un monumental Traité des objets musicaux, paru en 1966, en dresse le bilan. La composition n'est pas abandonnée pour cela, et, en 1963, une expérience originale de création collective, le Concert collectif, réunit les membres fondateurs du groupe et de nouveaux venus, entre autres, Edgardo Canton, Bernard Parmegiani, François Bayle. Ce dernier reçoit en 1966 la responsabilité du groupe ; il la garde en 1975 quand le G. R. M. devient l'un des départements de l'Institut national de l'audiovisuel (président, Pierre Emmanuel), créé à l'issue du démantèlement officiel de l'O. R. T. F. C'est donc comme G. R. M. de l'I. N. A. que le groupe commence une nouvelle période. Depuis 1975, il a surtout fait porter son effort sur le développement de ses moyens technologiques (en particulier, informatiques) et des publications écrites et sonores de ses travaux.

   Les activités du G. R. M. sont nombreuses : production musicale, manifestations, recherche, pédagogie. La production du groupe comprend plusieurs centaines d'œuvres électroacoustiques réalisées dans ses studios depuis les origines, par ses membres ou par des compositeurs invités. On ne peut parler d'une « esthétique G. R. M. » que de manière très large : à partir de l'héritage schaefferien et de la tradition des années 50, c'est une attitude « concrète » de création musicale, se fiant à l'oreille plutôt qu'à des schémas formels a priori. À partir de là, les tendances divergent et les styles contrastent. La recherche musicale a connu deux périodes très actives : une première de 1958 à 1966, autour des thèmes du Traité des objets musicaux, sous la direction de Schaeffer ; une seconde, dans le milieu des années 70, fractionnée en ateliers distincts : analyse musicale, informatique, pédagogie, et dont les travaux ont fait l'objet de publications (Cahiers recherche/musique). L'activité de pédagogie est représentée avant tout par un enseignement officialisé en 1968 dans le cadre du Conservatoire de Paris (C. N. S. M.) avec Pierre Schaeffer et Guy Reibel comme professeurs. Il s'agit d'un cours de musique électroacoustique étalé sur deux ans, auquel on peut accéder par un examen de passage. Par ailleurs le G. R. M. organise des stages, animations, etc., de courte durée. Il produit lui-même une partie de ses manifestations en concert. Il a pris récemment d'importantes initiatives de diffusion et de publication (une revue, déjà citée, et une collection de disques) et produit une quarantaine d'heures annuelle d'émissions de radio sur les chaînes culturelles nationales. Les membres du G. R. M. ne sont pas titulaires, mais contractuels. Leur équipe se renouvelle fréquemment, avec pourtant, de fait, quelques « piliers » : outre l'animateur très actif du groupe, François Bayle, citons parmi ceux-ci Ivo Malec, Bernard Parmegiani, Guy Reibel. Actuellement, l'équipe du G. R. M. comprend également, du côté des plus jeunes : les compositeurs Jacques Lejeune, Jean Schwarz, Denis Dufour ; les chercheurs ­ parfois également compositeurs ­ François Delalande, Benedict Mailliard, Pierre-Alain Jaffrenou, Jean-François Allouis, Philippe Mion, JeanChristophe Thomas, Denis Valette, et, dans diverses tâches de fonctionnement et de production, Suzanne Bordenave, Jack Vidal, Christian Zanessi (également compositeur), Évelyne Gayou, Jacques Darnis, etc. De nombreux compositeurs ont été membres du G. R. M. pendant un certain temps et ont contribué plus ou moins à ses activités : outre Mâche, Ferrari et Canton déjà cités, mentionnons encore Philippe Carson, Alain Savouret, Michel Chion, Robert Cahen, Bernard Durr. Enfin, de très nombreux musiciens ont fréquenté ses studios, pour y réaliser des œuvres et s'initier à la musique électroacoustique.

Groupe des cinq

C'est Milij Balakirev (1837-1910), disciple de Glinka (1804-1857), qui fut l'initiateur et l'âme de cette « petite bande, mais combien puissante ! » célébrée par le critique Vladimir Stassov. César Cui (1835-1918) et Modeste Moussorgski (1839-1881) furent les premiers, en 1857, à partager son idéal d'une musique spécifiquement russe fondée sur le folklore national et échappant à la tutelle des écoles italienne ou allemande. Dans la Russie de cette époque, et surtout à Saint-Pétersbourg que son fondateur avait délibérément tournée vers l'Occident, un tel propos ne manquait pas d'ambition. En 1861, les trois novateurs furent rejoints par Nicolas Rimski-Korsakov, qui avait dix-sept ans, et l'année suivante par Alexandre Borodine, leur aîné à tous, qui en avait près de trente. Le « groupe des Cinq » était constitué.

   Le groupe des Cinq dura tant bien que mal jusque vers 1872, après quoi la réussite de Rimski-Korsakov, l'échec persistant de Cui, l'indolence de Borodine, l'épuisement de Moussorgski et le découragement de Balakirev eurent raison de l'unité d'action du petit cénacle.