Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Bochsa (Robert)

Compositeur et harpiste français (Montmédy 1789 – Sydney, Australie, 1856).

Auteur de nombreuses pièces pour son instrument, il débuta comme compositeur d'opéras, d'oratorios et de ballets avant de transformer la harpe en un instrument virtuose. Membre de la chapelle impériale puis de celle de Louis XVIII, il fut impliqué dans une histoire de faux et dut se réfugier en Angleterre (1817), où il devint le premier professeur de harpe à la Royal Academy of Music. De nouveaux scandales l'obligèrent à quitter le pays (1827). En 1839, il s'enfuit avec la soprano Ann Bishop, épouse du compositeur sir Henry Bishop. Il se produisit avec elle en un tour du monde au cours duquel il mourut.

Bodin (Lars-Gunnar)

Compositeur suédois (Stockholm 1935).

Animateur et, de 1969 à 1972, président d'un organisme essentiel dans la création musicale en Suède, la fondation Fylkingen, il est devenu après cette date directeur du studio de musique électronique du Conservatoire royal de Stockholm. Après des expériences de théâtre musical, il consacre l'essentiel de sa production aux moyens électroacoustiques, dans des œuvres qui cherchent souvent à intégrer des thèmes liés aux techniques et aux disciplines modernes ­ cybernétique (Cybo I et Cybo II, 1967), théorie de la connaissance (Traces I, 1970, et Traces II, 1971), philosophie marcusienne (Toccata, 1969) ­, et qui utilisent fréquemment des textes (« Text-Sound Composition », équivalent de la poésie sonore française). Il a également réalisé des œuvres multimédias associant des moyens musicaux et visuels (Clouds, 1972-1976) et des musiques de ballet (Place of Plays, 1967 ; From One Point to Another Point, 1968). On peut citer encore la pièce pour bande From the Beginning to the End (1973) et la cantate radiophonique For Jón (1977).

Boèce (Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius, en fr.)

Philosophe latin (Rome v. 480 – environs de Milan 524).

Conseiller de Théodoric le Grand, il fut, au faîte d'une carrière politique, impliqué dans un procès et mis à mort. Entre 500 et 507, il avait écrit un traité en 5 livres. De institutione musicae. Cet ouvrage, qui s'inspire de Platon, d'Aristote, de Nicomaque et de Ptolémée, aborde la théorie musicale sous l'angle de l'acoustique et de l'harmonie. Boèce assigne une place majeure à la musique dans l'éducation, en raison de l'influence morale qu'elle peut exercer. Le Moyen Âge dut à ce traité sa connaissance de la théorie musicale de l'Antiquité ; jusqu'à la Renaissance, l'autorité de Boèce demeura incontestée.

Boëllmann (Léon)

Compositeur et organiste français (Ensisheim, Haut-Rhin, 1862 – Paris 1897).

Disciple et neveu, par alliance, d'Eugène Gigout, il travailla la musique à l'école Niedermeyer. Nommé organiste à Saint-Vincent-de-Paul, il disparut prématurément, laissant une œuvre importante, qui fut jouée avec succès de son vivant : symphonie en fa majeur, Variations symphoniques pour violoncelle et orchestre, sonate pour violoncelle et piano, Fantaisie pour orgue et orchestre, musique religieuse abondante. On ne joue plus guère aujourd'hui que la Suite gothique pour orgue, l'une des très nombreuses pièces qu'il écrivit pour son instrument.

Boëly

Famille de musiciens français.

 
Jean-François (Saint-Léger-de-Crossy, Aisne, 1739 – Chaillot 1814). Il fut haute-contre à la Sainte-Chapelle, à Paris, compositeur (il est l'auteur d'un motet Beatus vir) et professeur de harpe à la cour de Versailles. Il a, en outre, écrit un Traité d'harmonie, d'après Rameau, resté inédit (1808).

 
Alexandre Pierre François, organiste et compositeur, fils du précédent (Versailles 1785 – Paris 1858). Élève de l'Autrichien Ladurner, qui l'initia à la musique de Bach, de Haydn et de Beethoven, alors inconnus en France, il fut nommé, en 1840, organiste à Saint-Germain-l'Auxerrois et y demeura jusqu'en 1851, date à laquelle on le congédia en raison de l'« austérité » de la musique qu'il y jouait : Bach, Frescobaldi, Couperin, Walther, Kirnberger, les maîtres français ; à cette époque, c'était plutôt les transcriptions d'opéras-comiques qui faisaient fureur. Pour exécuter les œuvres de Bach, réputées injouables, il fit installer à son orgue un pédalier à l'allemande, dont l'usage ne se généralisa, dans la facture française, que durant la seconde moitié du siècle. Ses rares auditeurs ­ Gigout, Franck, et surtout Saint-Saëns ­ furent émerveillés d'entendre ces œuvres ressuscitées, ainsi que le contrepoint sévère par lequel il traitait les thèmes du plain-chant, que l'on commençait à redécouvrir. Il finit ses jours comme humble professeur de piano. Il laisse une œuvre abondante : musique de chambre, nombreuses pages pour le piano (caprices, suites, études), œuvres souvent concises, très soigneusement composées et d'une réelle couleur romantique, où il se montre l'héritier de Scarlatti, de Cramer, de Haydn et de Beethoven. Pour l'orgue, il a écrit douze Cahiers de pièces de différents caractères et quatre Livres pour orgue à pédales ou piano à trois mains, en plus de publications d'œuvres anciennes et de transcriptions diverses. Il y renoue avec le style des maîtres français classiques (versets, duos, dialogues, tierces en taille) et s'inspire des Allemands (fantaisies et fugues, chorals ornés). Inconnu du grand public, il n'en a pas moins joué un rôle déterminant dans la renaissance de la musique française au XIXe siècle. En 1902, Saint-Saëns reconnut la dette des musiciens français envers lui, en publiant une collection de ses œuvres.

Boesmans (Philippe)

Compositeur belge (Tongres 1936).

Au conservatoire de Liège, il étudia d'abord le piano avec Stefan Askenase et Robert Leuridan et s'orienta vers la composition après avoir rencontré Pierre Froidebise, puis Henri Pousseur. Programmateur musical au 3e Programme de la R. T. B. (1962), il est pianiste de l'ensemble Musiques nouvelles et attaché, depuis 1971, au Centre de recherches musicales en Wallonie dirigé par Pousseur. La même année, il a pris des fonctions à la station de Liège de la R. T. B. et obtenu le prix Italia pour Upon La Mi pour voix et cor solo, 11 instrumentistes et amplification (1969). Sa production, issue du courant sériel postwebernien, tente de s'en dégager en réintégrant certaines fonctions harmoniques, des rythmes périodiques, des éléments mélodiques ou des mouvements conjoints. L'intuition y fait bon ménage avec la rigueur. Boesmans est, assurément, une des principales figures de la jeune musique belge. On lui doit notamment Cassation pour 5 instruments (1962), Sonance pour 2 pianos (1963), Verticales pour grand orchestre (1969), Fanfare I pour 2 pianos à 2 mains (1970) et II pour orgue (1972), Intervalles I (1972) et II (1973) pour grand orchestre et III pour voix solo et grand orchestre (1975-76), Sur mi pour 2 pianos, orgue électrique, crotales et tam-tam (1974), Multiples pour 2 pianos et orchestre (1974-75), Ring pour orgue électronique, harpe, piano, 2 percussionnistes et ensemble instrumental (1975). Attitudes, qui relève du théâtre musical, a été créé à Bruxelles en 1979 et repris à Avignon en 1980. Suivirent un Concerto pour violon (1979), Conversions pour orchestre (1980), l'opéra la Passion de Gilles (1982), Trakl Lieder (1988), l'opéra la Ronde (1993), Dreamtime (1993).