Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

Mercadante (Saverio)

Compositeur italien (Altamura, prov. de Bari, 1795 – Naples 1870).

Élève de Zingarelli, pour la composition, à Naples, où il fut le condisciple de Bellini, il apprit en outre le violon et la flûte et acquit un solide métier qui lui permit de percevoir les courants nouveaux du romantisme naissant, tout en restant fidèle aux principes essentiels et aux schémas de la vieille école. C'est ainsi qu'il sut mêler une écriture vocale encore belcantiste aux nécessités d'une instrumentation où le choix des timbres acquérait une fonction dramatique.C'est à Naples qu'il donna son premier opéra, l'Apoteosi d'Ercole (1819), avant de se faire connaître à Rome dès 1820, puis à Bologne et enfin à Milan, où, en 1821, triompha Elisa e Claudio, une de ses œuvres maîtresses. Turin, Vienne, Madrid, Lisbonne accueillirent ensuite ses opéras nouveaux avec des fortunes diverses, et, en 1833, Mercadante succéda à Generali comme maître de chapelle à Novarre. Après avoir dirigé ses Briganti à Paris en 1836, il retrouva Naples, au sommet de sa maturité, et y donna successivement Il Giuramento (1837), qui, en moins de vingt ans, fut joué de Russie en Amérique, puis Le Due Illustri Rivali (1838), et Il Bravo en 1839, cependant qu'il succédait à Zingarelli à la tête du conservatoire, triomphant ainsi de son rival Donizetti. Il n'en poursuivit pas moins une féconde activité créatrice que marquèrent notamment La Vestale (1840), Il Reggente (1843), Pelagio (1857) et, malgré une cécité devenue totale dès 1862, Virginia (1866).

   Sa longue carrière fit de Mercadante le contemporain de Rossini et de Bellini, dont il subit l'influence, puis de Donizetti et de Verdi, qui, à son tour, s'inspira de certains de ses procédés. Ecrasé par ce redoutable voisinage, Mercadante n'en demeure pas moins plus qu'un compositeur " élégant « ; il fut l'un des rares auteurs italiens qui sut assumer une difficile transition entre l'héritage rossinien (et prérossinien) et l'esprit nouveau qui imprima à son œuvre une force dramatique inconnue ; d'autre part, resté à l'écart des aspirations du Risorgimento et fidèle au public napolitain, il persévéra à traiter la voix en héritier du bel canto, fidélité qui lui vaut actuellement un regain de faveur.

Mercier (Jacques)

Chef d'orchestre français (Metz 1945).

Après avoir poursuivi des études de littérature et de musique, il entre au Conservatoire de Paris où il obtient en 1972 un premier prix de direction d'orchestre. La même année, il remporte également un premier prix au Concours international de Besançon. Lauréat de la Fondation de la vocation, détenteur des prix Albert Roussel et Albert Wolff, il est nommé en 1982 directeur musical de l'Orchestre d'Île-de-France, devenu plus tard Orchestre national d'Île-de-France. En 1994, il a donné avec cet orchestre la première française de Kullervo de Sibelius. Il a été, de 1989 à 1995, chef permanent de l'orchestre Philharmonic de Turku (Finlande).

Mercure (Pierre)

Compositeur canadien (Montréal 1927 – Avallon 1966).

Il fit ses études musicales au conservatoire du Québec et à Paris (avec Nadia Boulanger), puis fut bassoniste dans les orchestres de Montréal. Son œuvre, commencée sous le signe d'un éclectisme néoclassique, s'est orientée peu à peu vers les techniques nouvelles et une prospection intelligente de l'électronique. Prématurément disparu à la suite d'un accident d'automobile en France (il est mort dans une ambulance entre Avallon et Auxerre), il laissait alors différentes pièces symphoniques (Kaléidoscope, 1947-48, fantaisie symphonique, Triptyque, 1959, Divertimento, pour quatuor à cordes solo et orchestre à cordes), des compositions pour ensemble de chambre (Pantomime, 1948, pour 14 instruments à vent et percussion, Lucretia Borgia, pour trompette, clavecin et percussions, Emprise, pour clarinette, basson, violoncelle et piano) et des compositions pour bande ou sons électroniques (Incandescence, ballet, Structures métalliques, 1961, Répercussions). Une grande cantate radiophonique, Psaume pour abri, unit l'orchestre et les chœurs à des éléments de musique électronique.

Merikanto

Famille de compositeurs finlandais.

 
Oskar (Helsinki 1868 – Oitti 1924). Auteur de 3 opéras (Pohjan neiti, 1899 ; Elinan surma, 1910 ; Regina von Emmeritz, 1920), de 150 mélodies, 55 chœurs, 60 pièces pour piano, 100 chorals pour orgue. Dans l'ombre de Sibelius, O. Merikanto, mélodiste imaginatif, sut construire un œuvre, qui, pour appartenir, à l'origine, surtout, à la musique de salon, n'en devint pas moins une part importante du patrimoine vivant de son pays. Ses mélodies sont aujourd'hui populaires, connues, appréciées et chantées dans tous les milieux.

 
Aarre (Helsinki 1893 – id. 1958). Fils du précédent, il étudie à Helsinki, Leipzig et Moscou. Pionnier de la musique contemporaine finlandaise, il s'oppose radicalement à son père ; moderniste, ouvert aux mouvements musicaux européens de son temps, il se heurte à l'établissement musical qui refuse de diffuser ses œuvres les plus originales (il n'entendit jamais son opéra Juha, 1922, créé à la scène en 1963 et aujourd'hui considéré comme l'opéra national finlandais). Après avoir subi les influences de Reger, dont il possède la solidité formelle, de R. Strauss et de Scriabine pour l'orchestration et parfois l'harmonie, il côtoie l'impressionnisme et admire l'exemple viennois. Ses œuvres les plus radicales sont Fantaisie pour orchestre (1923), Pan (1924), Concert pour neuf instruments (1925), Étude symphonique (1928), Dix Pièces pour orchestre (1930). La suite en quatre mouvements le Rapt de Kyllikki (1935) inaugura chez lui une période plus traditionnelle.

   Malgré sa remarquable technique, il est probable que les contraintes sociales n'ont pas permis à ses dons évidents de s'épanouir pleinement, et qu'elles furent l'une des causes de l'échec de l'évolution de son esthétique.

Meriläinen (Usko)

Compositeur, pianiste et chef d'orchestre finlandais (Tampere 1930 – id. 2004).

Élève de A. Merikanto et L. Funtek à Helsinki et V. Vogel en Suisse, il se fait connaître par un concert de ses œuvres à Helsinki en 1957. Symphoniste, il adopte tout d'abord le langage dodécaphonique tout en restant, de tempérament, un néoclassique (Epyllion, pour orchestre, 1963). On peut considérer qu'il atteint la pleine possession de son langage en 1964 avec sa 2e Symphonie et qu'il l'affirme encore avec sa 2e Sonate pour piano (1966). Depuis cette œuvre, le style de Meriläinen n'a pas cessé d'évoluer, avec notamment le 2e Concerto pour piano (1969), la 3e Symphonie (1971), la 4e Symphonie « l'Enclume », qui fait usage de l'électronique (1974), la 5e Symphonie (1976). Il a écrit ensuite Dialogues pour piano et orchestre (1977), Visions et murmures pour flûte et orchestre (1985), Ligne du temps (« Concerto pour orchestre no 2 », 1989).