Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
L

Luca (Giuseppede)

Baryton italien (Rome 1876 – New York 1950).

Il fait ses débuts à Piacenza en 1897 dans le rôle de Valentin du Faust de Gounod. Engagé, à partir de 1903, à la Scala de Milan, où il crée Sharpless dans Madame Butterfly de Puccini, il entreprend alors une carrière internationale qui le conduit à New York en 1915. Il s'y établit et chante pendant quarante ans au Metropolitan Opera tous les grands emplois du théâtre lyrique italien. En 1918, il est le créateur de Gianni Schicchi de Puccini, mais c'est dans Verdi qu'il excelle particulièrement aux côtés de Rosa Poriselle et de Giovanni Martinelli, contribuant à faire du Metropolitan le théâtre de Verdi par excellence, entre les deux guerres. En 1947, il célèbre en concert le cinquantenaire de ses débuts et enseigne à la Juilliard School jusqu'à sa mort. Son timbre chaud, son style classique et détendu, sa belle technique vocale, ont contribué à faire de lui un des meilleurs barytons de son époque.

Luccioni (José)

Ténor français (Bastia 1903 – Marseille 1978).

Il fait ses débuts en 1931 dans le rôle de Mario Cavaradoni dans Tosca à Rouen, puis chante celui de Paillasse à l'Opéra de Paris l'année suivante. Dès lors, il partage sa carrière entre l'Opéra-Comique et l'Opéra, avec un certain nombre d'engagements internationaux (Monte-Carlo, Vérone, Chicago, New York). Ses rôles les plus importants, ceux où ses qualités de vaillance et de lyrisme ont le plus brillé, ont été, sans doute, Don José, Samson, Roméo et Othello. Son timbre, d'un éclat et d'une richesse exceptionnels, son phrasé ample, sa belle diction ont fait de lui un des chanteurs français les plus prestigieux de son époque.

Lucerne

Cette ville suisse, au bord du lac des Quatre-Cantons, a hébergé entre 1866 et 1872 Richard Wagner, qui habitait la villa Triebschen, devenue un lieu de visite et un musée Wagner. C'est là qu'il composa l'essentiel des Maîtres chanteurs et le Crépuscule des dieux, et qu'il fit jouer la Siegfried-Idyll pour la naissance de son fils Siegfried (1869). En 1938, fut fondé à Lucerne un Festival musical d'été, consacré en particulier à la musique symphonique et aux récitals. Interrompu seulement au cours de la Seconde Guerre mondiale, pour l'année 1940, ce Festival annuel n'a cessé de prendre une importance croissante avec des formations, des interprètes et des chefs de tout premier plan (Toscanini, Ansermet, Karajan, Giulini, Dorati, etc.) et naturellement avec la participation de l'orchestre de chambre du Festival Strings de Lucerne, fondé en 1956 et dirigé par Rudolf Baumgartner. Cet ensemble, spécialisé dans le répertoire baroque et classique (avec quelques incursions dans la musique contemporaine) fut créé dans le cadre du Conservatoire de musique de Lucerne, où Baumgartner enseignait le violon. Ce dernier, cofondateur de l'orchestre avec Wolfgang Schneiderhan, a assumé de 1968 à 1980 la direction artistique du Festival.

Ludwig (Christa)

Mezzo-soprano allemande (Berlin 1924).

Fille d'Anton Ludwig et d'Eugenie Besalla, tous deux membres du Volksoper de Vienne, elle travailla d'abord avec sa mère une voix qui manquait à la fois de volume et d'aigu, et n'aborda la scène qu'en 1946, à Francfort, dans le rôle du prince Orlovsky de la Chauve-Souris. Sa carrière se poursuivit sans grand éclat dans d'autres théâtres d'Allemagne jusqu'à la révélation que fut son interprétation de Chérubin au festival de Salzbourg en 1954. L'année suivante, elle triomphait dans un troisième rôle travesti, celui d'Octavian du Chevalier à la rose, à l'Opéra de Vienne, puis dans un quatrième, celui du Compositeur d'Ariane à Naxos. Elle chante aussi Dorabella de Cosi fan tutte, puis Eboli de Don Carlos sous la direction de Karajan, avant de débuter au Metropolitan Opera de New York en 1959 dans les Noces de Figaro et le Chevalier à la rose. Cependant, sa voix s'est développée vers l'aigu et, encouragée par Karajan, elle trouve son premier rôle de soprano dramatique en 1962 dans Leonore de Fidelio. D'autres allaient suivre, notamment la Maréchale du Chevalier à la rose, Marie de Wozzeck, la Teinturière de la Femme sans ombre, Kundry de Parsifal. Dans le répertoire wagnérien, elle a été aussi Vénus, Ortrude, Brangaene et Fricka, faisant apprécier dans les emplois les plus divers une voix chaude et très homogène, une parfaite musicalité et un remarquable talent d'actrice. En 1971, elle a créé le rôle de Claire Zachanossian dans l'opéra de Gottfried von Einem, la Visite de la vieille dame, à l'Opéra de Vienne. Toutefois, Christa Ludwig s'est, peu à peu, détachée du théâtre pour se consacrer au concert, cultivant le lied et, en particulier, Schubert. Elle a quitté la scène en 1993.

Luening (Otto)

Compositeur, chef d'orchestre, flûtiste et professeur américain (Milwaukee 1900 – New York 1996).

Enfant prodige initié à la musique par ses parents, eux-mêmes musiciens, il étudie à la Staatliche Hochschule de Munich, ainsi qu'au conservatoire de Zurich, tout en commençant une carrière de flûtiste et de chef d'orchestre. Entre 1920 et 1925, il travaille à Chicago comme arrangeur musical pour des films muets, puis comme directeur du département « opéra » à l'Eastman School, et directeur de la Rochester American Opera Company et de l'American Opera Company, entre 1925 et 1929. En 1930, il achève un opéra composé grâce à des bourses de la fondation Guggenheim, Évangéline. Puis il se consacre à l'enseignement, tout en continuant à composer (université d'Arizona, Bennington College, université Columbia de New York, et Juilliard School). C'est au sein de l'université Columbia qu'il fonde, au début des années 50, avec Wladimir Ussachevsky, le premier studio permanent aux États-Unis à créer de la « music for tape » (musique sur bande), équivalent de la musique électroacoustique, genre où il compose de nombreuses pièces, seul ou en collaboration avec Ussachevsky. Son œuvre assez abondante comprend une forte proportion de pièces de musique de chambre, ainsi que des « musiques d'application » pour la scène, la télévision, le film. Avec ses références stylistiques très diverses (folklore, dodécaphonisme, électroacoustique), elle incarne un certain visage de l'éclectisme américain.