Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

Fesch (Willemde)

Violoniste et compositeur néerlandais (Alkmaar 1687 – Londres 1757).

On le trouve professeur de violon à Amsterdam à partir de 1710, puis maître de chapelle à la cathédrale d'Anvers de 1725 à 1731. Il se fixa à Londres en 1732, y joua et enseigna son instrument et dirigea les concerts de Marylebone Gardens. Il connut une certaine notoriété après la création de ses oratorios Judith (1733), Love and Friendship et Joseph (1744), malheureusement perdus.

   C'est surtout cependant comme compositeur de musique instrumentale qu'il attire l'attention par des œuvres très influencées par le style italien, écrites aussi bien aux Pays-Bas qu'en Angleterre : duos de violons, duos de flûtes, sonates à 2 violoncelles, sonates en trio, concertos et concerts divers.

Festa (Costanzo)

Compositeur italien (Villafranca Sabauda, près de Turin, v. 1490 – Rome 1545).

Chantre à Ischia auprès de la duchesse de Francavilla, puis à la chapelle papale au Vatican, il termina ses jours à Rome et fut l'un des fondateurs de l'école romaine. Son importance comme compositeur de madrigaux fut reconnue par ses contemporains et, parallèlement à Verdelot et Willaert, il joua un rôle décisif dans le développement de cette forme spécifiquement italienne. Son style, d'une originalité certaine, se distingue par une grâce toute méditerranéenne. Costanzo Festa a laissé d'autre part des messes, un livre de magnificat, une centaine d'hymnes et environ cinquante motets.

festa teatrale (ital. ; « fête théâtrale »)

Au XVIIIe siècle, opéra écrit pour une occasion solennelle (mariage royal ou princier) et à sujet de préférence mythologique ou allégorique. Portèrent cette dénomination Acide de Haydn (1763, pour les noces du fils aîné du prince Nicolas Esterházy), ou encore Ascanio in Alba de Mozart (1771, pour les noces de l'archiduc Ferdinand d'Autriche et de Maria Beatrice d'Este).

festival

Ensemble de manifestations artistiques, notamment musicales, données généralement de façon périodique (annuelle, biennale, etc.) dans un lieu donné (par exemple, une ville et sa région), et à un certain moment de l'année (souvent l'été).

Le mot même de « festival » (en allemand Festspiel ou Musikfest, en anglais festival) souligne le caractère exceptionnel et « de fête » que doit revêtir en principe ce type de manifestation. Certains festivals sont consacrés exclusivement à la musique baroque et ancienne, d'autres à l'art lyrique, d'autres à la musique pop, certains regroupent différentes formes d'expression, musique, théâtre, cinéma, d'autres enfin sont spécialement consacrés à la création contemporaine. L'intérêt de la formule du festival peut être de permettre la réunion d'interprètes exceptionnels, ou bien de créer une curiosité pour une forme spéciale de création, en jouant sur l'effet de regroupement et de fête (festivals de musique contemporaine), ou de rendre hommage à un grand musicien dans son lieu natal ou sa ville d'attache, ou enfin de contribuer à l'animation touristique d'une ville ou d'une région dans la période estivale : dans ce dernier cas, il est arrivé que le sens et la fonction du festival dégénèrent jusqu'à recouvrir des séries de manifestations d'été assez dispersées et sans qualité particulière, organisées dans un but directement commercial.

   Si l'on peut appeler « festivals », avant la lettre, les réunions de chanteurs au Moyen Âge, ou « puys », ou les affrontements de Meistersinger (« maîtres chanteurs ») reconstitués par Wagner, qui se présentaient avant tout comme des compétitions, le « festival » au sens actuel semble dater du début du XVIIIe siècle, et serait né en Angleterre avec les festivals de chants chorals religieux (Three choirs festival, inauguré en 1724), ce qui permet de relever au passage l'origine religieuse de certains festivals et leurs liens avec certaines fêtes religieuses de l'année (Pâques, Noël).

   Dans les pays germaniques, la naissance des festivals semble avoir été liée à la résurrection des grands noms du passé musical allemand, et donc à la célébration de l'identité nationale, avec des festivals dédiés à Bach, Beethoven, Mozart. Il y a eu de même un festival Sibelius en Finlande, Haendel en Angleterre, etc., mais on notera que, sauf erreur, la France n'a connu jusqu'en 1980 aucun festival Debussy et que son premier festival Berlioz (à Lyon et La Côte-Saint-André) date de 1980. Parmi les festivals consacrés à un compositeur, celui de Bayreuth, inauguré en 1876 pour la création intégrale de l'Anneau du Nibelung, est un cas exceptionnel, puisqu'il est fondé par le musicien même auquel il est exclusivement dédié, et qu'un théâtre a été spécialement construit pour ses manifestations annuelles. Parmi les autres festivals consacrés en priorité à l'art lyrique, on peut citer ceux de Glyndebourne (1934), de Salzbourg (1920), d'Aix-en-Provence (1948). D'autres honorent différents genres musicaux, comme ceux de Bath, en Angleterre (fondé en 1951 par Yehudi Menuhin), d'Édimbourg (1947), de Lucerne, en Suisse (1938), de Prague (1946), de Vienne (Wiener Festwochen, 1951), de Tanglewood, aux États-Unis (1937), un des rares où le genre symphonique, spécialement coûteux, est particulièrement à l'honneur, de Florence (Mai musical florentin, 1933), de Bergen, en Norvège (1898), de Berlin (1951), de Munich (1901), de Prades (1950), etc.

   Les festivals d'été qui se tiennent dans l'ensemble de la France, souvent destinés à attirer un public d'estivants, sont trop nombreux pour être évoqués tous ; s'il arrive qu'ils soient moins fréquentés par la population autochtone que par les vacanciers, ils jouent un rôle précieux d'animation, donnant à de nombreux ensembles ou solistes l'occasion de se produire en dehors de la « vitrine » parisienne, et à des auditeurs de passage leur première occasion de venir au concert. Quant aux festivals centrés sur la musique contemporaine (Donaueschingen, Zagreb, Varsovie, Metz, Sigma de Bordeaux, Royan et La Rochelle ­ ces quatre derniers disparus ­, Musica de Strasbourg, Ars Musica de Bruxelles, les sections « musique contemporaine » et « théâtre musical » du festival d'Avignon, Orléans, etc.), ils ont joué ou continuent de jouer un rôle important dans la diffusion, que l'on sait difficile, de la musique d'aujourd'hui, en présentant de véritables « marchés de la création » à haute dose, où le public vient dans un climat de rencontre et d'échanges, qui peut contribuer à effacer des barrières.

   Il est rare que les festivals soient des manifestations commercialement rentables, surtout quand, comme les Chorégies d'Orange, consacrées à des manifestations prestigieuses d'art lyrique, ils fonctionnent sur un nombre limité de représentations d'un coût élevé. Ils sont la plupart du temps pris en charge par l'État, les collectivités locales, des organismes comme, en France, Radio-France. Aux États-Unis, ils sont fréquemment « sponsorisés », c'est-à-dire patronnés et soutenus par des sociétés commerciales privées.