Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
B

Bourgault-Ducoudray (Louis Albert)

Compositeur français (Nantes 1840 – Vernouillet, Yvelines, 1910).

Alors qu'il achevait ses études de droit à Nantes, il fit représenter au théâtre Graslin un petit opéra-comique, l'Atelier de Prague, dont le succès le décida à entrer au Conservatoire de Paris dans la classe d'Ambroise Thomas (1860). Grand Prix de Rome en 1862, il se lia, à la Villa Médicis, avec Massenet, Guiraud et Paladilhe. Revenu à Paris en 1868, il fonda l'année suivante une chorale avec laquelle il interpréta des œuvres de Bach, des oratorios de Haendel et de Haydn. Envoyé en Grèce en mission officielle, pour recueillir des mélodies populaires, il en publia plusieurs recueils, puis se livra à des recherches semblables en Bretagne et en Écosse. Il fut professeur d'histoire de la musique au Conservatoire de Paris, de 1878 à 1908. Il composa des mélodies, des cantates, des pages symphoniques, dont plusieurs utilisent des thèmes et modes grecs d'origine très ancienne, et plusieurs ouvrages lyriques.

Bourgeois (Jacques)

Critique musical français (Londres 1918).

Il a débuté dans la critique musicale en collaborant aux revues Disques et Arts-Spectacles. Intéressé par toutes les formes de spectacle (le premier ouvrage qu'il a publié est une étude sur le cinéaste René Clair), il n'a pas tardé à se passionner pour le chant. L'essentiel de ses travaux, comme de ses activités, de présentateur radiophonique concerne l'opéra et l'art vocal. Il a été l'un des premiers à prôner le retour à l'école du bel canto. Il a été, de 1971 à 1981, directeur artistique du festival d'Orange. Il a écrit un Richard Wagner (Paris, 1959 ; rééd. 1976) et un Giuseppe Verdi (Paris, 1978).

Bourgeois (Loys)

Compositeur français (Paris v. 1510-1561).

Chantre à Saint-Pierre de Genève, où son nom apparaît dans les archives à partir de 1545, il resta à Genève jusqu'à la fin de 1552. Ce séjour détermina en grande partie la nature de son œuvre. Il publia, en effet, à Lyon, en 1547, deux livres de psaumes à 4 parties ; un livre de 83 autres psaumes parut en 1554 et, selon Fétis, il en aurait publié 83 encore à Paris en 1561. Loys Bourgeois fut en grande partie responsable de la mise en musique du psautier huguenot. Il traita généralement les textes syllabiquement (une note = une syllabe). Bourgeois est également l'auteur d'un ouvrage didactique, le Droict Chemin de musique (Genève, 1550), et de quelques chansons profanes.

Bourgogne (cour de)

Au XVe siècle, à Dijon, capitale des ducs de Bourgogne, pendant les règnes de Philippe le Bon (1419-1467) et de son fils Charles le Téméraire (1467-1477), la musique ainsi que les autres arts tiennent une place très importante dans toutes les festivités, dont la nature nous est rapportée par Olivier de la Marche, qui, lui-même, y avait participé activement. Au service de cette cour, riche en couleurs et en manifestations somptueuses, un brillant groupe de musiciens, mis à part les œuvres écrites pour la liturgie catholique, cultive la chanson dite « bourguignonne », généralement conçue à trois voix (G. Dufay, A. Busnois, G. Binchois, P. Fontaine, mais aussi l'Anglais R. Morton). Pour terminer la célèbre fête du faisan (1454), on donne le motet de Dufay (Lamentation Sanctae Matris Constantinopolitanae) avec comme cantus firmus un verset des Lamentations de Jérémie pour pleurer la chute de la ville en 1453 (ÉCOLE FRANCO-FLAMANDE).

bourrée

Danse populaire française à deux ou trois temps, encore pratiquée dans le Berry et le Massif central.

Adoptée par l'aristocratie, au début du XVIIe s., et devenue danse de cour, la bourrée a inspiré de nombreux musiciens qui l'ont fait figurer non seulement dans l'opéra-ballet, mais dans des suites (Bach, Haendel, etc.). Dans le vocabulaire de la danse académique, le « pas de bourrée » n'a que de lointains rapports avec l'original folklorique.

Boutry (Roger)

Compositeur et chef d'orchestre français (Paris 1932).

Entré au Conservatoire de Paris à onze ans, il y a fait des études traditionnelles et a été l'élève, notamment, de Tony Aubin (composition) et de Louis Fourestier (direction d'orchestre). Il a obtenu de nombreux prix, dont le grand prix de Rome en 1954, et a fait ses débuts de chef d'orchestre en 1955. Nommé professeur d'harmonie au Conservatoire de Paris en 1967, il est devenu en 1972 chef de la musique de la garde républicaine de Paris et a entrepris des tournées à travers le monde. Boutry a composé un oratorio, le Rosaire des joies (1957), de la musique symphonique et, bien entendu, de la musique d'harmonie ainsi que des pièces instrumentales.

Boutzko (Iouri)

Compositeur russe (Loubny 1938).

Élève de Bakassanian (composition) au conservatoire de Moscou, il devient, en 1968, assistant dans ce même conservatoire et se met à étudier les chants russes anciens, les éléments archaïsants d'un folklore d'origine paysanne ou religieuse. Il réussit, comme ses confrères Prigojine ou Slonimski, à se dégager des poncifs académiques en honneur à Moscou en utilisant des matériaux sonores empruntés à l'ancienne Russie, cependant qu'une prosodie extrêmement évoluée apparaît dans ses opéras, oratorios et cantates. Son œuvre s'est imposée par le Journal d'un fou, opéra-monologue d'après Gogol (1964), les Nuits blanches, opéra d'après Dostoïevski (1968), Apocalypse, nouvelle chorégraphique (1973), l'Histoire de la révolte de Pougatchev (1968), 4 Chants russes anciens (1969), Concerto polyphonique pour 4 claviers (orgue, célesta, piano, clavecin, 1969), des mélodies, des sonates et un quatuor à cordes.

Bouzignac (Guillaume)

Compositeur français, originaire du Languedoc (fin du XVIe s. – apr. 1643).

Il devint enfant de chœur à la cathédrale de Narbonne avant de diriger, en 1609, la maîtrise de la cathédrale de Grenoble. Il fut un temps au service de G. de la Chanlonye, juge-prévôt à Angoulême. Il semble qu'il ait été maître des enfants à Rodez et à Tours. Il travailla aussi pour le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc. En fait, nos connaissances biographiques à son sujet sont très fragmentaires. Ajoutons à cela qu'il n'a laissé aucune œuvre imprimée ; mais les témoignages de ses compatriotes sont fort élogieux (Mersenne, Harmonie universelle, 1636 ; Gantez, l'Entretien des musiciens, 1641).

   La musique de Bouzignac n'est accessible que dans deux manuscrits, conservés l'un à la bibliothèque de Tours, l'autre à la Bibliothèque nationale. Ils contiennent trois messes à 2, 3 et 7 voix, des motets, des psaumes, des hymnes (4 à 7 voix) et quatre chansons françaises. Une soixantaine de motets, des messes et les chansons françaises se trouvent dans des éditions modernes. Bien que dix œuvres seulement soient signées de la main de Bouzignac, on lui attribue généralement aujourd'hui la totalité des œuvres du manuscrit de Tours (96 pièces) et une vingtaine parmi celles du manuscrit de Paris.

   À travers l'œuvre de Bouzignac, nous pouvons observer la pénétration en France de l'influence italienne, puisque le compositeur écrit dans un style proche du madrigal dramatique de Marenzio ou de Vecchi et cherche à traduire en musique tous les mots du texte, utilisant au besoin des audaces harmoniques et mélodiques. Ses motets révèlent un élément de tension de caractère quasi théâtral dans l'alternance du chœur et du soliste ou le dialogue des deux chœurs. Par exemple, des scènes sacrées tirées de la vie du Christ, comme Unus ex vobis ou encore Ecce homo, ont certainement contribué à l'avènement de l'oratorio en France. Dans ce domaine, Bouzignac se présente comme le précurseur de Marc-Antoine Charpentier.