Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
C

chitarrone

De la famille des archiluths, le chitarrone fut l'instrument préféré du compositeur Giulio Caccini qui recommande cet instrument pour accompagner la voix dans la préface de ses Nuove musiche (1602). La caisse du chitarrone ressemble à celle du luth, mais le manche est fort allongé afin d'accommoder, à l'extérieur, des cordes graves supplémentaires, dites cordes sympathiques et accordées dans le ton du morceau à accompagner. Un autre chevillier, plus près de la caisse, comporte les cordes habituelles du luth et peut être en boyau ou en métal. Le chitarrone, souvent d'une très grande beauté et muni d'une rosace ouvragée, est apparu en Italie au cours du dernier tiers du XVIe siècle. Aujourd'hui, il est courant de faire appel à cet instrument pour le continuo des premiers opéras de l'époque baroque (l'Orfeo de Claudio Monteverdi).

chocaltho

Instrument caractéristique du Brésil, constitué d'un cylindre en bois ou en métal, fermé à chaque bout et contenant des grains qui cognent les parois lorsqu'on l'agite.

Il sert à rythmer les danses sud-américaines (samba).

chœur (grec choros ; lat. chorus)

Ensemble de chanteurs.

Dans l'Antiquité grecque, le chœur accompagnait la tragédie et la comédie ; on a trouvé sur un papyrus datant de 200 avant Jésus-Christ un fragment de chœur de la tragédie Oreste d'Euripide. Le chœur connut un nouvel essor avec la religion, surtout la religion protestante où l'ensemble de la cérémonie est chanté par les fidèles. Au Moyen Âge, les chansons populaires à l'unisson accompagnaient les danses. De nos jours, le chœur a gardé toute son importance dans la liturgie des églises chrétiennes et dans la vie scolaire.

   Dans l'Antiquité, ils sont à l'unisson, ou à l'octave, souvent accompagnés par l'aulos et par des percussions. Au Xe siècle, on différencie les registres d'hommes ou même d'enfants. Vers le XIIe siècle, on trouve des partitions écrites à 4 voix, l'Église prend en charge l'instruction de petits chanteurs : ce sont les « enfants de chœur », pour qui sont créées, dans chaque diocèse, des maîtrises. À la fin du XVe siècle, on écrit pour 7 ou 8 voix, et même des œuvres pouvant être chantées par 40 voix ; suivant leur composition, on distingue :

­ les chœurs à voix égales, composés de plusieurs parties, mais pour des voix de tessiture semblable ;

­ les chœurs mixtes, comprenant des voix d'hommes, de femmes et même d'enfants.

   De plus en plus, le chœur augmente son effectif, dans l'opéra et l'oratorio, aux XVIIe et XVIIIe siècle, alors que voix et instruments se groupent et forment partie intégrante de l'orchestre. De nombreux opéras du XIXe siècle et des opérettes contiennent des chœurs, qui ont même pu représenter des symboles de luttes politiques, comme certains chœurs de Verdi. Au XIXe siècle, de nombreuses associations masculines, particulièrement en Allemagne, forment des chœurs ou orphéons, pour chanter des idées patriotiques ou religieuses. Dans de nombreux grands lycées, actuellement, existent des ensembles de chant choral, généralement dirigés par le professeur d'éducation musicale.

   Le terme de chœur peut aussi signifier des groupes de cordes ou d'instruments de même famille qui jouent à l'unisson.

chœur

Appellation utilisée pour désigner un rang de deux ou trois cordes actionnées en même temps sur certains instruments à clavier (piano, clavecin) ou à cordes pincées (luth, vihuela, guitare baroque) et qui résonnent généralement à l'unisson.

Toutefois, sur certains luths et sur la guitare en usage jusqu'au XVIIIe siècle, quelques chœurs comportaient deux cordes à distance d'une octave, produisant de curieux phénomènes de doublures analogues aux jeux de l'orgue.

chœur de luth

Les cordes du luth étant groupées par deux, accordées à l'unisson ou parfois à l'octave, chaque paire est appelée chœur ou rang. On parle donc de luth à 4 chœurs, 6 chœurs, etc.

Chojnacka (Élisabeth)

Claveciniste polonaise (Varsovie 1939).

Élève de l'École supérieure de musique de Varsovie, elle y obtint son diplôme en 1962, puis étudia à Paris avec Aimée Van de Wiele. En 1968, elle remporta le premier prix au concours international de Vercelli. Spécialiste de la musique contemporaine, elle a créé en France des œuvres de Ligeti, Donatoni, Berio et Penderecki. Des compositeurs tels que Constant, Ohana, Ferrari, Mâche, Cristobal Halffter, Donatoni, Miroglio, Jolas et Xenakis ont composé des œuvres à son intention.

Chopin (Frédéric)

Compositeur et pianiste polonais (Żelazowa Wola, près de Varsovie, 1810 – Paris 1849).

Son père, Nicolas Chopin, originaire de Marainville dans les Vosges, émigré en Pologne, avait épousé une parente de la famille Skarbek dont il était précepteur : Justyna Krzyzanowska. Une fille, Louise, précéda Frédéric, qui naquit le 1er mars 1810 ; deux autres filles devaient naître par la suite.

Une enfance heureuse et prédestinée

À Varsovie, Nicolas Chopin, professeur au lycée, prend en pension des fils de propriétaires terriens, parmi lesquels Frédéric trouvera par la suite ses amitiés les plus durables : Titus Woyciechowski, les Wodzinski, Fontana, Slowaki… Au sein de sa famille, très musicienne, l'aptitude précoce de l'enfant se révèle très tôt. Premières leçons à six ans avec sa mère. Il n'aura, en fait, qu'un seul maître : Adalberg Zwyny, d'origine tchèque, qui lui communique ses deux passions : Bach et Mozart. À sept ans, il compose une Polonaise et une Marche militaire. Son premier concert à huit ans (un concerto de Gyrowetz) lui vaut d'être salué comme un « génie musical » en tant qu'interprète. Mais sa réputation s'établit aussi comme compositeur. Même engouement qu'autour de Mozart enfant. Frédéric Chopin joue devant la tzarine mère et devant le grand-duc Constantin. La cantatrice Angelica Catalani lui offre une montre en or. À douze ans, n'ayant plus rien à apprendre de Zwyny, il lui dédie une Polonaise.

   Cet enfant prodige est néanmoins d'un naturel très enjoué, doué pour le dessin, les imitations, le théâtre. Les vacances dans les environs lui permettent de prendre contact avec le folklore et les musiques paysannes, mazurkas, obereks, kujaviaks, et d'en imprégner son oreille. Il va ensuite au lycée, pour trois ans, jusqu'à son baccalauréat, tout en continuant de se développer pianistiquement ; étudie avec Josef Elsner l'harmonie et le contrepoint. De cette époque datent Variations sur un air allemand (1824), Rondo op. 1 (1825), Polonaise en « si » bémol min. (1826), Variations pour flûte et piano sur un thème de Rossini (1826).

   Puis Chopin entre au conservatoire, fondé par Elsner lui-même. Ce dernier, musicien appliqué et abondant, excellent pédagogue, saura reconnaître l'étonnante progression de son élève. L'année 1827 est particulièrement prometteuse, qui voit naître les Variations op. 2 sur « Don Juan » (publiées à Vienne trois ans plus tard, elles provoqueront chez Schumann le fameux « Chapeau bas, Messieurs, un génie ! »), la Polonaise en « ré » mineur op. 71 no 1, le Rondo à la mazurka en « la » majeur op. 5, le Nocturne en « mi » mineur op. 72 no 1 (posth.). Mais cette même année, sa jeune sœur Émilie meurt, en mars, épreuve qui le marque comme un avertissement.

Les succès de virtuose

En 1828, un voyage à Berlin lui permet d'entendre cinq opéras, dont le Freischütz, ainsi que l'Ode pour sainte Cécile de Haendel, mais surtout renforce son désir de se perfectionner et de se faire connaître à l'étranger. « Que m'importent les louanges locales ! » Vœu qui va dans le sens du conseil d'Elsner : « Le maître qui ne sait pas se laisser dépasser par son élève est un mauvais maître. » Ses succès de virtuose lui valent d'être accueilli au château d'Antonin chez le prince Radziwill, mélomane averti et violoncelliste, à qui il dédie son Trio op. 8. C'est en cette année 1828 qu'il compose également le Rondo pour deux pianos op. 73, la Grande Fantaisie pour piano et orchestre sur des airs polonais op. 13, le Rondo « Krakowiak » op. 14, la Polonaise en « si » bémol op. 71 no 2, enfin, hommage à son maître, et dédiée à celui-ci, la Sonate en « ut » mineur op. 4. Mais la vraie nouveauté, dans cette phase brillante, se trouve du côté des deux premières Études qui marquent chez le jeune compositeur, non enivré de ses succès, un souci de la méthode et une exceptionnelle exigence au niveau de la technique transcendante, dont Paganini, venu jouer à Varsovie, lui a fourni un exemple qu'il n'oubliera plus.

   À Vienne, où il se rend en 1829, Chopin donne deux concerts (deux « académies musicales »). Accueilli, une fois de plus, par l'aristocratie, il rencontre Gyrowetz et Czerny. Blahetka salue en lui « un artiste de premier ordre qui tient un rang honorable à côté de Moscheles, de Herz et de Kalkbrenner ». Mais il ne gagne pas un sou. Et c'est le retour par Prague, Teplitz, Dresde et Breslau.

   De charmants visages de jeunes admiratrices, comme Élisa et Wanda Radziwill, éclairent ses séjours à Antonin. Premiers émois sentimentaux. Mais le sentiment qu'il éprouve pour Constance Gladkowska, jeune cantatrice, élève au conservatoire, ne trouvera d'exutoire que dans le lyrisme des deux concertos, sommets de la période varsovienne. Si cet amour, pudique et vite oublié, s'épanche librement dans le larghetto du Concerto en « fa » mineur, et plus tard, dans la romance du Concerto en « mi » mineur, seul, et par un étrange transfert, son ami préféré, Titus Woyciechowski, en reçoit la confidence.

   Son premier grand concert public a lieu à Varsovie le 17 mars 1830 au Théâtre national. Chopin marque une certaine déception. Mais un deuxième concert marque le triomphe du Concerto en « fa » mineur et du Rondo « Krakowiak ».