Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
M

motif

Terme de décoration transporté au XIXe siècle dans le vocabulaire musical comme synonyme de thème, mais quelquefois avec une acception plus analytique (on considère alors le motif comme un groupement d'éléments plus courts ou « cellules »).

Le mot a été surtout vulgarisé par son composé allemand Leitmotiv (motif conducteur) substitué par von Wolzogen, l'un des premiers commentateurs de Wagner, au terme Grundthema (thème fondamental) qu'employait celui-ci.

Mottl (Felix)

Chef d'orchestre et compositeur autrichien (Unter-St. Veit, près de Vienne, 1856 – Munich 1911).

Il entra à la chapelle de la cour, puis au conservatoire de Vienne, où il fut l'élève d'A. Bruckner (théorie), O. Dessoff (composition) et J. Hellmesberger (direction d'orchestre). Il fut en poste à Karlsruhe de 1881 à 1903, dirigea Tristan à Bayreuth en 1886, et en 1903 fut appelé comme directeur de la musique à Munich, où il devint aussi directeur de l'Académie royale de musique (1904) et de l'Opéra royal (1907). C'est sous sa direction que furent donnés pour la première fois intégralement à la scène, en allemand, les Troyens de Berlioz (1890, Karlsruhe). Il dirigea également la première représentation, au Metropolitan Opera de New York, de Parsifal de Wagner (1903).

Moulinié
ou Moulinier
ou Molinié

Famille de musiciens français.

 
Antoine, chanteur (Languedoc, fin du XVIe s. – Paris 1655). Il devint, en qualité de basse-contre, « chanteur ordinaire de la chambre du Roy » en 1619, et « officier de musique de la Reyne » en 1634. Il jouit, jusqu'à sa mort, d'une très grande renommée à la cour, ce qui lui permit d'aider son frère au début de sa carrière.

 
Étienne, chanteur et compositeur, (Languedoc v. 1600 – id. apr. 1669). Frère cadet du précédent, il est d'abord enfant de chœur à la cathédrale de Narbonne, puis, en 1624, rejoint son frère aîné à Paris. En 1628, il obtient le poste de « maître de la musique » de Gaston d'Orléans, frère du roi Louis XIII, qu'il conserve jusqu'à la mort de son maître (1660). Il est en outre, de 1634 à 1649, maître de musique de sa fille, Mlle de Montpensier. Enfin, il est nommé en 1661 « maître de musique des Estats du Languedoc », position qu'il occupera jusqu'à sa mort. Ces différents postes ne l'empêchent pas de mener une vie très active, enseignant, voyageant, dirigeant et composant beaucoup. Il est l'auteur d'un grand nombre d'airs de cour (cinq livres avec tablature de luth et cinq livres à 4 et 5 parties), parmi lesquels se trouve sa musique de ballet (Ballet du monde renversé, Ballet de Mademoiselle : les Quatre Monarchies chrétiennes…) d'une Missa pro defunctis à 5 voix et de pièces sacrées contenues dans les Meslanges de sujets chrétiens, cantiques, litanies et motets, de 2 à 5 voix avec basse continue.

   Ses airs sont traditionnels, le plus souvent assez simples et syllabiques, mais parfois d'une grande richesse mélodique et rythmique, en particulier ses airs espagnols et italiens. Ils eurent un immense succès à l'époque et subirent différentes adaptations, y compris à l'étranger. Ils servirent même de matériel thématique à quelques chants sacrés (dans la Despouille d'Égypte, 1629, et la Philomèle séraphique, 1632). Son style est assez différent dans sa musique sacrée. Alors que sa Missa pro defunctis est plutôt sobre et d'une facture archaïque typique des messes du XVIIe siècle, ses motets, par contre, représentent un changement dans son écriture puisqu'il y utilise le style concertant et la basse continue.

Moulu (Pierre)

Compositeur franco-flamand ( ? v. 1480-1490 – ? v. 1550).

On ne sait rien de précis sur sa vie, mais on peut déduire certaines de ses activités de ses compositions. Il était actif au début du siècle puisqu'il écrivit une déploration sur la mort d'Anne de Bretagne (Fiere attropos mauldicte et inhumaine), décédée en 1514. En outre, le texte de quelques pièces semble prouver l'appartenance de Pierre Moulu à la chapelle royale, à Paris, dans le premier quart du XVIe siècle. C'est en particulier le cas du motet Mater floreat florescat, écrit en l'honneur des grands musiciens de France (Agricola, Busnois, Compère, Dufay, de La Rue, Obrecht), et dont une bonne partie est consacrée à des musiciens du début du siècle (Brumel, les frères Févin, Isaac, Mouton, Ninot le Petit). La place privilégiée accordée à Josquin Des Prés peut donner raison à Ronsard, qui prétend que Pierre Moulu fut élève du grand musicien dans sa dédicace au Livre des meslanges (1560). Cette thèse semble être corroborée par les emprunts que Moulu a faits à Josquin (messe Missus est Gabriel, par exemple) et par les similitudes de style entre les deux musiciens (similitudes sensibles en particulier dans la déploration déjà citée).

   Moulu a écrit dans les trois genres de l'époque : messes, motets et chansons. Son écriture est assez conservatrice et se caractérise par un style note contre note fréquent et par de nombreux emprunts, non seulement dans ses messes (messes parodies), mais aussi dans ses chansons qui puisent souvent dans le répertoire populaire. Son œuvre la plus célèbre est la messe Alma redemptoris mater, écrite de façon à pouvoir être exécutée telle quelle, ou en omettant à toutes les voix les silences supérieurs à la minime. La renommée de Moulu à l'époque est certaine, car ses œuvres furent publiées par Attaingnant, qui transcrivit pour orgue le motet Sicut malus, dont s'inspira Palestrina dans sa messe In illo tempore.

Mouradeli (Vano)

Compositeur soviétique (Gori, Géorgie, 1908 – Tomsk 1970).

Il fit ses études de composition et de direction d'orchestre au conservatoire de Tbilissi, puis se perfectionna à Moscou auprès de Miaskovski (1934-l938). Il composa en 1947 l'opéra la Grande Amitié, qui déplut à Staline. Les critiques qui s'ensuivirent furent à l'origine de la célèbre campagne « anti-formaliste » de 1948, qui atteignit de nombreux compositeurs soviétiques (tels Chostakovitch, Prokofiev, Khatchatourian). Son opéra Octobre (1962 ; créé à Moscou, 1964) met en scène le personnage de Lénine. Une de ses mélodies est restée particulièrement populaire : le Glas de Buchenwald. Les œuvres de Mouradeli montrent son attachement à l'enseignement académique et au folklore géorgien.