Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
F

frette

Dans la facture du luth, de la guitare et des instruments qui sont leurs dérivés, le terme désigne les séparations placées sur le manche, de demi-ton en demi-ton, délimitant les « cases » où l'interprète place les doigts pour raccourcir les cordes. Sur le luth, les frettes sont constituées de simples morceaux de boyau (ou de Nylon) liés autour du manche, tandis que sur la guitare on utilise depuis le XIXe siècle de minces tiges de métal incrustées dans le bois du manche.

Freund (Marya)

Soprano polonaise naturalisée française (Wroclaw 1876 – Paris 1966).

Elle étudie d'abord le violon avec Pablo de Sarasate, puis le chant avec Henri Criticos. Dès ses débuts à Vienne en 1898, elle se consacre au répertoire de son temps. Elle chante les lieder de Mahler et, en 1913, crée les Gurrelieder de Schönberg à Vienne. En 1922, elle donne les premières auditions française, belge et anglaise du Pierrot lunaire. Debussy, Fauré et Ravel trouvent en elle une interprète ardente, tout comme Stravinski, Szymanovski et Poulenc. Elle compta parmi ses élèves Germaine Lubin, Jennie Tourel et Marie Powers.

Freylingshausen (Johann Anastasius)

Théologien allemand (Gandersheim, Basse-Saxe, 1670 – Halle 1739).

Il fut directeur de l'Hospice des orphelins et du Pädagogium de Halle. Sa contribution à l'histoire de la musique consiste en deux recueils de lieder spirituels : Geistreiches Gesangbuch… (Halle, 1704) et Neues Geistreiches Gesangbuch… (ibid., 1714). Ces deux ouvrages constituent une somme unique en son genre, tant par les textes (ils comprennent respectivement 683 et 815 lieder) que par les nombreuses mélodies rassemblés ; ces dernières sont proposées avec une basse chiffrée. Le caractère émouvant, voire sentimental de ces œuvres, les rattache au piétisme.

Frick (Gottlob)

Basse allemande (Ölbronn, Wurtemberg, 1906 – Mühlacker 1994).

Il entra dans les chœurs de l'opéra de Stuttgart en 1927 et s'éleva peu à peu au rang de soliste, débutant à Cobourg en 1934. Il fut engagé en 1938 à l'opéra de Dresde auquel il appartint jusqu'en 1950. Après la guerre, il s'imposa comme une des plus grandes basses d'Allemagne et fit une carrière internationale. Son répertoire allait des rôles wagnériens (Hunding de la Walkyrie, Hagen du Crépuscule des Dieux, le roi Henri de Lohengrin, etc.) à celui de Sarastro dans la Flûte enchantée ou au personnage comique d'Osmin dans l'Enlèvement au sérail, en passant par les opéras-comiques de Nicolai ou Lortzing. Il pouvait plier son beau timbre, d'une couleur très particulière, aussi bien à l'expression de la rudesse la plus sauvage qu'à celle d'une grande bonté.

Fricker (Peter Racine)

Compositeur anglais (Londres 1920 – Santa Barbara, Californie, 1990).

Descendant de l'écrivain Jean Racine, il a fait ses études au Royal College of Music de Londres, puis auprès de Matyas Seiber, et, en 1953, succéda à Michael Tippett comme directeur de la musique du Morley College. Après des débuts prometteurs, son nom apparut moins souvent dans les programmes de concerts de son pays, ce qui explique en partie qu'en 1964 il alla enseigner à l'université de Santa Barbara en Californie, où il réside toujours. Dans un style chromatique très personnel et d'une belle densité contrapuntique, il a écrit notamment cinq symphonies (1949-50, 1951, 1960, 1964-1966 et 1975-76), deux concertos pour violon (1951-52 et 1954), un pour alto (1953), un pour piano (1954), Concertante no 2, pour 3 pianos, cordes et timbales (1951), Concertante no 4, pour flûte, hautbois, violon et cordes (1968), des œuvres vocales comme l'opéra la Mort de Vivien (1956), l'oratorio The Vision of Judgment (1957-58), un Magnificat (1968) et Six Mélodies de Francis Jammes (1980), de la musique de chambre (dont trois quatuors à cordes de 1947-48, 1953 et 1974-1976 et un célèbre quintette à vents de 1947), de piano et d'orgue.

Fricsay (Ferenc)

Chef d'orchestre hongrois (Budapest 1914 – Bâle 1963).

Après de brillantes études dans sa ville natale avec Kodály et Bartók, il fut nommé dès l'âge de vingt ans au pupitre de l'orchestre philharmonique et du théâtre de Szeged, fonctions qu'il cumula de 1939 à 1945 avec la direction de l'orchestre philharmonique et de l'orchestre de l'opéra de Budapest. Mais sa réputation internationale date de 1947, quand il remplaça Otto Klemperer au festival de Salzbourg pour la création de Dantons Tod (« la Mort de Danton ») de Gottfried von Einem. Appelé l'année suivante à diriger l'orchestre de la RIAS et celui de l'opéra de Berlin-Ouest, chef d'orchestre de l'opéra de Munich de 1956 à 1959, il inaugura en 1961 le nouvel opéra de Berlin. On lui doit un essai, Ueber Mozart und Bartók, publié à Francfort en 1962.

Fried (Oskar)

Chef d'orchestre et compositeur allemand naturalisé russe (Berlin 1871 – Moscou 1941).

À quinze ans, il est membre d'une troupe de musiciens ambulants. En 1889, il est corniste d'un orchestre de musique légère à Francfort et rencontre Humperdinck. Influencé par le wagnérisme, il travaille la composition. De 1894 à 1897, il suit un apprentissage assez bohème, fréquentant peintres et écrivains à Düsseldorf, Munich et Paris. En 1898, il se fixe à Berlin, où il joue un rôle grandissant : de 1904 à 1910, il dirige la société chorale Stern, et, dès 1905, l'orchestre des « Nouveaux Concerts ». De 1907 à 1910, il est aussi chef de l'importante « Société des amis de la musique » de Berlin, et, à partir de 1908, du Blüthnerorchester. Lié avec Mahler, il dirige toutes ses symphonies. Entre 1920 et 1930, il enregistre de nombreux 78 tours, dont la Deuxième Symphonie de Mahler et l'Oiseau de feu de Stravinski. Face au nazisme, il choisit d'émigrer en U.R.S.S., où il est nommé en 1934 chef de l'Orchestre de Tbilissi. Il acquiert le passeport russe en 1940, dirige l'Orchestre radio-symphonique de Moscou, et enfin l'Orchestre d'État de l'U.R.S.S. On lui doit de nombreuses compositions, parmi lesquelles une Nuit transfigurée pour deux chanteurs et orchestre, qui connut le succès en 1901.

Friedländer (Max)

Musicologue allemand (Brieg, actuellement Brzeg en Pologne, 1852 – Berlin 1934).

Également baryton, il a consacré l'essentiel de ses travaux au lied et à la chanson populaire allemande, et publié un ouvrage sur les lieder de Brahms.