Dictionnaire de la Musique 2005Éd. 2005
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KarÐowicz (Mieczysðaw)

Compositeur polonais (Wiszniews 1876 – monts Tatras 1909).

Il fit ses études au conservatoire de Varsovie avec Naskowski, et fut un des membres les plus représentatifs et les plus prometteurs du groupe Jeune Pologne. Il ne put révéler son talent que dans quelques œuvres très expressives, en particulier des poèmes symphoniques (Chants éternels, 1908 ; Récit empreint de tristesse, 1908 ; Rhapsodie lituanienne, 1906 ; l'Épisode au bal masqué, 1909 ; Stanisðaw et Anna O'swiecim, 1907), où se ressentent l'influence de l'orchestration germanique, particulièrement celle de R. Strauss, et la marque de Wagner quant à l'exploitation des leitmotive et de certains modèles harmoniques. Parmi ses œuvres de jeunesse, il faut citer le Concerto pour violon en la majeur (1902), écrit pour son professeur de violon S. Barcewicz, et la Sérénade pour orchestre (1898), œuvres où apparaissent certains caractères d'orchestration propres à Tchaïkovski. Traits que l'on retrouve, d'ailleurs, dans des œuvres ultérieures ­ bien qu'exprimés à travers un langage plus personnel ­, notamment dans le poème symphonique Powracajace fale (« les Vagues qui reviennent »). M. Karðowicz, qui est également l'auteur de cycles de mélodies, a su exceptionnellement tirer parti des arguments littéraires qu'il a traités musicalement et, dans ses œuvres les plus réussies, parvenir à se dégager d'un romantisme germanique sur le déclin pour affirmer des qualités créatrices personnelles et un tempérament spécifiquement polonais.

Karel (Rudolf)

Compositeur et chef d'orchestre tchèque (Plzeň [Pilsen] 1880 – camp de concentration de Theresienstadt 1945).

Il fit ses études universitaires à Prague, puis entra au conservatoire, où il travailla dans les classes de K. Knittl, Stecker, Hoffmeister, puis étudia la composition et l'orchestration avec Dvořák. Il fut surpris par la guerre de 1914-1918 alors qu'il était en Russie. Il y demeura jusqu'en 1923, en tant que chef d'orchestre et enseigna dans diverses villes (Omsk, Vladivostok, Irkoutsk, etc.). De retour à Prague, il enseigna la composition au conservatoire et fit de fréquentes tournées comme chef. Il a laissé une œuvre importante, dont la rigueur de forme rappelle Reger, mais dont l'originalité est digne du dernier Dvořák.

Karetnikov (Nicolas)

Compositeur soviétique (Moscou 1930 – id. 1994).

Élève de Chebaline à l'École centrale de musique (1942-1948), puis au conservatoire de Moscou (1948-1953), il a beaucoup composé pour le théâtre et le cinéma. D'abord influencé par Chostakovitch et Mahler, il s'est ensuite intéressé à l'école viennoise, et a utilisé des séries de douze sons tout en orientant son style orchestral dans le sens d'un plus grand dépouillement. On lui doit notamment quatre Symphonies (1951, 1956, 1959, 1963), le ballet Vanina Vanini, d'après Stendhal (1961) et les opéras Till Eulenspiegel (1982) et le Mystère de l'apôtre Paul (1986).

Karloschka (Erhard)

Compositeur allemand (Mahisek Ostran 1923).

Professeur depuis 1958 à la Musikhochschule de Stuttgart, il a publié divers travaux musicologiques, dont un livre sur les problèmes de la notation de la musique contemporaine, et a composé, notamment : Concertino pour orchestre de chambre (1952), Symphonische Evolutionen (1953), Veni Sancte Spiritus pour orchestre et double chœur (1957), Antinomie pour quintette à vent (1968), Tempora mutantur pour quatuor à cordes (1971), Mit/gegen sich selbst (« Avec/contre soi-même ») pour un pianiste jouant de 2 pianos, un célesta, tam-tam, et bande, Sczene im Schlagzeug pour un percussionniste (1970), plusieurs œuvres pour chœur, des pièces pour orgue, Klangzeitspektakel pour quatuor à cordes, ordinateur et projection (1988).

Kasemets (Udo)

Compositeur canadien d'origine estonienne (Tallinn 1919).

Il a fait ses études dans son pays natal, puis à Stuttgart, et a fréquenté les cours d'été de Darmstadt. Établi au Canada depuis 1951, il y a exercé, principalement à Toronto, de nombreuses activités de critique, d'enseignant, de chef d'orchestre et de chœur, et d'éditeur de musique, tout en restant en contact permanent avec l'avant-garde américaine. Sa première période créatrice qui comprend 21 numéros d'opus, recouvre « les œuvres écrites avant que le compositeur ait pris contact avec les tendances actuelles de la composition », ainsi que celles manifestant « un style tonal traditionnel » (1941-1950). Toutes ces œuvres ont été retirées par le compositeur. Suivirent de 1950 à 1960 une vingtaine d'œuvres adoptant « le mouvement général de cette période pour ce qui est du style et de la structure ». En fait, Kasemets ne retient vraiment que sa production postérieure à 1960. Il se tourna alors vers les formes ouvertes et indéterminées, vers la notation graphique, vers la combinaison de la musique avec les autres arts (littérature, arts plastiques et visuels), cela sous l'influence d'artistes tels que E. Brown ou M. Feldman, puis de J. Cage. Fifth Root of Five (1962-63) confronte deux pianistes à une succession de fragments de cinq secondes chacun à interpréter de diverses façons. Trigon (1963), l'ouvrage de Kasemets le plus souvent exécuté, relève plutôt du happening : il est fait appel ici à un, trois, neuf ou vingt-sept participants, et à divers media (musicaux ou non musicaux) pouvant atteindre le nombre de quatre-vingts. Contactics (1966) et Tt (Tribute to Buckminster Fuller, Marshall McLuhan, John Cage) [1968] exigent une participation active de l'auditoire. Quartet of Quartets (1971-72) implique la retransmission sur bande de l'enregistrement de la lecture de divers articles choisis en fonction d'un thème précis, puis la superposition de cet enregistrement à des lectures d'autres textes dans des langues différentes, choisis en cours d'exécution (la durée de cette pièce est libre, le téléphone ou le télégraphe pouvant venir s'ajouter à l'accumulation des matériaux sonores). Principal représentant de l'extrême avant-garde au Canada, auteur de nombreux articles, Udo Kasemets a édité trois ouvrages : The Modern Composer and his World (Toronto, 1961), Canavangard (1968) et Focus on Musicecology (Toronto, 1970).