Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Peto (John Frederick)

Peintre américain (Philadelphie 1854  – New York 1907).

La vie de Peto fut difficile : il avait été formé à la Pennsylvania Academy of Fine Arts mais, après avoir exercé toutes sortes de métiers à Philadelphie (il tint ainsi boutique de portraits photographiques), il vint s'installer à Island Heights, dans le New Jersey (1889), où il devait rester jusqu'à sa mort. Ses œuvres restèrent ignorées du grand public ; il exposa à la Pennsylvania Academy de 1879 à 1887 sans aucun succès et, par la suite, il ne peignit que pour une clientèle essentiellement locale. Il resta toute sa vie et même après sa mort dans l'ombre de Harnett, qu'il avait connu lors de son séjour à Philadelphie (1876-1880) et alors en pleine vogue, puisqu'un ensemble de ses œuvres fut faussement attribué à ce dernier par un marchand peu scrupuleux. L'influence qu'ont pu exercer l'un sur l'autre les deux artistes est encore sujette à discussion, mais pas l'originalité très personnelle de Peto, redécouvert et étudié depuis la fin des années quarante.

Petrov-Vodkine (Kouzma Sergueïevitch)

Peintre soviétique (gouvernement de Saratov 1878  – Moscou 1939).

Il étudie à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou entre 1897 et 1904, mais se trouve à Munich dans l'atelier d'Azbé en 1901. Entre 1905 et 1908, il voyage en France, en Italie et en Afrique. Il s'oriente rapidement vers le décor de théâtre (1913, la Pucelle d'Orléans de Schiller ; 1923, le Journal de Satan, d'après Andreïev). Sa peinture éclatante, qui puise son inspiration dans les icônes, eut une influence certaine. Il fut professeur à l'Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg à partir de 1910. Petrov-Vodkine, peintre et théoricien (l'Espace d'Euclide, Leningrad, 1932), attache une importance particulière à l'élaboration d'une construction d'espace proprement pictural à l'aide de forts contrastes chromatiques et de la combinaison de perspectives dans laquelle le point de vue de haut en bas domine. Sa peinture conserve longtemps un léger accent symboliste (Après la bataille, 1923), pour devenir vers la fin réaliste et descriptive (la Mort du commissaire, 1928, Moscou, musée de l'Armée soviétique ; 1919, 1935, Saint-Pétersbourg, Musée russe).

Petrovič (Nadežda)

Peintre d'origine serbe (Čačak  1873  – Valjevo  1915).

Élève de Djordje Krstić, elle poursuivit ses études à Munich chez Anton Ažbé et Julius Exter. D'abord, elle complète sa formation avec des tableaux de style impressionniste et surtout postimpressionniste, mais rapidement se révèle une coloriste subtile (l'Arbre dans la forêt, 1902, Belgrade, M. N.). De retour d'Allemagne, l'artiste prend conscience de l'écart qui sépare le milieu traditionnel de son pays et celui de l'étranger, cosmopolite, et déploie alors une activité immense, écrivant les premières critiques d'art moderne, organisant des expositions, animant des groupes d'artistes, s'engageant dans les manifestations politiques. Très mal accueillie par la critique, sa première exposition à Belgrade en 1900 marque le point de départ de l'art moderne en Serbie. De 1903 à 1910, elle peint avec enthousiasme des paysages et des figures de son pays avec une pâte grasse, aux couleurs vives inconnues en Serbie, révélant un tempérament puissant (Resnik, 1904, Belgrade, M. N. ; la Gitane, 1905, Belgrade, G. A. M. ; Cortège à Sićevo, 1906, id.) ; ces œuvres situent l'art de Nadežda Petrović parmi les tendances de l'avant-garde européenne issues de l'Impressionnisme. La période parisienne (1910-1912) marque un épanouissement, déterminant pour l'art serbe, caractérisé par l'emprunt de coloris fauves propres à Nadežda (le Berger, 1912, Belgrade, M. N.).

   Les accents expressifs mis en valeur par une composition de plus en plus simplifiée sont repris dans la dernière période, qui correspond à la guerre avec la Turquie et la Bulgarie, puis à la Première Guerre mondiale, pendant laquelle l'artiste s'engage comme infirmière volontaire dans l'armée serbe (Prizren, 1913 ; Gračanica, 1913 ; Belgrade, M. N. ; les Tentes de l'hôpital de campagne, 1915, Belgrade, G. A. M.). Personnalité dominante de la vie culturelle et publique de la Serbie, Nadežda Petrović est l'un des pionniers de l'art moderne en Yougoslavie.

Petruccioli (Cola)

Peintre italien (Orvieto, v. 1360  – Pérouse 1401).

Il est mentionné, pour la première fois, le 25 septembre 1372 comme aide d'Ugolino di Prete Ilario dans l'exécution des fresques de la tribune de la cathédrale d'Orvieto. En 1378, il travaille toujours aux côtés d'Ugolino et, en 1380, il peint avec Andrea di Giovanni le " faux chœur " de la tribune. Le 1er février 1380, il signe et date la fresque avec le Crucifix entre la Vierge et saint Jean (Orvieto, crypte de la cathédrale), où, en dehors de celle d'Ugolino, on reconnaît l'influence du Maître de Campodonico. Son style personnel atteint sa maturité dans le diptyque avec la Crucifixion et des saints et le Couronnement de la Vierge (1385, Spello, musée de S. Maria Maggiore). Un petit panneau avec la Madone à l'Enfant et les saintes Véronique, Catherine, Mustiola et Lucie (Venise, coll. Cini), également signé et probablement postérieur de quelques années, témoigne d'une nette anticipation du style gothique international. Un fragment de fresque avec le Crucifix et les saints Jean et Barthélemy n'est pas signé, mais daté (1398, Pérouse, S. Agostino). À partir des rapports évidents qu'elles présentent avec le panneau Cini, il est attribué avec certitude à Petruccioli une série des fresques détachées sans date ni signature, avec les allégories des Vertus, des Vices, de la Vie active, de la Vie contemplative et l'Annonciation, provenant de Pérouse (musée de Budapest).

Pettenkofen (August Xaver von)

Peintre autrichien (Vienne  1822  – id.  1889).

On peut diviser son œuvre en 2 parties, dont la charnière est le milieu du siècle. De 1834 à 1841, Pettenkofen travaille à l'Académie de Vienne, puis son évolution continue dans l'esprit de la " vieille peinture viennoise " de genre. Ses travaux lithographiques sont surtout consacrés à l'illustration de la vie militaire, qu'il connut en combattant avec les forces autrichiennes contre le soulèvement hongrois des années 1848-49. En 1853, il séjourne pour la première fois à Szolnok, petite ville au centre de la plaine hongroise ; les motifs de ces paysages l'imprègnent profondément : le pays spacieux sous un ciel lourd et nuageux, le sol roussi, les lacs, les bohémiens, les chevaux, les groupes d'arbres, oasis de lumière, autant de motifs qui, intensément vus et sentis, contribuent à l'évolution de son style (le Marché de Szolnock, 1851, Baltimore, W. A. G.). Des séjours successifs à Paris, entre 1852 et 1883, l'influencent également. Pettenkofen s'initia alors à l'art de Barbizon et se lia avec Meissonier et le Belge Stevens ; la structure linéaire de ses premiers tableaux fit place à une facture souple et purement picturale (les Volontaires hongrois Henés, 1852). Pettenkofen est considéré aujourd'hui comme le peintre par excellence de la Puszta. Johann Gualbert Raffalt et Karl Leopold Müller subirent profondément son influence, sans atteindre toutefois à sa maîtrise. L'Österr. Gal. de Vienne possède la collection la plus complète de ses peintures de 1860 à 1880. Également dessinateur, surtout après 1880, Pettenkofen illustra alors son livre préféré, le Gil Blas de Lesage ; ces dessins (Albertina) permettent de suivre les différentes étapes de ce travail, depuis les rapides croquis à la mine de plomb, à la plume et au pinceau jusqu'aux réalisations les plus achevées au lavis ou à la sépia avec rehauts de blanc ; l'auteur fait alors surgir un monde fantastique dans un métier graphique hallucinant.