Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
S

Shiraga Kazuo

Peintre japonais (Amagasaki, Hyogo Prefecture, 1924).

Après un premier apprentissage de la technique traditionnelle japonaise, Shiraga adopte la peinture à l'huile et devient élève de Yoshihara (1948). En 1953, il fonde le groupe Zéro avec Tanaka, Murakami et Kaneyama. Protagoniste remarqué de Gutaï à partir de 1955, il affirme l'engagement corporel avec le matériau : quand il se roule dans la boue pour y laisser l'empreinte de son corps, l'action est l'œuvre même ; une charpente de poteaux peints en rouge devient prétexte à l'entaille (Œuvre : Bois rouge, 1957). C'est en maintenant une continuité avec cette recherche qu'il renoue, dans les années 1960, avec le médium pictural. La technique adoptée alors le retient encore aujourd'hui — les toiles abstraites expressionnistes qu'il peint avec ses pieds font de lui un des meilleurs représentants de l'art informel japonais (Genten, 1990, Toulouse, M. A. M.). Moine bouddhique depuis 1971, son art se ressent de la tradition des maîtres zen. Depuis 1962, la galerie Stadler, à Paris, lui consacre régulièrement des expositions. Il est représenté au M. A. C. de Nagaoka.

Siberechts (Jan)

Peintre flamand (Anvers 1627  – Londres v.  1703).

Fils d'un sculpteur, maître à Anvers en 1648 ou en 1649, il voyagea probablement v. 1650 en Italie, où il dut subir l'influence des peintres néerlandais italianisants tels que Nicolas Pieterz Berchem, Jan Both ou Karel Dujardin, ce qui lui permit d'échapper à l'influence de Jordaens, omniprésente à Anvers à cette époque. L'artiste travailla à Anvers jusqu'en 1672, puis se rendit en Angleterre, appelé, selon les chroniqueurs, par le duc de Buckingham.

   On peut distinguer trois périodes principales dans l'évolution de son style. Des débuts de Siberechts (1651-1661), on connaît très peu d'œuvres : le Printemps italien (1651, musées de Berlin) et la Conversation au bord du gué (1660, musée de Göteborg). De 1661 à 1672, la manière de l'artiste devient plus originale : il peint avec une large facture les paysages, les gens et les animaux des Flandres. Il a une prédilection pour le motif du Gué, qui lui permet de traiter en de subtiles variations le scintillement de la lumière ; le tableau du musée de Lille (1663) et celui du musée d'Anvers furent conçus selon cette formule. En même temps, Van Siberechts s'intéresse surtout aux volumes, aux formes, à la sensation de sphéricité, comme dans la Toilette de la fermière (Ermitage), Une scène pastorale (Raleigh, North Carolina Museum) ou la Vachère à cheval (1672, musée de Budapest).

   En Angleterre, il s'oriente davantage vers l'expression du sentiment de la nature et les Vedute, comme en témoignent les vues de Chatsworth, de Longleat (1697, Tate Gallery), du Moulin de Lenton, et il peint alors son chef-d'œuvre, le Départ pour la chasse (1684, Bruxelles, M. R. B. A.). Il réalisa aussi quelques aquarelles qui préfigurent curieusement les paysagistes anglais du XIXe siècle. À la fin de sa vie, Siberechts se montre de nouveau préoccupé des effets de lumière ; sa dernière œuvre datée, la Vue de la Tamise (1691, coll. part.), fournit l'illustration de ce retour de l'artiste à ses sources. Il faut souligner à quel point cette tentative reste unique à cette époque à Anvers.

siccatif

Employé adjectivement, ce mot désigne ce qui est apte à se polymériser par oxydation. Employé comme substantif, il désigne une préparation à base de composés métalliques, douée de propriétés catalytiques, ajoutée, à des doses relativement faibles, à des huiles, vernis, enduits gras afin d'accroître leur siccativité propre.

   Les siccatifs activent l'oxydation des huiles siccatives. Ce sont généralement des sels de plomb (siccatifs dérivés du plomb, litharge ou même céruse), des sels de manganèse (oxyde ou bioxyde de manganèse), des sels de zinc (sulfate de zinc, appelé autrefois " couperose blanche "). Les siccatifs mixtes (siccatifs de Courtrai) sont des mélanges à parts égales de sels de plomb et de sels de manganèse. Les peintres italiens ont utilisé des siccatifs. Au XVIIe s. Rubens fabriquait des huiles siccatives " fort épaissies au soleil sur la litharge ". À partir du XVIIe s., presque toutes les huiles furent siccativées artificiellement. Les siccatifs liquides ou en poudre nuisent à la solidité de la peinture si leur proportion dépasse de 3 à 5 p. 100 du poids de la couleur.

   Les siccatifs le plus fréquemment utilisés actuellement sont les oléates, les linoléates, les naphténates, les résinates et les stéréates de plomb, de manganèse, de fer, de cobalt et de zinc, solubles dans les huiles.

Sicilia (José Maria)

Peintre espagnol (Madrid 1954).

Étudiant à l'École des Beaux-Arts de Madrid de 1975 à 1979, il quitte l'Espagne pour s'installer à Paris en 1980. À une période où les galeries et la critique françaises sont attentives à la jeune création, il apparaît aux côtés de Barceló et de Campano, qui vivent également à Paris, comme l'un des représentants les plus significatifs de la peinture espagnole des années 80. Les premières images de Sicilia, traitées dans un style proche de la Bad Painting, comme les peintures d'objets réalisées en 1982, confirment son intérêt pour les nouveaux courants de la peinture figurative. Son travail s'organise par séries de peintures où se trouvent réunies des natures mortes ainsi que la représentation d'outils et d'ustensiles ménagers. Ces œuvres sont exposées aux " Ateliers " de l'ARC, musée de la Ville de Paris, et à la gal. Crousel-Hussenot en 1984. Au cours des années 1985 et 1986, il connaît une renommée internationale en France et à New York, où il séjourne pendant un hiver pour y préparer l'exposition personnelle que lui consacre la gal. Blum Helman. Les œuvres qui y sont présentées témoignent du renouvellement actif de son travail. Il inaugure une nouvelle série, intitulée " Fleur ", résultant plus d'un traitement abstrait du motif que d'un souci de réalisme. Sicilia, dont les peintures jusqu'en 1985 sont marquées par la liberté du geste, la violence de la couleur et la dynamique des tracés, s'oriente par la suite vers une recherche de la picturalité où dominent les questions de l'analyse des formes, de la structure du tableau et de la matérialité de la touche, renforcées par des techniques diverses (Sans Titre, 1993, aquarelle et cire sur bois).

   Des expositions personnelles de son œuvre sont réalisées par le musée d'Art contemporain de Bordeaux (1987) et par le Palacio Velázquez de Madrid (1988). Il a reçu en 1989 le Prix national des arts plastiques et a représenté l'Espagne à l'Exposition internationale de Séville avec la série des Pesages.