Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hondecoeter (les de)

Famille de peintres néerlandais.

 
Gillis Claesz (Anvers v.  1575  – Amsterdam 1638). Il séjourna à Delft, puis à Utrecht en 1602, et enfin à Amsterdam, où il est mentionné en 1610 et inscrit à la gilde de Saint-Luc en 1636. Il peignit de clairs et légers paysages, d'un Maniérisme encore décoratif (Dresde, Gg ; Rijksmuseum ; Site rocheux, 1620, Rotterdam, B. V. B.), soumis à l'influence générale de Gillis Van Coninxloo, mais assez proches de Vinckboons et surtout de Savery, qu'il rappelle beaucoup dans sa façon d'enrichir et d'animer le paysage avec des animaux (tableau de 1627, à l'Ermitage).

 
Gijsbert Gillisz (Utrecht ou Amsterdam 1604 –Utrecht 1653). Fils de Gillis, il fut son élève et travailla à Utrecht, exécutant lui aussi des paysages (Paysage à l'étang, musée d'Anvers), souvent animés par des animaux (Oiseaux aquatiques, 1652, Rijksmuseum ; Oiseaux, Rotterdam, B. V. B.) qui rappellent la vision de la nature qu'avait Roelandt Savery.

 
Melchior (Utrecht 1636 – Amsterdam 1695). Fils de Gysbert Gillisz, il est le peintre le plus célèbre de la famille. Neveu et élève de J. B. Weenix, il est cité de 1659 à 1663 à La Haye, et en 1668 à Amsterdam ; il peignit avec une sorte de largeur somptueuse d'innombrables tableaux d'oiseaux qui lui valurent une large réputation et le surnom de " Raphaël des oiseaux ". Ses œuvres figurent dans la plupart des musées conservant des séries hollandaises. On peut citer, parmi beaucoup d'autres tableaux, Oies et canards (Londres, N. G. ; Mauritshuis), le Dindon blanc, et les Aigles attaquant des poules (Louvre), les Paons (Hambourg, Kunsthalle), ainsi que des natures mortes de chasse (Pièce de gibier, Oiseaux morts, Rijksmuseum) dans le style de son oncle et de Van Aelst. Les arrière-plans de ses tableaux ont souvent une saveur très italianisante. Melchior peignit une importante suite décorative d'Oiseaux pour le château d'Adolphe Visscher à Driemond (plus de 50 toiles, dont certaines se trouvent auj. à l'Alte Pin. de Munich).

   Par son goût somptueux, son mouvement et son éclat, où se devine d'ailleurs l'influence de Flamands tels que Fyt et Snyders, Melchior s'inscrit dans le courant " prérococo " qui marque, à partir de 1650, de nombreux artistes néerlandais, épris de faste et d'une grande manière décorative. Hondecoeter eut le plus grand succès en Angleterre, où ses tableaux servaient souvent à décorer des cheminées, et il fut initié dans ce pays par Francis Barlow et Jakob Bogdanny.

Hondius (Abraham)

Peintre néerlandais (Rotterdam v.  1625/1630  – Londres 1691 ou 1695).

Installé à Rotterdam jusqu'en 1659, puis à Amsterdam jusqu'en 1666, il émigre ensuite en Angleterre. On conserve de lui des tableaux datés entre 1651 et 1690. Excepté quelques peintures religieuses souvent caractérisées par un étonnant clair-obscur dérivé de Honthorst (bons exemples au musée épiscopal de Haarlem et au Rijksmuseum), la majeure partie de son œuvre représente des sujets de chasse. À une nette inspiration flamande dérivée de Fyt et de Snyders, Hondius joint la facture agitée et la virtuosité des italianisants annonciateurs du Rococo, comme les Weenix, Wouwer man, Berchem et, dans certains cas, Dujardin. Le Singe et le chat (musée de Cleveland) résume ce que la peinture de l'artiste peut comporter de férocité. Parmi les plus typiques de ses tableaux, citons la grande et alerte Chasse au sanglier et au cerf (1664, Hambourg, Kunsthalle), la Chasse au cerf (1663, musée de Grenoble) ou encore les pendants du B. V. B. de Rotterdam ; de la Chasse au sanglier, le Petit Palais de Paris possède une brillante copie par Largillière ou par Oudry. Mais Hondius mérite aussi d'être connu comme l'auteur de deux vues les plus étranges de la peinture du XVIIe s., la Tamise gelée (Londres, London Museum) et Navire pris dans les glaces (Cambridge, Fitzwilliam Museum), d'un irréalisme poétique qui évoque Caspar David Friedrich. Hondius a également exécuté en 1672 une suite de 8 eaux-fortes relatives aux sujets de chasse, mais il ne semble pas être apparenté à la dynastie de graveurs du même nom.

Honegger (Gottfried)

Peintre et sculpteur suisse (Zurich 1917).

La carrière de Gottfried Honegger, qui s'était depuis l'âge de 20 ans surtout consacré au graphisme et à la publicité, n'a vraiment débuté qu'en 1957 avec la création de son premier " tableau-relief ". Abstrait à partir de 1950, marqué par l'art concret zurichois (Bill, Lohse, Graeser) et la peinture américaine (Rothko, Newman), Gottfried Honegger va trouver la confirmation de son travail au cours de son séjour à New York (1958-1960), où la gal. Martha Jackson organise la première exposition personnelle de ses œuvres en 1960. Installé ensuite à Paris, il va mener de front des recherches sur la peinture et la sculpture. Ses tableaux présentent des compositions justifiées par un système, l'utilisation du relief et de la monochromie, mais la facture et l'épiderme de l'œuvre y restent particulièrement travaillés. Les formes géométriques simples qu'il utilise (carrés, cercles) sont disposées à l'intérieur d'une trame orthogonale régulière selon un programme établi au préalable et toujours fondé sur un calcul à partir de nombres. Ses tableaux sont constitués de morceaux de carton posés à bords vifs et marouflés sur la toile, recouverts ensuite de nombreuses couches de peinture. L'artiste obtient ainsi un effet de relief sur la surface qui accroche la lumière et rend la composition changeante. Les formes en creux ou en relief y sont parfois obtenues par incisions, qu'il nomme " biseautages ". Honegger a voulu également faire intervenir le hasard dans la programmation de ses œuvres et a utilisé pour cela l'ordinateur ou plus simplement un jeu de dés. Dans la sculpture, qu'il pratique aussi à partir de 1968, prédominent l'étude des volumes, composés de cubes, de sphères et de leurs multiples, et l'établissement de structures et de rapports également fondés sur des systèmes.

   Depuis 1971, Gottfried Honegger a reçu de nombreuses commandes publiques en Europe (à Dijon, Grenoble, Genève, Zurich) et aux États-Unis, qui lui ont permis de réaliser des sculptures où il applique avec bonheur ses recherches à l'échelle monumentale. Il est représenté à Paris, au M. N. A. M., à Marseille (musée Cantini), au musée de Grenoble, ainsi qu'à New York (M. O. M. A.), à Buffalo (Albright-Knox Art Gallery) et au Louisiana Museum (Humlebaek, Danemark).