Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Barra (Didier)

Peintre d'origine lorraine actif en Italie (Metz, v.  1590/1595  – encore mentionné à Naples en 1647).

Redécouverte récente de la critique, Barra est le second des peintres désignés sous l'appellation traditionnelle de " Monsù Desiderio ", avec un autre Messin vivant aussi à Naples à la même époque, François de Nomè. Mentionné à Metz jusqu'en 1608, il est à Naples en 1631, date de l'Éruption du Vésuve (Rome, coll. Allomello), très proche de la Vue panoramique de Naples (1647, Naples, musée de S. Martino), seule œuvre signée à partir de laquelle a été reconstituée la personnalité de l'artiste. Si Barra et Nomè ont un fonds de culture commun et collaborent parfois, ils sont en fait très différents. Nomè est un " peintre de cataclysmes ", attiré par le fantastique ; Barra est un topographe, un cartographe même, fondant son art sur une observation rigoureuse et détaillée de la réalité, à l'exemple des peintres des Pays-Bas. Mais, dans les 2 panoramas du musée de S. Martino à Naples et dans ceux qu'il peignit comme arrière-fonds des Saint Janvier protégeant la ville de l'éruption (tableaux de Onofrio Palumbo à la Trinità dei Pellegrini et de Marullo à S. Gennaro dei Cavalcanti), il n'est pas exempt de lyrisme, rachetant par des notations luministes la sécheresse documentaire de son style.

Barradas (Rafael Perez Gimenez Barradas, dit Rafael)

Peintre uruguayen (Montevideo 1890  –id. 1929).

Autodidacte de formation , fils d'un peintre espagnol réfugié en Argentine, Rafael Barradas expose ses premiers travaux au Salon Moretti de Montevideo en 1910. Trois ans plus tard, en août 1913, il quitte l'Amérique du Sud pour l'Europe et débarque à Gênes pour rejoindre Milan, où il découvre l'effervescence futuriste dont le dynamisme urbain le retiendra. Il se rend l'année suivante en Espagne et réside à Barcelone, entre 1916 et 1918, qui est, à cette époque, notamment grâce à l'activisme de la galerie Dalmau, un foyer de nouvelles recherches. Il y retrouve son compatriote Joaquim Torres Garcia. Barradas collabore aux revues avant-gardistes catalanes (Arc-Voltaïc, Un Ennemic del Poble, Proa) en livrant des dessins " vibrationnistes ", esquisses dynamiques représentant, dans un style futuriste édulcoré, des vues de ports, des cafés et des rues de Barcelone. Entre 1918 et 1925, Barradas s'installe à Madrid où il devient l'un des principaux illustrateurs des revues ultraïstes. Il partage de nombreuses discussions avec Guillermo de Torre et Gómez de la Serna, rencontre probablement à cette époque les Delaunay dont le simultanéisme avait orienté sa palette des années 1917-1919. Durant cette période madrilène, il réalise de solides portraits stylisés dont la gamme chromatique s'assombrit peu à peu. Entre 1925 et 1928, il regagne à nouveau la Catalogne, s'installe aux environs de Barcelone, à l'Hospitalet de Llobregat. Atteint d'une grave maladie, il regagne Montevideo où il meurt en février 1929.

   Une importante rétrospective de son œuvre a circulé en Espagne en 1992 et 1993. Elle a permis de confirmer le rôle déterminant joué par Barradas dans la diffusion des avant-gardes en Espagne, notamment du mouvement futuriste.

Barraud (Maurice)

Peintre et graveur suisse (Genève  1889  – id.  1954).

Il fait un apprentissage de dessinateur de publicité et ouvre son propre atelier (1909) tout en suivant des cours à l'École des beaux-arts de Genève. Ce n'est qu'en 1913 qu'il peut, grâce à une bourse, se vouer entièrement à la peinture. Il cultive aussi bien le paysage que la nature morte de fruits, mais son thème d'élection est la femme de Degas et de Lautrec, inspirée des représentations. En 1918, à la suite d'un séjour dans le Tessin, il se met à peindre en plein air. En 1923 et 1924, il expose au Salon d'automne à Paris puis se rend à Barcelone, à Madrid, aux Baléares, plus tard en Algérie et visite aussi l'Italie. Sa vision de la femme se transforme pour se fixer sur un type qui ne variera plus : dès lors se succèdent figures et nus de jeunes femmes au visage placide, aux formes pleines offertes à la lumière, que le peintre se plaît à saisir dans leurs moments d'abandon : Nu au fond rouge (1940). La manière de Barraud, souvent proche de celles de Bonnard ou de Matisse, est caractérisée par une palette aux tons clairs, volontiers acides, et une matière transparente. Illustrateur de toute une génération d'écrivains (Carco, Giraudoux, Chenevière), il illustra aussi 2 ouvrages dont il est l'auteur : Voyage et Silence. Barraud a peint dans les dernières années de sa vie une série d'Arlequins, où la sensualité fait place à une poésie presque mélancolique. Il s'adonna également à la peinture murale (gare de Lucerne ; palais de la S. D. N., Genève ; archives de Schwyz ; université de Fribourg).

Barré (Martin)

Peintre français (Nantes 1924  – Paris 1993).

Il se forme à l'école des Beaux-Arts de Nantes, en classe d'architecte d'abord, puis de peinture, et fait un premier séjour à Paris en 1943. À ses tout débuts, il est marqué par Picasso et Miró et travaille pour le théâtre (décors pour Huis clos de Sartre, Médée d'Anouilh, 1946-47). Il s'installe à Paris en 1948 et une réflexion sur l'apport de Mondrian et de Malévitch le conduit en 1954 à l'abstraction. Le problème de l'espace, de la forme et du fond est dès lors celui qui préoccupe le plus l'artiste. Après un voyage aux Pays-Bas en 1958, il désencombre progressivement la surface de la toile, qu'animent seulement quelques signes, diversement orientés (Peinture, 1965, Stockholm, Moderna Museet). La série dite " des zèbres ", où interviennent des bandes parallèles (1967), puis celle " des flèches " (1967-68) annoncent une réactivation de la surface (1972-1974) : des marques, des hachures colorées bleues ou ocre, transparentes sous des couches de blanc ou affirmées à la surface, modulent un espace où s'inscrivent aussi des tracés géométriques légers, suivant une grille dans laquelle le carré est privilégié. Entre 1963 et 1967, Barré a poursuivi une réflexion sur le support (éléments discontinus sur le mur) et sur le geste du peintre (couleurs directement appliquées à partir du tube ou grâce à des baguettes d'encadrement, usage de l'aérosol). À partir du milieu des années 1970, il a également privilégié l'analyse du format dans la composition de la toile (série des 14 toiles pour la Régie Renault, 1977-78) ; dans ses œuvres récentes, ses tableaux s'épurent davantage et l'artiste leur refusant toute identification les nomme uniquement par leur date d'exécution, leur série, leur dimension (92 B-124 X 128, C, 1992). Barré a exposé successivement à Paris, gal. la Roue (1955, 1956), gal. Arnaud (1957, 1968), gal. Daniel Templon (1969, 1974) et gal. Piltzer en 1976. Il est représenté à Paris (M. N. A. M. et M. A. M. de la Ville), à New York (Guggenheim Museum), à Oslo (Sonja Henie-Niels Onstad Foundations), à Rio de Janeiro (M. A. M.) et à Stockholm (Moderna Museet) et dans plusieurs F. R. A. C. français (Bretagne, Provence, [dépôt au musée Cantini, Marseille], etc.). Une grande rétrospective itinérante lui a été consacrée en 1989-90 (Nantes, Tourcoing, Nice, La Haye). Ses œuvres des années 1980 ont été présentées à Paris (G. N. du Jeu de Paume) en 1993.