Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Guttuso (Renato)

Peintre italien (Bagheria, Palerme, 1912  – Rome 1987).

Il commence à peindre en 1930 après avoir abandonné ses études de droit. Établi à Rome en 1931, Guttuso se lie avec les peintres de l'École romaine, en particulier Mafai, Cagli et Ziveri. Il se réfère à la peinture française, celle des fauves, de Van Gogh et de Cézanne, et puise dans le courant romantique et réaliste du XIXe siècle (Courbet, Daumier, Delacroix) les premiers principes d'un art nouveau, " populaire " et moderne. La structure néo-cubiste des œuvres de cette période, au cours de laquelle il adhère au mouvement milanais Corrente, s'accompagne, à partir de 1938, d'une violente tendance expressionniste.

   Pendant la guerre, Guttuso va prendre part à la Résistance. Cet engagement se marque alors dans les thèmes politiques et sociaux qu'il développe dans ses œuvres et qui aboutissent à la Crucifixion (1941, Rome, G. A. M.), le plus violent acte d'accusation contre les horreurs de la guerre. Cofondateur, après la guerre, du Fronte nuovo dell'arti, Guttuso devient, à partir de 1949, le chef de l'école néo-réaliste, participant aux côtés du parti communiste italien au débat sur le " réalisme socialiste " qui agite aussi la France à cette époque. Dans une série d'écrits, il met en évidence la nécessité d'un engagement esthétique conduit par un choix précis d'impératifs politiques et moraux. Pour lui, le " vrai objectif " devient un moyen de communication à travers un art populaire et politique. Guttuso emprunte ses sujets à l'actualité des luttes sociales (cycle sur l'Occupation des terres dans l'Italie méridionale, 1946-1948 ; Viêtnam, 1965). De nombreuses manifestations artistiques en Italie et hors d'Italie, ainsi que des expositions particulières de Guttuso aux Biennales de Venise (1948, 1950 puis 1960), confirment sa position.

   Le peintre aborde ensuite des grandes compositions dans la tradition du XIXe siècle, mais réinterprétées à travers un réalisme populaire. Il traite de cette manière des sujets historiques, des faits sociaux contemporains, des scènes de la vie citadine (la Plage, 1955, Rome, G. A. M.).

   Après 1956, Guttuso exploite aux mêmes fins des procédés nouveaux (la Discussion, peinture et collage, Londres, Tate Gal. ; Journal mural de mai 1958, 1968, Aix-la-Chapelle, Neue Gal.). Une rétrospective Guttuso a été présentée à Londres (White Chapel Art Gallery) en 1996.

Guys (Constantin)

Dessinateur français (Flessingue, Pays-Bas, 1802  – Paris 1892).

On sait qu'il était le fils d'un commissaire de la Marine, mais on a peu de précisions sur son enfance et sa jeunesse. À vingt ans, Guys combattit en Grèce aux côtés de Byron, puis s'engagea dans un régiment de dragons, pour démissionner vers 1830. De 1842 à 1848, il fut précepteur des petits-enfants de l'aquarelliste anglais Girtin. C'est à ce moment qu'il devint correspondant de l'Illustrated London News, pour le rester jusqu'en 1860. Il adressa ainsi, au journal illustré le plus lu de l'époque, des croquis de la révolution de 1848, puis des études recueillies dans les voyages que son métier de reporter lui imposa. Il parcourut les rives de la Méditerranée et l'Allemagne, et assista, envoyé par son journal, à la campagne de Crimée. Il laisse un nombre considérable de dessins exécutés d'un trait rapide au crayon, à la plume, au pinceau, souvent lavés d'aquarelle, inspirés par la vie quotidienne. Scènes de guerre, attelages fastueux, bouges ou maisons closes, dandys, élégantes, lorettes ou filles trouvèrent auprès de lui un infatigable historiographe. Loué par Théophile Gautier et par Baudelaire, qui lui consacra une étude en 1863, Guys connut cependant une fin misérable. À Paris, le Petit Palais et le musée Carnavalet conservent d'importantes séries de ses œuvres.

Gysbrechts (Cornelis Norbertus)

Peintre flamand (actif à Anvers au XVIIes.).

Il devint membre de la gilde de Saint-Luc à Anvers en 1659 et peintre de la cour à Copenhague entre 1670 et 1672. Dans ses natures mortes en trompe-l'œil sont rassemblés les objets les plus divers. On trouve des tableaux représentant des Vanités (Bruxelles, M. R. B. A.), des portraits, des natures mortes et desscènes de genre à côté de dessins, de gravures, de livres, de lettres, d'instruments de musique, d'ustensiles à peindre et à écrire. Les objets hétéroclites sont fixés contre un mur ou une fenêtre, ou encore disposés dans une niche ou sur une table à moitié cachée par une draperie. Une grande partie de l'œuvre de C. N. Gysbrechts est conservée à Copenhague (S. M. f. K.). L'artiste est également représenté en Belgique, au musée de Gand (deux Trompe-l'œil).

Gysbrechts (Franciscus)

Peintre flamand ( ?) [actif soit à Anvers, soit à Leyde au XVIIe s.].

Deux peintres du nom de Gysbrechts sont mentionnés comme membres de la gilde de Saint-Luc à Anvers, l'un en 1637, l'autre en 1676. Un peintre du même nom est inscrit dans la corporation des peintres à Leyde en 1674. Les natures mortes signées Franciscus Gysbrechts, dont la personnalité demeure énigmatique, sont peu nombreuses. Elles représentent des Vanités et des compositions en trompe-l'œil qui ressemblent à celles de Cornelis Norbertus Gysbrechts (Vanitas, Trompe-l'œil, Hambourg, Kunsthalle).