Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Stothard (Thomas)

Peintre britannique (Londres 1755  – id.  1834).

Après un apprentissage comme dessinateur sur soie, il suivit les cours de la Royal Academy en 1777. Ami de Flaxman et de Blake, il se fit d'abord connaître par des illustrations de livres néo-classiques ; mais, par la suite, il dut surtout son renom à sa peinture, inspirée de sujets historiques ou de thèmes shakespeariens, comme la Tempête (v. 1802, Londres, V. A. M.). La richesse de couleur et de tonalité de Stothard, surnommé à son époque le " Raphaël anglais ", dénote davantage l'influence de Titien et de Rubens, qui transparaît également dans la spontanéité de certaines esquisses (Intempérance, Londres, Tate Gal., esquisse pour la décoration de l'escalier de Burghley House commandée par le duc d'Exeter). Il est bien représenté à la Tate Gal.

Stradanus (Jan Van der Straeten ou Van der Straet, dit)

Peintre flamand actif à Florence sous le nom de Giovanni Stradano, Strada ou della Strada (Bruges 1523  – Florence 1605).

Il apprit son métier chez son père à Bruges et chez Pieter Aertsen à Anvers. Il devint maître de la gilde de Saint-Luc à Anvers en 1545. Après avoir collaboré avec Corneille de La Haye à Lyon, il se rendit à Venise. Dès 1550 env., il fut actif à Florence, où, pendant près d'un demi-siècle, il a souvent travaillé avec les Médicis et où il rencontra Vasari. Avec ce dernier, il a collaboré à plusieurs travaux au Vatican (de 1550 à 1553) et à Florence, au Palazzo Vecchio (entre 1550 et 1570) : plafond de la chambre d'Éléonore de Tolède et 2 panneaux pour le studiolo de Francesco I de Médicis (Circé et une Verrerie, 1570). Il fut très actif pour la manufacture de tapisserie de Cosme de Médicis, pour laquelle il livra un grand nombre de cartons : scènes religieuses ou mythologiques, scènes de chasse, scènes de l'histoire des Médicis. Il a travaillé également à Naples pour don Juan d'Autriche. Selon Borghini, il serait retourné en Flandre de 1576 à 1578, peut-être pour prendre contact avec les graveurs qui ont reproduit plusieurs suites de ses dessins. Artiste habile, Stradanus, dont les tableaux de chevalet sont rares (la Vanité, la Modération et la Mort, 1569, Louvre), était doué d'une capacité d'invention remarquable, qui lui permit de produire toutes sortes de projets pour des peintures décoratives, des gravures et des tapisseries. Au début, le style de ses œuvres s'apparente à celui de ses contemporains anversois, qui avaient élaboré un Maniérisme anecdotique par lequel ils estimaient pouvoir accorder la vision synthétique et l'élégance des Italiens et le réalisme des Flamands ; de cette époque datent les projets pour la série de gravures intitulées Nova Reperta. Plus tard, sous l'influence de Vasari et de Salviati, Stradanus est devenu un maniériste italianisant, qui n'a jamais pu renier complètement le sens aigu de la réalité, inné chez tout peintre flamand. Cette dualité se manifeste dans ses projets (1567-68, dessins au Louvre, Amsterdam, Stockholm...), pour les tapisseries des Scènes de chasse destinées au pavillon de chasse de Poggio a Caiano, dans la série de la Grande Passion et dans ses illustrations de Dante.

Strigel (Bernhard)

Peintre allemand (Memmingen v.  1460  – id. 1528).

Portraitiste attitré de l'empereur Maximilien Ier, qu'il représenta à maintes reprises (Portrait de Maximilien, 1504, musées de Berlin ; la Famille de Maximilien, Vienne, K. M.), Strigel était connu jusqu'à l'étude de W. Bode (1881) sous le nom de Maître de la Collection Hirscher (coll. de Fribourg-en-Brisgau où se trouvaient des panneaux dont l'auteur était resté anonyme), et certaines de ses œuvres étaient attribuées aux Holbein ou à Amberger. Essentiellement actif à Memmingen, il est à Vienne en 1515 et en 1520, à Innsbruck entre 1523 et 1525.

   Formé sous l'influence de B. Zeitblom, Strigel, s'il se montre attaché au début de sa carrière à la tradition gothique, fait preuve, dans le Retable de saint Étienne de Mindelheim (v. 1505 ; les panneaux sont répartis entre le Musée germanique de Nuremberg et le château de Donzdorf, coll. du comte de Rechberg), d'un style narratif et vivant qui ne nuit en rien à la robustesse des formes. Artiste sensible et intuitif, il se place, grâce à ses effigies raffinées au chromatisme savant, parmi les historiographes les plus fidèles du milieu aristocratique souabe : Portrait du marchand nurembergeois Hieronymus Haller (1503, Munich, Alte Pin.). Il peignit également des portraits de groupe : sa création la plus significative reste à cet égard le portrait en pied grandeur nature de Konrad Rehlinger et ses huit enfants (1517, Munich, Alte Pin.).

   Parmi ses meilleurs portraits, on peut encore citer un Portrait de femme au Metropolitan Museum, les Portraits de Hans Rott et de sa femme, Margaret Vöhlin (1527, Washington, N.G.), ainsi que l'excellent Portrait de Sibylla von Freyberg (Munich, Alte Pin.). La York Art Gal. conserve un Hallebardier endormi, qui, comme 3 autres panneaux comparables de l'Alte Pin. de Munich, provient sans doute d'un Retable du Saint-Sépulcre.

   Comme ceux de Berlin, de Munich, de Vienne et de Nuremberg, les musées de Bâle, de Karlsruhe, de Stuttgart, d'Innsbruck, de Memmingen et de Sigmaringen conservent des œuvres de Strigel.

Strindberg (August)

Écrivain, peintre et critique d'art suédois (Stockholm 1849  – id. 1912).

Dans les années 1870, il collabora en tant que critique d'art à plusieurs journaux suédois ; il s'était alors étroitement rallié au mouvement d'opposition dirigé contre l'Académie des beaux-arts, mouvement émanant de la phalange d'artistes suédois de Paris et de Grez-sur-Loing. Ses opinions artistiques se manifestaient en faveur d'un pleinairisme réaliste modéré, mais le peintre se tenait à l'écart des courants artistiques plutôt radicaux de l'époque. Strindberg appréciait peu les impressionnistes et, dans son introduction au catalogue de l'exposition Gauguin de 1895, il insiste sur la position indépendante de l'artiste vis-à-vis de l'Impressionnisme. Dans les premiers essais picturaux de Strindberg (toiles de 1872-1875, sur des motifs romantiques de mers et d'archipels), on perçoit une influence manifeste des peintres de Düsseldorf et de l'école de Barbizon. Lorsqu'au cours des années 1890-1895 et 1900-1907 Strindberg reprit la peinture, ce fut dans un esprit fortement subjectif et symbolique. La mer demeure son motif principal ; le peintre l'interprète à présent dans une facture large et sommaire, sous une lumière dynamique qui donne à ses toiles une force expressive annonçant le tachisme de l'après-guerre. La tonalité des couleurs est sombre et chargée d'une atmosphère de mauvais temps, d'orage. Strindberg est représenté, notamment, à Stockholm (au N. M., qui conserve notamment Mer démontée, balise-perche, 1892, et Mer démontée, balise sans marque, 1892) ; au Nordiska Museet (la Vague VIII, 1901-02), à la Thielska Gal. et au musée d'Orsay (Vague II).