Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Schüchlin (Hans)

Peintre allemand .

Il est, après Bartolomäus Zeitblom, le peintre le plus important de la ville d'Ulm. Bien que son nom figure à plusieurs reprises dans les archives de la ville et que de nombreuses quittances indiquent qu'il possédait un atelier des plus productifs, on ne dispose que d'un petit nombre de témoignages de ses travaux, dont la plupart furent anéantis par les iconoclastes. Les seules œuvres qu'on lui attribue en toute certitude sont les volets du maître-autel de Tiefenbronn, daté de 1469 et signé. Ces panneaux sont influencés par l'art flamand, par Rogier Van der Weyden notamment. Des réminiscences de Wolgemut et de Pleydenwurff laissent supposer, d'autre part, que l'artiste avait travaillé dans un atelier de Nuremberg avant de se fixer à Ulm.

   Quant à la grande fresque du Jugement dernier de la cathédrale d'Ulm, son mauvais état de conservation ne permet pas d'affirmer qu'elle est de Schüchlin. En revanche, l'artiste est sans conteste l'auteur d'un panneau qui se trouve à Prague (N. G.) et qui représente la Décapitation de sainte Barbe. Deux portraits, celui de l'architecte de la cathédrale d'Ulm, Moritz Ensinger (musée de Mayence), et un Double Portrait daté de 1479 (Munich, Bayerisches Nationalmuseum), semblent être également de sa main.

Schuhmacher (Wim)

Peintre néerlandais (Amsterdam 1894-id. 1986).

Après des études à l'École des beaux-arts d'Amsterdam, il se consacre à la peinture dès 1913. Il subit bientôt l'influence d'Henri Le Fauconnier. Après un séjour à Paris en 1920,l'artiste voyage en Europe. Ses tableaux sont marqués par l'art de Vlaminck et de Kanoldt. Au début des années 30, Schuhmacher éclaircit sa palette et continue à s'attacher à la construction dans ses représentations de paysages (le Port de Palma, 1931, Rotterdam, musée Boymans Van Beuningen) et de natures mortes (Nature morte aux oiseaux morts et poires vertes, 1932), qui font de lui un représentant tout à fait typique du réalisme magique néerlandais.

Schultze (Bernard)

Peintre allemand (Schneidemühl, Prusse-Orientale,  1915-Köln 2005).

Il étudie la peinture aux Académies de Berlin et de Düsseldorf. Mobilisé de 1939 à 1944, après une période figurative assez expressionniste, il passe peu à peu à une Abstraction informelle et colorée héritée surtout de Wols, dont l'influence sur son œuvre demeure durable à travers ses curieux avatars. Après la guerre, il expose à Mannheim (gal. Egon Guenther, 1947) et dans plusieurs villes allemandes ; il voyage et séjourne à Paris de 1945 à 1947 et en 1952-53 et participe à l'activité du groupe Phases et à l'exposition allemande du cercle Volney (1955). Il expose à Paris en 1956 (studio P. Fachetti, préface de Will Grohmann). Schultze s'installe à Francfort, où il forme avec Karl Otto Götz, Heinz Kreutz et Otto Greis, le groupe tachiste Quadriga. Vers 1957, il commence à introduire dans sa peinture des matériaux divers : paille, débris de tissus ou de cordages, qui sont encore comme englués dans la matière picturale, mais vont peu à peu s'en échapper pour donner naissance à de curieux " reliefs ". Ceux-ci se passeront bientôt de cadre et presque de support : un grillage léger, une fine armature de branches ou de fils de fer suffiront pour édifier ces constructions fragiles, lacunaires et comme rongées de l'intérieur par quelque horrible maladie, qui descendent parfois du mur et dont certaines se répandent jusqu'à terre (le Memo de Malone, 1961, Paris, M. N. A. M.). Mais les couleurs riantes, fraîches, fleuries des œuvres de Schultze sont là pour établir — non sans humour — l'équivoque de ce baroque fantastique, de ces floraisons morbides proliférant comme les champignons de Ionesco. Les dessins et collages de la même période gardent ces tons acidulés ou douceâtres au service d'un trait d'une finesse et d'une acuité très grandes. Après ces deux expositions particulières à Paris en 1958 et en 1962 (gal. Daniel Cordier), Schultze crée une sorte de personnage mythique, Migof, prétexte et objet de ces fêtes baroques qui se déploient bientôt dans l'espace, envahissant des pièces entières (le Grand Labyrinthe-Migof, 1966). Au cours des années 1970, Schultze réalise une série de peintures incluant des figures zoomorphes tirées de la mythologie grecque (Migof-Parthenon II, 1972, Cologne, musée Ludwig), ainsi que de grands paysages en teinte pastel, à l'huile (Colosse de ..., 1977, Francfort, M. A. M.) ou à l'aquarelle (Paysage héroïque, 1979, Hambourg, Kunsthalle). En 1978, il présente à Hambourg un environnement Migof composé de plusieurs pièces. Ses œuvres figurent dans les musées de Darmstadt, Duisburg, Hagen, Kassel (Triptyque de Migof, collage, 1964), Paris, M. N. A. M., Wiesbaden, Wuppertal (Obiit, collage, 1958), Bochum (Jour de vanité. Migof, 1968). Le C. N. A. C. de Paris lui a consacré une rétrospective en 1970, ainsi que la Kunsthalle de Düsseldorf, en 1980.

Schumacher (Emil)

Peintre allemand (Hagen  1912-San José, Ibiza, 1999).

Après avoir fréquenté l'École des arts décoratifs de Dortmund (1932-1935), il voyage dans divers pays d'Europe. Son évolution fut d'abord entravée par la mise en tutelle politique de l'art ; ses premières toiles et lithographies se réclament de l'Expressionnisme (il rencontre C. Rohlfs en 1937). Ce n'est qu'après 1945 qu'il peut s'orienter vers la peinture abstraite. Des réminiscences cubistes se font jour dans certaines compositions, qui se résolvent en surfaces colorées. À Paris en 1951, Schumacher retrouve dans la " peinture informelle  " sa propre conception de la couleur, qu'il considère comme un élément de la création, accentuant le traitement matiériste de la surface picturale, ainsi que l'intégration du geste linéaire (Dionysian, 1952, Karl Ernst Osthaus Museum, Hagen ; Gibbo, 1957). Pour accentuer le relief des surfaces, il soumet le fond à un traitement particulier et réalise ses " objets plastiques " (Tastobjekte), formes composées de papiers, d'asphalte ou de morceaux de métal. Plus tard, ses tableaux feront appel seulement à deux ou trois couleurs étalées en vastes et éclatantes surfaces, travaillées dans la matière, souvent traversés par des lignes noires et des griffures (Abanga, 1962). Une ligne sombre et irrégulière parcourt et divise les taches monochromes. La destruction de l'homogénéité de la surface est poussée à l'extrême dans les " tableaux au marteau " (1966-67) [Clomp, 1966] : l'artiste martèle par endroits la surface d'un panneau de bois avant de le peindre. L'emploi de couleurs intenses, l'application de divers matériaux adhérents et la destruction de l'unité de la surface constituent les éléments essentiels de la peinture de Schumacher. L'année 1969 voit l'émergence du thème de l'arc, longue ligne courbe de peinture noire qui traverse l'œuvre de Schumacher jusqu'à aujourd'hui, souvent accentuée de coulures sur des surfaces de matière déchirée (Macumba, 1973-74, Düsseldorf, K. N. W.), certaines œuvres incorporant des fonds de métal ou des pierres (Petros I, 1976). À partir de 1971, il effectue de fréquents séjours à Ibiza (Baléares), où il réalise de très nombreux travaux sur papier. Schumacher est professeur à l'École des beaux-arts de Karlsruhe de 1966 à 1977 et membre de l'Académie des arts de Berlin depuis 1968. Éminent représentant de l'art informel allemand, une rétrospective de son œuvre a été présentée en 1984 à la Kunsthalle de Brême, et ses peintures des années 1980 à Berlin, N. G. en 1988, et ses œuvres sont conservées dans divers musées et coll. part. d'Allemagne et de l'étranger : Berlin, Belgrade, Cologne, Düsseldorf (K. N. W. : Grand Tableau rouge, 1965), Essen, Dortmund, Hagen (Composition en bleu, 1952), Hambourg, Hanovre, Londres, Lyon, Munich, New York (Guggenheim Museum : Florian, 1960), Oslo, Pittsburgh, Prague, Stuttgart, Vienne.