Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Wertmuller (Adolf Ulrik)

Peintre suédois (Stockholm 1751  – États-Unis 1811).

Son activité s'exerça surtout à l'étranger : en France (de 1772 à 1774 et de 1779 à 1790) ; à Rome (de 1775 à 1779) ; en Espagne (de 1790 à 1794) ; aux États-Unis (de 1794 à 1796 et de 1800 jusqu'à sa mort). Son art se rattache à la fois au rococo de Roslin et au classicisme de son professeur J.M. Vien. Par ses compositions d'inspiration mythologique, réalisées en France, Wertmuller devint l'innovateur et le chef de file de la peinture néo-classique suédoise (Ariane à Naxos, 1783, Stockholm, Nm ; Danaé et la pluie d'or, 1787, id.), mais il laissa principalement des portraits et, hormis quelques commandes de l'aristocratie, il fut le portraitiste de la bourgeoisie. Ses effigies traduisent une vivante réalité malgré leur exécution un peu froide. Ses œuvres les plus connues sont la peinture commandée par Gustave III en 1785, Marie-Antoinette et ses enfants dans le parc de Trianon (Stockholm, Nm), et George Washington (1785, Metropolitan Museum ; réplique à Stockholm, Nm).

Wesselmann (Tom)

Peintre américain (Cincinnati, Ohio, 1931-New York 2004).

Étudiant à l'Art Academy de Cincinnati, puis à la Cooper Union de New York, il développa dès sa première exposition, tenue en 1960 à la Tanager Gal., un thème unique qu'il intitula The Great American Nude. Utilisant, derrière des figures féminines lascivement allongées, un fond constitué par des éléments familiers de la vie quotidienne américaine, Wesselmann fut considéré comme un artiste pop de grande importance. Le style de ses premières compositions dénote, d'une part, un sens du dessin (dans les formes féminines) issu de Matisse et, d'autre part, par l'intégration directe sur la toile d'éléments réels, se rattache à une esthétique traditionnelle du collage (Great American Nude, 1961). Vers 1963, Wesselmann commença à créer des assemblages à 3 dimensions, utilisant éventuellement des appareils de radio, de télévision ou des téléphones (Great American Nude n° 54 Vienne, musée d'Art moderne), mais il abandonna au cours des années 70, en raison des dimensions importantes que prenaient ses réalisations, l'utilisation d'objets réels. Son œuvre perdit alors son aspect de tableau vivant : tout en conservant les mêmes thèmes, l'artiste en isola des fragments qu'il agrandit, morcela ou assembla de nouveau selon sa propre invention (Bedroom Tit Box, 1970). Les derniers travaux sont d'un point de vue formel radicalement nouveaux même si les thèmes qu'il privilégie sont toujours présents. Les toiles à l'huile disparaissent au profit du métal découpé peint à la laque mate (Bedroom Face with Green Wallpaper, 1985 ; Steel Life with Petunias, Lilies and Fruits, 1986).

   L'artiste a connu d'importantes expositions rétrospectives, notamment en 1978 à l'Institute of Contemporary Art de Boston. Une rétrospective Wesselmann a été présentée (Madrid, Centro de Arte Reina Sofia) en 1996. Son œuvre est bien représenté dans les musées américains ainsi qu'en Allemagne (Aix-la-Chapelle, New Gal. ; Cologne, Wallraf-Richartz Museum) et en France (musée de Grenoble).

West (Benjamin)

Peintre américain (Springfield, Penns., 1738  – Londres 1820).

Justement considéré comme le père de l'école américaine, West naquit dans une contrée où aucun " maître " n'avait encore vu le jour. Les Indiens, dit-on, lui apprirent à colorier des dessins avec des terres, à l'aide d'un pinceau de poils de chat. William Williams (1727-1791) l'aide de ses conseils. Mais ce ne fut qu'à son arrivée en Europe, en 1760, que commença vraiment son apprentissage. Formé d'abord à Rome dans le milieu international du Néo-Classicisme, ami de Winckelmann, encouragé par Raphaël Mengs, West poursuivit brillamment sa carrière à Londres, où il s'installa à partir de 1763. Il sut ouvrir de nouvelles voies à la peinture d'histoire, soit dans le genre antique (Agrippine débarquant à Brindes portant les cendres de Germanicus, 1769, Yale, University Art Gal., qui lui valut le patronnage de George III), soit dans le genre moderne, qu'il vécut : Mort du général Wolfe, 1771, Ottawa, N. G.

   Il compte ainsi parmi les plus importants et les plus représentatifs des créateurs néoclassiques. Sa facilité, son talent lui valurent d'être nommé en 1792, comme successeur de Reynolds, président de la Royal Academy (il avait été, en 1768, de ses fondateurs), où il n'exposa pas moins de 258 tableaux entre 1769 et 1819. Il avait été nommé, en 1772, Historical Painter to the King.

   Bien qu'il ne soit jamais retourné dans son pays natal, il entretint sa vie durant des relations avec ses concitoyens ; son atelier à Londres fut, pendant près d'un quart de siècle, le rendez-vous des jeunes Américains désireux de s'initier à la peinture. Sa Mort du général Wolfe et son Traité de Penn avec les Indiens (1771, Philadelphie, Pennsylvania Academy of Fine Arts) montrèrent la voie aux artistes qui illustrèrent l'histoire de la jeune nation américaine. Par ses tableaux d'histoire (Agar et Ismaël, Metropolitan Museum ; l'Âge d'or, 1776, Londres, Tate Gal. ; la Mort sur un cheval pâle, deux versions : 1796, Detroit Institute of Fine Arts ; Philadelphie, Pennsylvania Academy of Fine Arts ; la version de 1796 fit sensation au Salon de 1802 à Paris), West a joué un rôle important dans la diffusion du style épique et moralisant en vogue à la fin du XVIIIe s. Il obtint la commande de grandes décorations pour Windsor Castle : notamment 8 compositions sur la Vie d'Édouard III pour Saint George's Hall. Il a également laissé des effigies de ses contemporains, comme le Colonel Guy Johnson (Washington, N. G.) ou Mr. and Mrs. Beckford (1797, New York, Metropolitan Museum).

West Coast School

Cette dénomination fut donnée à un groupe de peintres qui, sous l'impulsion de l'Expressionnisme abstrait, constitua à partir de 1950, sur la côte californienne, une école dont le thème principal était la peinture de personnages. Dirigé par Richard Diebenkorn et David Park, le groupe comprenait Edmer Bischoff, Nathan Oliveira et Joan Brown. Les artistes empruntèrent à l'école de New York ses vastes formats, sa couleur sensuelle, sa composition dynamique qui respecte le plan du tableau. Ils furent nombreux à participer à l'exposition du M. O. M. A. de New York en 1959-60, dont le titre, " New Images of Man " (Nouvelles Images de l'homme), révélait un regain d'intérêt, qui fut bref, pour la figuration expressionniste, rénovée par des notions existentialistes. Par leur sensualité et l'intensité de leur facture, les compositions de cette école ont également contribué, dans une large mesure, à donner une version du pop art. L'école s'est développée sous l'influence du lourd héritage de vulgarité commerciale de la région. Ses meilleurs représentants sont Bengston, Ramos, Ruscha, Thiébaud et Goode.

   Sans se regrouper obligatoirement sous le vocable d'" école ", de nombreux peintres travaillent sur la côte ouest en se distinguant nettement de l'école de New York : des hyperréalistes (Goings, Mac Lean, Staiger), des abstraits travaillant avec des matériaux bruts, tels que bâtons et cordes (Wiley, Arnoldi, Fine, Wudl), et des paysagistes fantastiques (Martin, Taylor), dont certains furent très liés au mouvement hippie.