Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Scheffer (Ary)

Peintre français d'origine néerlandaise (Dordrecht 1795  – Argenteuil 1858).

Frère de Henri Scheffer, il vint à Paris en 1811 et entra dans l'atelier de Guérin. Artiste aux talents variés, il aborda tous les genres : paysages peints sur le motif (exemples au musée de Dordrecht), scènes inspirées par les thèmes goûtés des romantiques, histoire contemporaine (la Mort de Géricault, 1824, Louvre ; les Femmes souliotes, 1827, Louvre ; esquisses et dessins aux musées de Reims et de Dordrecht), œuvres de Dante (Paolo et Francesca, 1822 ; répétitions de 1835 à la Wallace Coll. de Londres, de 1854 à la Kunsthalle de Hambourg, de 1855 au Louvre ; esquisses aux musées de Dordrecht et de Clermont-Ferrand) ou des auteurs allemands (Les morts vont vite, 1830, musée de Lille ; Eberhard le larmoyeur, 1834, Louvre ; autres versions à Boston, M.F.A., et à Rotterdam, B. V. B. ; esquisse à Dijon, musée Magnin ; l'Enfant charitable, 1840, musée de Nantes), peintures religieuses largement popularisées par la gravure (Saint Augustin et sainte Monique, 1846 ; répétitions de 1849 au musée de Dordrecht, de 1854 à la N.G. de Londres et de 1855 au Louvre ; la Tentation du Christ, 1855, Louvre ; autres versions au musée de Dordrecht, à Liverpool, Walker Art Gal., et à Melbourne, N.G.) et portraits (le Docteur J.-R. Duval, 1841, musée de Caen ; Lamennais, 1845, Louvre ; A.-F. Villemain, 1855, id.). Professeur de dessin des enfants du duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, dont il exécuta le Portrait (Chantilly, musée Condé), il fut comblé de commandes et d'honneurs à l'avènement de ce dernier ; il participa dans une large mesure à l'organisation et à la décoration du Musée historique de Versailles : Charlemagne reçoit à Paderborn la soumission de Witikind, Entrée de Philippe Auguste à Paris, Mort de Gaston de Foix, Entrée de Charles VII à Reims, Entrée de Louis XII à Gênes. Apprécié des préraphaélites anglais, puis tombé dans l'oubli et remis en faveur aujourd'hui, il fut considéré de son temps comme l'un des peintres les plus représentatifs du mouvement romantique. Il est très largement représenté au musée de sa ville natale, qui a commémoré en 1958 le centenaire de sa mort, ainsi qu'au musée d'Utrecht : le Christ rédempteur, le Christ protecteur des faibles. Nombre de musées français possèdent de ses œuvres, notamment ceux d'Autun (le Général Changarnier, 1849), Besançon (Madame Marjolin, fille du peintre), Chantilly (Talleyrand, 1828 ; la Reine Marie-Amélie, 1858), Grenoble (Mère convalescente, 1824 ; le Peintre Hersent, 1830), Le Mans (David d'Angers), Marseille (l'Arrestation de Charlotte Corday, 1831), Rouen (le Général La Fayette, 1818 ; Armand Carrel mort) et Versailles (Horace Vernet, Gounod, Armand Carrel, Marie Taglione). Des expositions ont été consacrées à Scheffer (Paris, musée Rodin et musée de la Vie romantique) en 1996.

 
Son frère Henri (La Haye 1798 – Paris 1862) fréquenta en même temps qu'Ary l'atelier de Guérin : il peignit, dans une manière proche, des portraits et de grands tableaux pour les églises de Paris et pour les salles historiques du musée de Versailles (Entrée de Jeanne d'Arc à Orléans).

Scheffer Von Leonhardshoff (Johann Evangelist)

Peintre autrichien (Vienne 1795  – id. 1822).

Il appartient à cette catégorie d'artistes qui sont parfaitement définis dans leurs aspirations et leurs moyens par une œuvre unique, tel son Autoportrait de 1820 (Vienne, Österr. Gal.), où l'on voit l'artiste, jeune homme, s'apprêtant à travailler et jetant un regard par-dessus son épaule vers le spectateur. Des réminiscences formelles de Raphaël retiennent moins l'attention qu'une profonde harmonie avec son éthique et une énigmatique atmosphère intérieure. Scheffer est le seul peintre nazaréen autrichien qui ait sauvegardé son originalité. Après avoir fréquenté l'Académie de Vienne, il fait partie de la confrérie de Saint-Luc (1815) à Rome, où il séjourne d'abord de 1814 à 1816 ; puis il retourne en Italie en 1820-21. Bien que les aspirations et les efforts de Scheffer aient été à l'unisson de ceux des Nazaréens, ses travaux sont différents de ceux de l'entourage d'Overbeck, par leur grâce dépourvue de fadeur et par la poésie de leurs sujets, souvent légendaires (Saint Georges et le dragon, 1815, Essen, Museum Folkwang). La simplicité, l'authenticité de ces œuvres repose sur la plénitude de formes dessinées sans dureté et sur la souplesse de la matière et des contours. Scheffer mourut jeune, phtisique. On trouve ses peintures et ses dessins dans différentes coll. publiques d'Allemagne et d'Autriche, et à Vienne (bibl. de l'Académie), des carnets de dessins si révélateurs datant de 1815 à 1820.

Scheits (Matthias)

Peintre et graveur allemand (Hambourg v. 1630  – id. v. 1700).

Il est le peintre hambourgeois le plus connu du XVIIe s. Formé à Haarlem chez P. Wouwerman, il a un talent fécond et varié qui reflète diverses influences, de la peinture chaleureuse de Haarlem à la manière plus claire de Téniers et aux thèmes de Van Ostade. Il a laissé des scènes de genre rustiques et courtoises (la Promenade, Hambourg, Kunsthalle), des scènes de la vie militaire, des paysages et des tableaux religieux. Les 152 illustrations qu'il réalisa pour la Bible imprimée chez Stern à Lüneburg en 1672 peuvent être considérées comme son œuvre majeure (dessins à la plume et au lavis et études à l'huile conservés à la Kunsthalle de Hambourg).

   Hambourg possède la majeure partie de son œuvre peint (14 tableaux). Scheits est représenté aussi dans les musées d'Aschaffenburg (Repas de paysans), Berlin, Brunswick, Göttingen, Munich (château de Schleissheim : Beuverie de paysans).

Schiavo (Paolo di Stefano Badaloni, dit Paolo)

Peintre italien (Florence 1397  – Pise 1478).

C'est un maître de transition entre la culture gothique tardive (Lorenzo Monaco, Gentile da Fabriano) et les nouveautés renaissantes, auxquelles il adhéra timidement dans ses œuvres entre 1430 et 1440 : en 1437-38, il est l'aide de Masolino à Castiglione d'Olona dans les fresques de la collégiale (Scènes de la vie de saint Étienne et de saint Laurent). À partir de 1440, il cesse toute recherche vraiment nouvelle. Parmi ses œuvres, on peut citer l'Annonciation avec des Saints à Berlin, et la fresque du Calvaire avec des religieuses (1448, Florence, couvent de S. Apollonia).