Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Roqueplan (Camille)

Peintre et lithographe français (Mallemort, Bouches-du-Rhône, 1803  – Paris 1855).

Élève de Gros et d'Abel de Pujol, Roqueplan prend place parmi les petits maîtres romantiques. Paysagiste, portraitiste, il se fit également l'interprète en peinture des auteurs en vogue de son temps, tel Walter Scott, qui inspira son célèbre tableau du musée de Lille, la Mort de l'espion Morris (1827). Il est également représenté à Paris, au musée Carnavalet (la Dame aux camélias), et à Londres, Wallace Coll. (Philippe-Égalité, duc d'Orléans). Il est le frère de l'écrivain Nestor Roqueplan.

Rosa (Salvator)

Peintre italien (Arenella, Naples, 1615  – Rome 1673).

Tempérament d'exception (également graveur, poète et musicien), romantique avant la lettre, il fut le créateur d'une vision particulière du paysage où le décor naturel est lié à un sentiment mélancolique et fantastique. Il fait ses débuts de peintre dans le milieu napolitain, mais passe une grande partie de sa vie hors de Naples ; il est à Rome en 1635 et en 1637 ; de retour à Naples, il se rend de nouveau à Rome, puis à Florence (1640-1649) et se fixe définitivement à Rome en 1649.

   Il est d'abord influencé par Aniello Falcone, comme le montre la Bataille (1637, Londres, coll. Mostyn-Owen), dans laquelle la scène est peinte d'après nature sans idéalisation ni exaltation de l'épisode historique. À Rome, il entre en contact avec les " bamboccianti " et étudie principalement l'œuvre de Van Laer. Son intérêt se concentre sur la représentation de la vérité quotidienne et plus spécialement des scènes populaires, comme en témoigne l'Attaque des bandits (Knole, coll. Sackville). Dans les œuvres de grandes dimensions, comme l'Incrédulité de saint Thomas (musée de Viterbe), il se réfère à l'art de Ribera (confirmant ainsi les sources indiquant qu'il fut son élève), de qui il apprit l'interprétation particulière du réalisme caravagesque, parvenant jusqu'à l'exaltation du macabre.

   En 1639-40, Rosa s'oriente d'une manière décisive vers le Classicisme, déjà connu à Naples, au contact des œuvres de Reni, de Domenichino et des architectures peintes de Codazzi, géométriques et rationnelles. Mais c'est surtout à Rome, où le classicisme antique de Poussin prévaut alors sur le courant baroque, qu'il trouve les plus importantes indications pour la représentation idéalisée de la nature. Son adhésion au type du paysage classique apparaît dans deux peintures (Modène, Pin. Estense) exécutées en 1640 : Marine et Herminie gravant le nom de Tancrède. Dans ces œuvres apparaît avec évidence le principe du choix de l'artiste : le vrai est subordonné à l'idée du beau et de la nature parfaite, c'est-à-dire à un schéma de perfection. Cependant, le ralliement du peintre au paysage classique composé ne fut jamais total. Il fait intervenir des personnages de la réalité quotidienne ; sa tendance au pittoresque, devenue pour ainsi dire naturelle, parvient souvent à animer ou même à rompre le schéma " idéal ". Sur un plan plus moderne, Rosa se livre aux mêmes expériences que Claude Lorrain, de qui, toutefois, il apprend la quête du beau idéal dans la nature. Au cours des années suivantes, dans le milieu érudit et académique qu'il fréquente à Florence, il se rapproche davantage des modes classicisantes, comme en témoignent, en 1645, des œuvres qui tendent à une nouvelle noblesse de contenu : la Forêt des philosophes (Florence, Pitti). Parallèlement à ses expériences classicisantes, il recherche également un idéal d'art fondé sur le laid, voire l'horrible, se rattachant par l'insistance des thèmes ésotériques et de la divination à une manière de voir propre aux milieux scientifique et philosophique napolitains et qu'illustre la Sorcellerie (Florence, coll. Corsini).

   Vers 1650, Rosa abandonne l'idéal serein de ses vues précédentes et décrit une nature plus animée, inquiétante, où les lumières, les éclairs et les ombres maintiennent pourtant un accent de solennelle beauté : Saint Jean-Baptiste prêchant et le Baptême dans le Jourdain (Glasgow Art Gal.) sont les œuvres les plus caractéristiques de cette période.

   La grande réputation dont Rosa jouit ensuite (Magnasco et Marco Ricci procèdent de son art) s'explique surtout dans l'élaboration d'un paysagisme de type anticlassique, solution romantique des recherches de Claude Lorrain que l'artiste avait déjà utilisée dans sa manière initiale. Cette vision picturale connaît une faveur de plus en plus grande pour atteindre la forme particulière qu'en donnera le Romantisme.

   L'œuvre peint de Rosa (qui a aussi beaucoup gravé et dessiné) est abondant. Parmi les Paysages (marines, ports, rochers, paysages historiques à sujets bibliques ou mythologiques), on peut citer ceux qui sont conservés au palais Pitti de Florence, au Louvre, à l'Art Inst. de Chicago, à la N. G. de Londres, à la Walker Art Gal. de Liverpool, à la N. G. de Melbourne, à la G. N., Gal. Corsini de Rome, à l'Inst. of Arts de Detroit, au musée Condé de Chantilly, au K. M. de Vienne, au Wadsworth Atheneum de Hartford, dans la coll. Spencer d'Althorp ; parmi les Batailles, celles du Louvre, du K. M. de Vienne, du palais Pitti de Florence, du musée de Cleveland et d'Apsley House de Londres. Rosa est l'auteur de Portraits (Autoportraits à la N. G. de Londres et au Metropolitan Museum ; Portrait de Lucrezia à la G. N., Gal. Corsini de Rome ; Portraits d'hommes au Ringling Museum de Sarasota et à l'Ermitage), parfois allégoriques (la Sibylle, Hartford, Wadsworth Atheneum, et Rome, G. N., Gal. Corsini). Ses compositions à figures comprennent des scènes de sorcellerie (L'Ombre de Samuel apparaissant à Saül, Louvre ; Scène de sorcellerie, Londres, N. G.), des allégories philosophiques (Démocrite en méditation, Copenhague, S. M. f. K. ; Humana Fragilitas, Cambridge, Fitzwilliam Museum), des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament (Jonas, Copenhague, S. M. f. K. ; le Fils prodigue, Ermitage ; Jérémie, Chantilly, musée Condé ; Daniel, id. ; Résurrection de Lazare, id. ; Job, Offices), de l'Antiquité (Mort d'Attilius Regulus, musée de Richmond, Virginie ; Fondation de Thèbes, Copenhague, S. M. f. K. ; Glaucus et Scylla, Bruxelles, M. R. B. A. ; Ulysse et Nausicaa, Ermitage).