Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Woensam (Anton von Worms, dit)
ou Anton von Worms, dit Womsan

Peintre, graveur et dessinateur allemand (Worms av. 1500  – Cologne 1541).

Fils et sans doute élève de Jaspar Woensam, Anton passa la plus grande partie de sa vie à Cologne. Artiste éclectique dont on connaît peu de tableaux, il est l'un des rares peintres de l'école de Cologne à n'avoir pas, ou peu, subi l'influence des Pays-Bas, témoignant par contre d'un intérêt pour Nuremberg et l'art de Dürer (Crucifixion, 1535 ; Sainte Cécile et saint Valérien, Cologne, W. R. M.). Graveur fécond — il aurait fourni des illustrations pour plus de 200 ouvrages — on cite parmi ses réalisations les plus célèbres un grand Panorama de Cologne en 9 feuilles, publié en 1531 par Peter Quentel.

Woestyjne (Gustaaf Van de)

Peintre belge (Gand 1881  – Bruxelles-Uccle 1947).

Élève de l'Académie de Gand, il s'installe à Laethem-Saint-Martin en 1901 et exploite le type rustique de Deeske (Deeske accroupi, 1908, Laethem-Saint-Martin, coll. part.). L'atmosphère symboliste et religieuse du milieu laethémois marquera toute son œuvre, tandis qu'il demande aux primitifs flamands une leçon d'expression et d'humilité devant la nature : Dimanche après-midi (1914, Bruxelles, M. R. B. A.). À ces influences s'ajoute, en Angleterre, pendant la guerre, celle des préraphaélites, dont l'esprit est très proche du sien : les Dormeurs (1918, musée d'Anvers). De retour en Belgique (1920), il s'établit à Wareghem-lez-Courtrai ; la diffusion du Cubisme et le succès de l'Expressionnisme flamand l'incitent à adopter quelque temps une composition et un dessin plus irréalistes : Fugue (1925, La Haye, Gemeentemuseum). S'il s'attarde encore à des études de types brueghéliens, où le caractère pathologique est mis en évidence (le Mangeur de soupe, 1928), il exécute surtout des tableaux religieux d'un symbolisme très expressif : le Baiser de Judas (1937, Bruxelles, M. R. B. A.), le Christ au désert (1939, coll. de l'État belge). De 1925 à sa mort, après une longue maladie mentale, il fut successivement professeur à Malines, Anvers et Bruxelles-Uccle. Utilisant un dessin très linéaire, dur et tendu, Van De Woestyjne a été peu touché par les innovations techniques de son époque, bien qu'il ait été mêlé aux mouvements les plus vivants de l'art belge. Son œuvre, restreinte, car accomplie comme une tâche religieuse, demeure un témoignage, anachronique, d'une conception qui avait fleuri dans les dernières années du XIXe s. Toutefois, le mélange de tradition et de modernisme qui le caractérise le rapproche quelque peu de l'esprit de la Neue Sachlichkeit allemande, et notamment de Dix. Une exposition rétrospective de son œuvre a eu lieu en 1981 à Anvers, M. R. B. A.

 
Son fils Maxime (Louvain 1911) , également peintre, s'exprime dans une manière voisine du Surréalisme.

Wojtkiewicz (Witold)

Peintre et dessinateur polonais (Varsovie 1879  – id. 1909).

Il commença ses études en 1897 à Varsovie chez W. Gerson et les continua à l'Académie des beaux-arts de Cracovie à partir de 1903. Invité par André Gide, qui avait vu ses tableaux à Berlin en 1906 (Salon Schultz), il vint à Paris en 1907 et exposa ses œuvres à la gal. Druet (catalogue de l'exposition préfacé par Gide). En 1908, il devint membre de la Société des artistes polonais Sztuka. Sa peinture, riche d'éléments irréalistes, fantasques et métaphoriques, où la tension dramatique oscille entre le lyrisme et le grotesque, représente dans l'art de la Jeune Pologne un courant dans lequel l'Expressionnisme fait transition entre le Symbolisme et le Surréalisme : Croisade d'enfants (1905, musée de Varsovie) ; Méditations ou Mercredi des Cendres (1908, musée de Cracovie).

Wölfli (Adolf)

Peintre suisse (Berne 1864  – La Waldau, près de Berne, 1930).

Un des acteurs les plus inventifs de l'art brut, Wölfli, interné définitivement en 1895 à la clinique psychiatrique de la Waldau à Berne pour attentat à la pudeur, commence à dessiner, écrire et composer de la musique en 1899. Le docteur Morgenthaler, qui le soigne, lui consacre en 1921 un ouvrage précurseur intitulé Ein Geisteskranker als Künstler (Un artiste aliéné) dans lequel domine l'analyse esthétique. Sous le pseudonyme de Saint Adolf II, Wölfli recouvre de ses dessins tout ce qui lui tombe sous la main, supports classiques, paravents ou parois de sa cellule. Dans une peur du vide affirmée et selon un principe d'extension indéfini, Wölfli compartimente la surface puis la remplit de jeux ornementaux, enchaînant et combinant formes géométriques — croix, cercles, spirales, mandalas —, de figures stylisées — serpents, visages, horloges— et de textes calligraphiés. On retrouve la même liberté quant aux conventions dans ses écrits, où Wölfli se plaît aux jeux de mots, déformations et néologismes, et plus encore dans ses partitions musicales qui n'ont jamais pu être déchiffrées. Le musée de la Waldau ainsi que la collection de l'Art brut, réunie par Dubuffet et conservée à Lausanne (château de Baulieu), conservent les travaux de Wölfli.

Wolgemut (Michael)

Peintre allemand (Nuremberg 1434  – id. 1519).

Fils d'un peintre de Nuremberg auprès de qui il reçut sa première formation, M. Wolgemut se rendit vers 1470 à Munich, où il fut l'élève de Gabriel Mälesskircher. Revenu à Nuremberg, il travailla dans l'atelier de H. Pleydenwurff († 1472), qu'il dirigea à son tour (1473-1519), après avoir épousé la veuve de ce dernier.

   Ayant à satisfaire des commandes multiples, Wolgemut fit appel à de nombreux collaborateurs, et la plupart des retables sortis de son atelier furent en fait des œuvres collectives où se discerne plus ou moins aisément la main du maître. Ainsi, dans le polyptyque peint et sculpté en 1479 pour Notre-Dame de Zwickau (Saxe), son œuvre principale, Wolgemut use d'un graphisme anguleux et compliqué, au réalisme un peu sec ; son style se révèle surtout dans les Scènes de la vie de la Vierge.

   Il se consacra également à la gravure et collabora avec son beau-fils, Wilhelm Pleydenwurff, à la célèbre Chronique de Nuremberg (Weltchronik, v. 1491-1494) ainsi qu'à l'Écrin des véritables richesses du salut (Schatzbehalter), édités par Koberger.

   Considéré jadis comme le plus éminent peintre allemand de son temps, jugement que la critique moderne a sensiblement modéré, Michael Wolgemut demeure célèbre par ses rapports avec Dürer, qui fut son élève de 1486 à 1490 et peignit en 1516 le portrait de son vieux maître (musée de Nuremberg).