Cozza (Francesco)
Peintre italien (Stilo, Calabre, 1605 – Rome 1682).
Les premiers renseignements sur ce peintre remontent à 1631, alors qu'il se trouve à Rome, dans le cercle de Dominiquin, qu'il suivra quelques années à Naples. Il resta d'ailleurs, pendant toute sa vie, lié au milieu de l'Académie de Bologne (sa Cléopâtre, au musée de Nîmes, est proche de Reni et de Guerchin), mais il y occupa une position solitaire, tendant d'une part à une sorte d'archaïsme poétique (Madonna del Cucito, Molfetta, église S. Bernardino ; Naissance de la Vierge, Rome, Gal. Colonna), d'autre part à un naturalisme analogue à celui des caravagesques (Madonna del Riscatto, 1650, Rome, tableau d'autel dans l'église du Riscatto). Excellent paysagiste, il réalisa des scènes mythologiques représentées en " plein air " qui révèlent une contemplation chaleureuse et un peu mélancolique de la nature (Agar et Ismaël, 1655, Rijksmuseum ; fresques illustrant le Mythe du feu, Valmontone, plafond du palais Pamphili ; Été et hiver, v. 1670, Rome, fresque du palais Altieri).
Crabeth (les)
Famille de peintres verriers néerlandais du XVIe s.
Principalement actifs à Gouda, Adriaen Pietersz († en 1553) , Dirck Pietersz († 1574) et


Craesbeeck (Joos Van)
Peintre flamand (Neerlinter, Tirlemont, v. 1605 – Bruxelles entre 1654 et 1662).
D'abord boulanger, il se fixa à Anvers, où il connut Brouwer. Peintre de genre, spécialiste des " gueux " et des " scènes de taverne ", il a traité également des sujets religieux, des portraits ou têtes d'expression et des paysages. En l'absence de tableaux datés, il est difficile d'établir une chronologie dans son œuvre. Jusqu'en 1640, il est influencé par Brouwer, puis ses peintures témoignent d'une facture plus soignée, comme l'attestent les Rhétoriciens (Bruxelles, M. R. B. A.) ou la Réunion de buveurs du musée de Kassel. Des tableaux plus colorés à nombreux personnages forment un groupe à part : l'Estaminet flamand (Vienne, K. M.), le Cabaret flamand (musée d'Anvers).
craie
Calcaire blanc, pulvérulent, qui entre dans la composition des préparations et des enduits à l'eau et à la colle.
Sous forme de bâton, la craie est un matériau employé dans la technique du dessin. Elle est destinée à tracer des esquisses sur toiles de couleur (noire ou bleue) au Moyen Âge ; ce n'est qu'à partir du XVIe s. et surtout du XVIIe qu'on la rencontre posée en rehauts dans les dessins à la sanguine, à la pierre d'Italie, dans les dessins de Dominiquin, de Rubens, de Vouet, de Le Sueur.
Les effets picturaux que permet la craie sont particulièrement appréciés dès le début du XVIIIe s. (Jouvenet, Coypel, Lemoyne). Utilisée sur un papier légèrement teinté, avec la pierre noire et la sanguine, elle constitue la technique dite " des trois crayons ", tant appréciée par Watteau et ses suiveurs.
Goya emploie fréquemment la craie pour noter rapidement les effets lumineux. La craie permet à Prud'hon de modeler avec délicatesse ses dessins d'académie en faisant saillir les volumes, qui se détachent sur le fond sombre du papier.
Cranach (les)
Peintres allemands.

On constate une évolution en comparant l'œuvre la plus ancienne de l'époque wittenbergeoise, le Retable de sainte Catherine, de 1506 (Dresde, Gg ; les volets du retable, représentant des Saintes, sont à la N. G. de Londres), avec un panneau du même thème découvert récemment (Budapest, coll. part.), qui peut être daté de la fin du séjour en Autriche.
Les figures plastiques, dynamiques et agressives du panneau de Budapest ont fait place à des personnages circonspects et sans relief ; l'élan qui caractérisait les premières œuvres a disparu. Dans le domaine de la gravure — par exemple dans le Saint Antoine de 1506 —, le style de ses débuts se maintiendra plus longtemps, mais les traits que nous venons de signaler dans le Retable de sainte Catherine de Dresde se préciseront peu à peu. Un voyage dans les Pays-Bas augmentera considérablement son répertoire de motifs, mais aura peu d'influence sur son style. Pendant les années qui suivirent, la manière que Cranach avait trouvée à Wittenberg — et qui, non sans raison, a été considérée comme un appauvrissement de son art — ne changera plus guère. Il oubliera alors complètement la préoccupation dominante de sa jeunesse — l'intégration des figures dans un ensemble —, et ses recherches s'orienteront vers un but entièrement différent. Dans le Retable de la Sainte Parenté de 1511 (Vienne, Akademie), les figures qui se détachent sur un fond sobre d'architecture se présentent isolément. Cette tendance à l'isolement est encore plus nettement soulignée dans un tableau daté de 1526 où Cranach paraphrase la gravure magistrale de Dürer, représentant le Cardinal Albert de Brandebourg en saint Jérôme dans son studio (Sarasota, Ringling Museum). Le rendu de l'atmosphère qui enveloppe toute chose et fait le charme de la gravure de Dürer est totalement éliminé de l'œuvre de Cranach, où chaque figure et chaque objet est nettement délimité. À cela s'ajoute une plus vaste perspective, qui permet d'isoler les figures en les éparpillant. Le paysage même — autrefois espace vital pour la figure humaine — joue maintenant un rôle de décor. Ce trait sera particulièrement sensible dans les tableaux à l'horizon élevé, comme dans la Chasse au cerf de 1529 (Vienne, K. M.).
Cette tendance à l'isolement est manifeste dans ses nombreuses Vénus et Lucrèce qui se détachent sur un fond sombre et rappellent dans leur présentation les Vénus de Botticelli. C'est surtout sous le règne de l'Électeur de Saxe Jean le Constant (1526-1532) que des figures de femmes nues et des sujets mythologiques (maintenant répartis dans tous les musées du monde) lui furent demandés, alors que sa production antérieure consiste essentiellement en œuvres religieuses — retables (celui de Torgau, un des plus importants, de Francfort, Städel. Inst.) et madones.
Quant au portrait, il joua dès le début dans la carrière du peintre un rôle prépondérant. C'est à Cranach que revient le mérite de nous avoir transmis non seulement les effigies des Électeurs de Saxe et des membres de leur famille (Londres, N. G. ; Dresde, Gg ; Zurich, Kunsthaus), ainsi que d'autres personnalités princières (suite du musée de Reims), mais encore celle de Martin Luther (musée de Berne), dont il a laissé de nombreux portraits, qu'il divulgua aussi par le moyen de la gravure sur bois et sur cuivre. Les visages aux traits rigoureusement dessinés se détachent de façon décorative sur un fond le plus souvent uniforme et sous un éclairage homogène.
C'est grâce aussi à ses relations avec Luther qu'il revint à Cranach de traduire en images les sujets les plus importants de la nouvelle doctrine. S'il ne s'agit pas toujours d'œuvres très marquantes, comme pourrait le laisser espérer l'illustration didactique de sujets théologiques, on peut considérer le Péché originel et la Rédemption comme les premières codifications de l'iconographie protestante, dont le rayonnement fut très grand.
Le catalogue des œuvres de Cranach comprend 400 numéros, ce qui implique l'activité d'un atelier où l'on avait coutume de varier toujours légèrement les figures des répliques demandées par de nombreux clients, si bien que jamais un exemplaire n'était exactement semblable à l'autre. Le changement constaté à partir de 1509 dans la signature de l'artiste (le dragon aux ailes relevées se transforme en dragon aux ailes déployées) a été différemment interprété. L'hypothèse selon laquelle Cranach se serait, à partir de cette date, retiré de son atelier pour en laisser la succession à son fils Lucas le Jeune ne paraît pas justifiée par les œuvres connues, exécutées après 1537. Il n'existe pas de rupture de style entre les tableaux peints avant et après cette date. L'Autoportrait (Offices) réalisé en 1550, c'est-à-dire trois ans avant sa mort, témoigne de la force créatrice intacte de l'artiste.

Il semble que Cranach le Jeune se soit borné à continuer l'œuvre de son père sans en renouveler le style, qui tend à devenir plus sec et plus mécanique, ni en changer les thèmes.
On veut reconnaître sa main dans deux œuvres d'atelier : un Portrait d'homme et un Portrait de femme (musées de Berlin), dont la rudesse un peu naïve, teintée de tristesse, ne doit rien à l'élégance maniérée, parfois ironique de Cranach l'Ancien. Le Portrait de Leonhard Badehorn (musées de Berlin) lui est également attribué. C'est toutefois dans ses petites études à l'huile sur papier, faites d'après le modèle et exécutées d'une touche douce et picturale, que l'artiste donne le meilleur de lui-même (Portrait d'Auguste de Saxe, musée de Reims).
