Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Pechstein (Max)

Peintre allemand (Zwickau 1881  – Berlin  1955).

Il est à Dresde en 1900 et fréquente l'École des arts décoratifs et l'Académie. En 1906, il décore le pavillon de Saxe de l'Exposition internationale des Arts décoratifs de Dresde. Il adhère à Die Brücke en 1906, voyage en Italie l'année suivante et revient en Allemagne en passant par Paris, où il rencontre Van Dongen. À la fin de 1908, devançant ses camarades de Dresde, il s'installe à Berlin, où il acquiert avant la guerre une certaine notoriété. Ses gravures sur bois offrent les simplifications abruptes en honneur à Die Brücke (Tête de pêcheur, 1911, Düsseldorf, K. M.) ; en revanche, sa peinture, plus accessible aux influences françaises, est beaucoup moins virulente et respecte souvent l'identité du motif dans une souple mise en page et un coloris moins arbitraire, voisin de celui des fauves (Jeune Fille en maillot jaune et noir, 1909). Pechstein est d'ailleurs assez proche de ses camarades, dans ses sujets et par son style (Au bord du lac, 1910-11, Berlin, Brücke Museum). Le souvenir de Gauguin et son attrait pour l'exotisme lui font entreprendre en 1914 un voyage aux îles Palaos, à l'est des Philippines, mais les tableaux que celles-ci lui inspirent, d'un primitivisme trop concerté, trahissent moins d'aisance dans l'exécution. Pechstein rentre en 1915 à Berlin, où il se fixe de nouveau. Il s'oriente alors vers une manière nouvelle, à laquelle les arrangements décoratifs de Matisse ne sont pas étrangers (Composition, aquarelle, 1917). Les techniques annexes qu'il a déjà pratiquées avant la guerre l'intéressent désormais davantage (mosaïques pour la maison de Fritz Gurlitt à Berlin, 1917). Pechstein a laissé aussi des sculptures qui observent fidèlement le canon de l'art nègre et, après la guerre, il retint d'abord du Cubisme une leçon de stylisation plus décorative qu'expressive. Dans une production qui comprend essentiellement des figures et des paysages, son modernisme alla s'atténuant. La tradition expressionniste ne se maintint guère au-delà du début des années 20 (Jeune Femme étendue, 1922). Un séjour en Italie, à Monterosso al Mare (1924-25), précipita le retour de l'artiste à un réalisme peu inventif (Porteurs de pierres italiens, 1925, Berlin, Brücke Museum). Pechstein devint en 1922 membre de l'Académie des beaux-arts de Prusse et enseigna de 1945 à sa mort à l'Académie de Berlin. Il est représenté dans les musées allemands (Berlin, Cologne, Essen, Halle, Hambourg, Munich, Sarrebrück) ainsi qu'à Paris (M. N. A. M. : deux tableaux de Baigneuses, 1912 et 1913) et à Detroit (Inst. of Arts).

Pedersen (Carl Henning)

Peintre danois (Copenhague 1913-id.2007).

Autodidacte, il commence à peindre en 1933 et est d'abord tenté par l'Abstraction géométrique, issue de Kandinsky. Sous l'impulsion de Jacobsen, puis de Miró, il évolue à partir de 1937 vers une expression très personnelle où le soleil et la lune, les animaux familiers, dont l'oiseau est privilégié, font cortège à l'être humain en proie à ses songes (le Saint et les Animaux, 1939, Copenhague, cabinet des Estampes). Il est à Paris en 1939 ; à son retour à Copenhague, il prend part aux activités de la revue Helhesten et aux expositions de Hoest (avec Bille, Jorn et Jacobsen notamment). Dans son œuvre peint et dessiné (nombreuses encres de Chine), délibérément accueillant à l'imaginaire, se multiplient les signes avant-coureurs de Cobra (1948-1951), dont il devient membre. Son style s'élargit alors ; le graphisme, toujours en faveur, admet pourtant un jeu plus souple du pinceau avec des couleurs claires (blanc et bleu rosé, jaune d'or), au service d'une poétique qui évoque parfois celle de Chagall (la Danse du coq, 1948, Louisiana Museum ; Paysage romain, 1950, id.). Cet art prend sa source dans un émerveillement sans cesse stimulé par le spectacle de la vie (voyages en Laponie [1946], en Islande [1948], en Grèce [1951], en Turquie [1959], à Ceylan et au Népal [1960]). La couleur, un moment plus discrète dans des tableaux où la spirale, apparemment nonchalante et à demi dénouée, prend à son piège le monde éternel de la fable, reprend bientôt tous ses droits (Oiseau rouge et bateau jaune, 1973, appart. à l'artiste). La première exposition de Pedersen à Paris eut lieu en 1963, à la gal. de France.

   Pedersen est représenté dans les musées danois (Copenhague, Louisiana, Aalborg), à Amsterdam, à New York (M. O. M. A.). En 1976, un musée consacré à l'artiste a été inauguré en Hørning (Jutland). En 1983, il est présent, avec huit œuvres, dans l'exposition " Cobra 1948-1951 " du musée d'Art moderne de la Ville de Paris, présentée par la suite à Chalon-sur-Saône et à Rennes.

Pedro de Córdoba

Peintre espagnol (actif à Cordoue au XVe s.).

Les données biographiques manquent sur ce peintre, qui semble avoir joué un rôle prédominant à Cordoue dans le dernier tiers du XVe s. Le seul point fixe est la signature de l'Annonciation de la cathédrale de Cordoue, avec la date de 1475. Nettement archaïque par l'influence, encore sensible, de Van Eyck, par la perspective arbitraire et par la raideur des draperies, l'Annonciation est une composition importante, qui présente en demi-cercle, au pied d'une sorte d'estrade, le chanoine Diego Sánchez de Castro, donateur, le frère de celui-ci et six saints. La clarté de l'ordonnance, malgré la surcharge, la fermeté du dessin, l'irréalisme des fleurs et des fonds d'or associé à la précision minutieuse dans le décor de l'appartement de la Vierge donnent à l'ensemble un charme original.

Peeters (les)

Famille de peintres flamands.

 
Bonaventura I (Anvers 1614  – Hoboken 1652). Il est l'auteur de marines généralement agitées et dramatiques annonçant celles d'Everdingen et se piquait aussi de poésie, mais il ne reste rien de son œuvre littéraire. En 1634, il s'inscrivit à la gilde de Saint-Luc en même temps que son frère Gillis (Anvers 1612 – id. 1653) , avec qui il travailla, probablement dans le même atelier. C'est avec sa collaboration qu'il réalisa les 24 cartes représentant le Siège et la bataille de Calloo (musée d'Anvers), commandées en 1638. À la fin de sa vie, il se retira à Hoboken, sur l'Escaut, où il continua de peindre des Tempêtes (musées de Dieppe et de Strasbourg ; Dresde, Gg.) et des Batailles navales (1649, Hambourg, Kunsthalle) dans un cadre parfois oriental (Côte orientale, musée de Kassel). Ses dessins (Paris, Inst. néerlandais ; Bruxelles, M. R. B. A.) et ses gravures témoignent du même souci d'exactitude et de documentation que ses peintures.

 
Son frère Jan (Anvers 1624 – id. 1677) fut aussi son élève et, comme lui, peintre de marines proches de celles de Jan et de Julius Porcellis : Marine (musée de Bordeaux), Écluse en Flandres, Combat maritime (1667, musée de Kassel), l'Escaut gelé (1670, musée d'Anvers). Maître en 1645, il fit en 1659 un voyage en Hollande, d'où il rapporta des panoramas, gravés ensuite par Gaspard Boutats, et il emprunta à ses neveux, les fils de Gillis I, les motifs de ses paysages orientaux.

 
Ces neveux sont Gillis II (Anvers, 1645 – ? 1678) et surtout Bonaventura II (Anvers 1648 – id. 1702) , peintre de Marines, très proches par le style de l'école hollandaise, prouvant ainsi la réalité d'échanges constants et profonds entre le nord et le sud des Pays-Bas au XVIIe s.

 
Il eut aussi pour élèves ses enfants Jan Frans (Anvers 1655 – ?) et Isabella (Anvers 1662 – ?).