Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Turrell (James)

Artiste américain (Los Angeles 1943).

Il étudie la psychologie au Pomona College (Californie) de 1961 à 1965 puis s'intéresse à l'art. Appartenant à la génération d'artistes californiens (Irwin, Bell, Nordman) pour lesquels la lumière a joué un rôle déterminant, il se révèle à la fin des années soixante par ses « environnements perceptuels » qui radicalisent l'esthétique minimaliste. Influencé par les recherches scientifiques sur la psychologie de la perception, Turrell analyse les différentes interactions entre l'espace et la lumière. Ses œuvres les plus connues sont les « pièces lumineuses » (« Light pieces »). Elles apparaissent comme de grands tableaux monochromes qui émergent de l'obscurité. Quand l'œil s'habitue à la pénombre de la salle, la surface plane et colorée dévoile sa profondeur inconsistante ; c'est une lumière qui se diffuse par un dispositif élaboré de caisson lumineux cloisonné. Grâce à l'aide de deux fondations américaines, l'artiste achète en 1977 le Roden Crater en plein désert d'Arizona, où il réalise son grand œuvre. Comme dans les pyramides égyptiennes, huit salles seront construites à l'intérieur du cratère afin de recueillir chacune, un phénomène lumineux naturel particulier. Par cette intervention, Turrell précise la dimension mystique et cosmique de son travail. Le Whitney Museum de New York lui consacre, en 1981, une exposition personnelle, de même que le musée d'Art moderne de la Ville de Paris (1983) et la Kunsthalle de Bâle (1987).

Tuttle (Richard)

Artiste américain (Rahway, New Jersey, 1941).

L'œuvre de Tuttle se situe perpétuellement dans le domaine de la fragilité et de l'entre-deux, pris entre œuvre graphique, peinture et sculpture et remettant en question, par sa tendance à la légèreté et à la dématérialisation, la frontière entre les genres. Les premières œuvres se présentent sous forme de boîtes (1964) en carton, cubes incisés, travaillés, selon une constante de l'artiste, avec des matériaux pauvres, élémentaires. Dans des travaux de plus en plus liés à la surface du mur, il crée une série de bas-reliefs en bois peint, de forme simple aux contours irréguliers (Ombre, 1965), qui seront suivis en 1967 par le Twenty-six series (Kassel, Staatliche Kunstsammlungen), sorte d'alphabet de relief en métal. La même année, il crée une série de dix pièces de tissu octogonales, conçues pour être présentées au sol ou au mur, « dessins pour des structures tridimensionnelles dans l'espace » (Grey extended seven, 1967, New York, Whitney Museum). Cette recherche sur le rapport entre la matière et la surface est développée dans la série des Wire Pieces (1971-1974), travaux superposant un dessin sur le mur, un fil de métal suspendu au mur ou tendu, et l'ombre portée, dans des œuvres en corde placées au mur ou sur le sol (Rope Piece, 1973), ou en bois (Summer Wood Piece, 1974) découpées géométriquement. À partir des années quatre-vingt, il réalise des assemblages de matériaux divers, souvent peints, superposition de petits éléments hétéroclites en bois, carton, papier, textile ou métal, conservant à ces petites accumulations un caractère fragile (Sculpture for drawing space, 1984). Bien représenté au Stedelijk Museum d'Amsterdam et au Staatliche Kunstsammlungen de Kassel, l'œuvre de Tuttle a fait l'objet d'expositions à l'I. C. A. de Londres en 1984 et au M. A. C. de Bordeaux en 1986.

Tutundjian (Léon Arthur)

Peintre français d'origine arménienne (Amassia 1906 – Paris 1968).

Il arrive à Paris en 1923 après être passé par la Grèce et l'Italie. Il commence par donner des gouaches de style expressionniste avant d'exécuter une importante série de collages (1925-1926). En 1927, ses premières peintures sont abstraites et géométriques ; il est proche des tendances néoplastiques et constructivistes. Entre 1926 et 1929, il réalise des dessins à l'encre de grande qualité, où les principaux éléments de son répertoire formel (lignes droites et courbes, cercles et sphères, quadrilatères non réguliers) se tiennent dans un jeu de tensions savamment équilibré, devant des plages d'encre pulvérisée créant une illusion d'espace cosmique ou atmosphérique ; ces dessins ne sont pas sans rappeler l'œuvre graphique de Kandinsky. En 1930, il participe à la fondation du groupe Art concret aux côtés de Van Doesburg, Hélion, Carlsund et Wantz, suivi l'année d'après du groupe Abstraction-Création, dont il est membre fondateur. Il réalise également des reliefs, généralement composés d'un plan de bois supportant de fines tiges de fer et des éléments métalliques où les formes circulaires dominent (Relief, 1930, musée de Grenoble). En 1932, il se convertit au surréalisme ; ses tableaux, méticuleusement peints, sont alors habités de formes biomorphiques. En 1958, et jusqu'à sa mort, il revient à une abstraction pure, dont un certain lyrisme n'est pas absent. Son œuvre, sans aucun doute mésestimé, reste confidentiel, dispersé et peu montré.

Twachtman (John)

Peintre américain (Cincinnati 1853 – Gloucester 1902).

L'un des représentants les plus significatifs de l'impressionnisme en Amérique, Twachtman étudia le dessin d'abord à l'Ohio Mechanics Institute, à la McMicken School of Design et à la Cincinnati School of Design avec Duveneck, qui lui demanda de l'accompagner à Munich (1875-1877). Il y fut l'élève de Ludwig Loefftz, retourna aux États-Unis avant de revenir enseigner chez Duveneck, à Florence, et de fréquenter à Paris l'Académie Julian de 1883 à 1885. En même temps qu'il abandonnait Munich pour Paris, il découvrait l'impressionnisme et Whistler. Rapidement, en compagnie d'autres peintres américains, il peignit en plein air, avec Duveneck à Venise, avec Childe Hassam sur la côte normande. Son style devint alors plus uni et harmonieux, tel qu'on peut le constater dans l'une de ses meilleures toiles, Arques-la-Bataille (1885, Metropolitan Museum), qui dénote une adaptation de l'esthétique whistlérienne et du japonisme dans l'harmonie subtile des gris et des verts et la légèreté calligraphique du dessin. Twachtman s'établit à partir de 1889 près de Greenwich et se consacra essentiellement au paysage. Il pratiqua aussi l'eau-forte. Il enseigna à Newport, Cos Cob, à la Cooper Union Institution et à l'Art Students' League. Parmi ses élèves, il convient de noter Ernest Lawson. En 1898 enfin, Twachtman fit partie du groupe des Dix, qui avaient décidé d'exposer ensemble pour promouvoir l'art américain. Les musées de Chicago, Cleveland, New York (Metropolitan Museum, M. o. M. A., et Whitney Museum) et Cincinnati conservent un certain nombre de ses œuvres, qui furent très appréciées de son temps.