Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
N

Neufchatel (Nicolas) , dit Lucidel

Peintre flamand (Mons 1527  – Nuremberg v.  1590).

En 1539, il est inscrit comme apprenti chez Pieter Coecke à Anvers. On le retrouve aussi sous les noms de Colijn Van Nieucasteel et Nicolas de Novocastello, mais plus couramment sous celui de Lucidel.

   Neufchatel a travaillé à Malines et à Bruges avant que son adhésion au calvinisme ne l'obligeât à s'enfuir d'abord en Frise, puis à Nuremberg, où il arriva en 1561 et devint le portraitiste des notables de la ville. Il a également séjourné à Prague.

   Son style s'apparente à celui de Holbein le Jeune, de Moro, de Pourbus. Neufchatel cherche à pénétrer la psychologie de son modèle, qu'il représente avec austérité et beaucoup de réserve.

   Son seul portrait authentifié est celui du Mathématicien Jean Neudörfer et de son fils (1561, Munich, Alte Pin.). Le M. A. A. de Bruxelles possède un Portrait de femme qui peut lui être attribué et dont le pendant, un Portrait d'homme, est conservé au château de Pommersfelden (coll. du comte Schönborn), en Bavière. Les musées de Berlin détiennent de l'artiste deux portraits de femme et un portrait d'homme, et le musée de Budapest le Portrait de Hans Pilgrim et le Portrait de sa femme. D'autres portraits qui lui sont attribués sont conservés dans les musées de Kassel, Karlsruhe, Darmstadt, Londres (N. G.), Marseille (Grobet-Labadié) et Prague.

New English Art Club

Cette société anglaise, fondée en 1886, groupait des artistes trop audacieux pour pouvoir exposer à la Royal Academy. Des peintres anglais dont la sympathie allait à l'école de Barbizon et aux impressionnistes français, tels que Sickert, Steer et Brown, en furent les premiers membres éminents. Pendant vingt-cinq ans, des expositions annuelles définirent le niveau de l'art moderne en Angleterre et furent défendues par le critique du Spectator D. J. McCall, puis par Moore et Fry. En 1911, quelques membres se détachèrent avec Sickert et formèrent le Camden Town Group.

Newman (Barnett)

Peintre américain (New York 1905  – id.  1970).

L'un des artistes américains les plus importants depuis 1945, il représente avec Rothko et C. Still la fraction de l'école new-yorkaise hostile à l'Action Painting. Jusque v. 1960, son rôle fut assez modeste ; pourtant, les formes strictes et les vastes surfaces de Newman ont exercé une vive influence sur Louis et Noland en particulier, pour qui les champs verticaux de couleur et leur insertion dans l'espace sont un problème essentiel. Dès 1955, dans un essai intitulé American Type Painting, paru dans Partisan Review, Clement Greenberg employait l'expression field painting (champ coloré) pour différencier l'Abstraction sensuelle de Pollock, de De Kooning et de Gorky des surfaces plates et vibrantes significatives de l'art de Newman : " Les bords des vastes toiles de Newman, écrivait-il, jouent le même rôle que les lignes intérieures des formes ; ils divisent, mais ne séparent point, ni n'enclosent ou n'isolent ; ils délimitent mais ne limitent point. " Les principales caractéristiques du style de Newman apparaissent entre 1946 et 1948. Un dessin à l'encre : Sans titre (le cri) [1946], est une des œuvres les plus anciennes où les plans sont verticalement orientés, avec un motif presque central qui divise la surface et en même temps lui donne son unité. Onement I (1948, New York, M. O. M. A.) est la première peinture, encore de moyen format, où cette recherche soit explicite : une large bande orangée, qui n'est pas exactement au centre du tableau, crée un effet de dynamisme irrésistible. L'artiste travailla ensuite sur des formats beaucoup plus vastes et avec des couleurs plus vives, au point que les champs colorés verticaux prirent un relief intense et que leur extension dans l'espace leur permit en quelque sorte d'absorber totalement le spectateur (Abraham, 1949, New York, M. O. M. A.). Le rectangle primitif du tableau est ainsi aboli, en dépit de son existence réelle ; en revanche, la coupure verticale inscrite dans le rectangle est un facteur de liaison entre les parties (Ulysses, 1952, Houston, The Menil Coll.), et elle réaffirme à l'intérieur de la surface le schéma originel : chaque partie du tableau est donc en relation d'analogie formelle avec l'autre, de même que toute la peinture l'est avec la paroi murale (Qui a peur du rouge, du jaune et du bleu ? [III], 1966-67, Amsterdam, Stedelijk Museum). Mais on ne peut considérer cet art d'un point de vue purement formel, et le peintre lui-même conçoit son œuvre d'une manière quasi symbolique. Comme chez d'autres créateurs de sa génération, ses titres sont souvent des expressions métaphoriques d'intentions complexes, à la fois intellectuelles et poétiques. Onement (au moins 6 tableaux portent ce titre) évoque l'harmonie, la totalité, la plénitude. Thomas Hess, biographe de l'artiste, fait remarquer que le mot onement n'existe pas en anglais et qu'il vient d'atonement, qui signifie " rédemption ". D'autres titres révèlent la même ambition de signification spirituelle profonde : Covenant (Alliance), Abraham, Concorde, Cathedra, et le plus souvent l'œuvre est riche d'une résonance biblique. L'exposition organisée par Laurence Alloway en 1966 au Guggenheim Museum de New York s'intitulait Chemin de croix (toiles de la série Station of the Cross, Washington, N. G.) et ne laissait subsister aucun doute, même pour les peintres qui admiraient Newman plus pour ses qualités techniques (éclat de la couleur, à l'huile ou à l'acrylique, maîtrise de l'immense format) que pour le sens véritable de son art, c'est-à-dire la formulation d'une métaphysique complète : " Un atelier est un sanctuaire ", a déclaré Newman.

   Les dernières peintures de Newman comprennent des compositions en forme de triangles isocèles (Chartres, 1969, New York, Met. Museum ; Jéricho, 1968-69, Paris, M. N. A. M.). L'artiste a exécuté aussi des sculptures, généralement en acier (Here I, 1962 ; Here II, 1965 ; Here III, id. ; Obélisque brisé, 1963-1967 ; Zim-Zum, 1969), la maquette d'une synagogue (1963) et des lithographies (Cantos, 1963-64, Paris, M. N. A. M.).

   L'œuvre de cet artiste original atteint souvent une authentique profondeur et tombe rarement dans l'emphase et le superficiel. Une rétrospective Newman a eu lieu en 1972 à New York et fut présentée ensuite à Londres, à Amsterdam et à Paris. Il est représenté dans de nombreuses collections privées et publiques, à New York (M. O. M. A. Met. Museum), à Los Angeles (Onement VI, 1953, coll. Weisman), à Bâle (Day before one, 1951), à Londres (Adam, 1951-52, Tate Gal.), à Stockholm (Tertia, 1964, Nm), à Paris (Shining Forth [to George], 1961, M. N. A. M.), à Madrid (Profile of light, 1967, Centro de Arte Reina Sofia).