Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

cloisonnisme

Ce terme fut inventé et utilisé pour la première fois par le critique Édouard Dujardin dans un article publié dans la Revue indépendante du 19 mai 1888. Dujardin saluait ainsi la naissance d'un art nouveau qui lui semblait annoncé par les toiles que le peintre Louis Anquetin venait de présenter à l'exposition des Vingt à Bruxelles. Déçus par le Néo-Impressionnisme, qui les avait un moment tentés, Anquetin et Émile Bernard s'étaient détournés des recherches divisionnistes pour simplifier et recomposer l'image perçue en formes élémentaires aux teintes plates cernées d'un contour, " quelque chose comme une peinture par compartiments, analogue au cloisonné ", " le dessin affirmant la couleur et la couleur affirmant le dessin ", notait É. Dujardin. Le procédé était emprunté aux estampes japonaises, au vitrail, aux xylographies populaires et médiévales ; il devait séduire Gauguin, que Bernard avait retrouvé à Pont-Aven au début d'août 1888, et devenir l'une des bases du Synthétisme, élaboré par le groupe de Pont-Aven ; Gauguin et de nombreux artistes du groupe, tels Sérusier ou Filiger, puis certains Nabis catéchisés par Sérusier l'utilisèrent souvent. Sollicité par des influences contradictoires, É. Bernard devait l'abandonner à partir de 1892.

Close (Chuck)

Peintre américain (Monroe, Washington, 1940).

Il se forma à l'université de Washington, à l'université Yale (1960-1964) et à l'Académie des beaux-arts de Vienne, en Autriche (1964-1965). Sa première exposition personnelle a lieu en 1967 à l'Art Gal. d'Amherst (Mass.). Close se donne pour but de " transcrire l'information photographique en information peinte ", et ce dans des portraits très réalistes, tirés de photographies, accentuant tous les détails physionomiques. De novembre 1967 à avril 1970, il réalise dans le cadre de strictes contraintes techniques huit portraits en noir et blanc, de très grand format, en gros plan, selon une vision frontale, telles des photographies d'identité. L'année 1971 marque un retour à la couleur, toujours très contrôlée, Close n'en utilisant que trois, le rouge, le bleu et le jaune, qu'il superpose. La trame picturale forme alors une grille restant lisible, le même portrait, Robert, pouvant être traité en 154, 616, 2 464, 9 856 et 104 072 points (Robert 104 072, 1972-1974. New York, M. O. M. A.). À partir de 1977, pastel et aquarelle lui permettent d'utiliser une gamme de couleurs beaucoup plus vaste (Linda, 1977). Au cours des années 80, Close utilise diverses techniques pour matérialiser la figure sur la toile : les Finger Paintings (peintures au doigt), les pastilles de papier en noir et blanc (Georgia, 1982), les grilles d'unités de couleurs contrastées (série de portraits d'artistes, tels Alex Katz, Cindy Sheramn, Francesco Clemente, exposés en 1987, New York, Pace Gallery). Présentée dans de nombreuses expositions internationales dont la Documenta de Kassel en 1972 et 1977, son œuvre a fait l'objet d'une exposition à Minneapolis en 1981.

Closon (Henri-Jean)

Peintre belge (Liège 1888  Paris 1975).

Après ses études à l'Académie royale des beaux-arts de Liège en 1904, Closon pratique une peinture de type expressionniste très colorée (Tête de Christ, 1912-1914, atelier de l'artiste). De 1914 à 1918, il est mobilisé. En 1921, il se fixe à Paris. Ses premières œuvres abstraites datent de 1932 : il réalise alors des tableaux qui jouent sur une gamme colorée très étendue et qui cherchent à exprimer des rythmes dans un style qui n'est pas loin de celui de Robert Delaunay et plus encore de celui d'Otto Freundlich. En 1932, il adhère à l'association Abstraction-Création. L'année suivante, il s'installe dans l'Isère, où il résidera jusqu'en 1954. À partir de 1947, il expose régulièrement au Salon des Réalités Nouvelles. En 1961, le musée de Grenoble lui a consacré une exposition rétrospective. L'artiste est représenté dans les musées belges ainsi qu'au musée de Grenoble.

Clouet (François, dit Janet)

Peintre français (Tours v.  1505-1510  – Paris 1572).

Fils de Jean Clouet, à qui il succéda comme peintre du roi en 1541, célèbre sous quatre rois, nommé en 1551 commissaire au Châtelet, François, qui reçut à cette date ses lettres de naturalisation, fit une carrière de portraitiste, mais participa aussi aux charges d'un peintre de cour : en 1547 et 1559, lors des funérailles royales, il exécuta les masques mortuaires de François Ier, du Dauphin et de Henri II. Il s'associa pour moitié avec Marc Béchot, sculpteur, et cinq autres peintres pour les funérailles, sacres, couronnements, avec " mômeries, pompes, tournois et autres choses à ce servant ". Son activité est jalonnée par de rares mentions : en 1552, il décora de " lacs, chiffres et croissants " un coffret exécuté par Scibec de Carpi ; en 1568, il est au service de Claude Gouffier et de sa femme, Claude de Beaune. De 1570-1572 datent des paiements pour deux bannières de trompettes du roi et une armure. En 1572, il exécuta pour la reine d'Espagne une miniature de la reine (Élisabeth d'Autriche sans doute). Sa dernière mention montre qu'on le consultait pour les monnaies. Il fut très apprécié par la reine Catherine de Médicis, qui collectionna ses dessins avec prédilection et en offrit 551 à sa petite-fille Chrétienne de Lorraine (en partie auj. à Chantilly, musée Condé). Il est vanté par les poètes, notamment Ronsard, qui décrit une œuvre perdue représentant la maîtresse du peintre nue ; cette mention précieuse permet d'appuyer l'attribution des peintures de genre du type de celle de Washington.

   François Clouet a été longtemps confondu avec son père Jean, le surnom de " Janet " (qu'ils portèrent tous deux) ayant sans doute entretenu cette confusion et erreur.

   On ne connaît de lui que 2 tableaux signés : le portrait de son ami et voisin l'apothicaire Pierre Quthe (1562, Louvre) et la Dame au bain (Washington, N. G.). Un dessin de Charles IX qui porte la date de 1566 (Ermitage) a servi de base pour lui attribuer le portrait peint de Charles IX (Vienne, K. M.) et une série de dessins (la plupart à Chantilly, musée Condé, et Paris, B. N.).

   De rares peintures peuvent être rapprochées de ces œuvres certaines, comme Henri II en pied (Offices), et d'excellentes répliques d'atelier. Selon les anciens auteurs, François Clouet fut aussi un remarquable miniaturiste : on lui a attribué le François Ier à cheval du Louvre et le Henri II à cheval des Offices ; mais ces portraits équestres ont parfois aussi été attribués à Jean Clouet.

   Comme le prouvent plusieurs mentions et la Dame au bain (Washington, N. G.), François Clouet, à la différence de son père, ne fut pas uniquement portraitiste ; il est probablement l'auteur de Diane au bain (musée de Rouen), dont l'importance et le succès nous sont attestés par plusieurs répliques. Il fut peut-être aussi l'inventeur de certaines scènes de genre, comme la Scène de comédie (dite le Malade imaginaire) ou les Enfants se plaignant à l'Amour, gravées avec son nom (Janet ou Genet) et éditées par Le Blon. À ce groupe d'œuvres à sujets profanes alors en vogue, se rattachent aussi des compositions comme la Belle et le billet, connue par plusieurs exemplaires (France, coll. part. ; Madrid, musée Thyssen-Bornemisza).

   Son influence est visible sur un certain nombre d'œuvres restées anonymes, dont les plus célèbres sont la Sabina Poppaea (Genève, musée Rath) et les Femmes au bain du Louvre.

   Formé par son père, François Clouet collabora sans doute avec lui à ses débuts : Ch. Sterling a pensé déceler des traces de cette collaboration dans le François Ier du Louvre, traditionnellement attribué à Jean et dont les mains auraient été peintes par François. Ce dernier va rapidement évoluer vers un art plus savant et plus complexe que celui de son père, témoignant d'influences diverses, italiennes, néerlandaises et allemandes. Ses portraits peints, d'une extrême finesse et d'une grande distinction, non sans froideur, sont d'admirables exemples de l'art de cour qui prévaut en France au XVIe s. et de sa société raffinée (Élisabeth d'Autriche (1554-1592), reine de France, femme de Charles IX, Louvre).

   Les dessins de François Clouet n'ont plus la simplicité de ceux de son père, ni leur économie de moyens : il se sert d'un métier plus riche, d'une technique plus complexe pour décrire minutieusement ses modèles, sans jamais, cependant, distraire l'attention du caractère des physionomies (Marguerite de France enfant, Chantilly, musée Condé).

   Son influence fut énorme en France et même à l'étranger, dans le domaine du portrait comme dans celui de la scène de genre. Il dirigea un atelier où travaillèrent des artistes auj. très mal connus (Jacques Patin, fils de Jean, qui fut collaborateur de Jean Clouet, et Simon Le Roy).