Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
G

Gottlieb (Adolph)

Peintre américain (New York 1903  – id. 1974).

Après des études à l'Art Students League de New York sous la direction de John Sloan et de Robert Henri, il se rend à Paris, où il fréquente l'académie de la Grande-Chaumière. De retour aux États-Unis, Gottlieb, comme beaucoup de peintres américains, participe au Federal Art Project, organisation gouvernementale qui, de 1933 à 1943, donne aux artistes un emploi régulier en leur faisant exécuter des peintures murales dans des édifices publics. Ayant quitté cette fonction en 1937 et après une retraite d'un an, il réalise la série des " pictographes ", sorte d'écriture hiéroglyphique proche de Torrés-Garcia, où les tableaux sont constitués de motifs symboliques, dérivés de formes naturelles et humaines et enfermés dans des compartiments. Pour lui, comme pour la plupart des expressionnistes abstraits de sa génération, il s'agit de traduire de manière universelle et en reprenant l'héritage surréaliste des états d'inconscient collectif, des mythes éternels et durables, et de privilégier le contenu sur la forme (le Retour du voyageur, 1946, New York, M. O. M. A.). Peu à peu, tout en laissant la prédominance à la couleur, intense ou subtile, Gottlieb abandonne en 1951 les " pictographes " pour élaborer un langage simplifié, réduit à l'essentiel. Ces " paysages imaginaires " sont d'amples compositions rythmées par l'horizon, qui délimite deux zones antinomiques, symbolisant, l'une, le repos de l'univers céleste et l'autre, le chaos des forces terrestres (Sons gelés numéro I, 1951, New York, Whitney Museum). À partir de 1957, il agrandit le format, il réduit encore plus le nombre d'éléments de ses paysages et la couleur devient plus intense (Thrust, 1959, New York, Metropolitan Museum of Art).

   Gottlieb est représenté dans un très grand nombre de musées américains. En 1968, une grande exposition rétrospective de son œuvre a eu lieu conjointement au Whitney Museum et au Guggenheim Museum de New York.

Götz (Karl Otto)

Peintre allemand (Aix-la-Chapelle  1914).

En 1931-32, il étudie à l'École des arts décoratifs de Francfort, où il subit l'influence du Bauhaus, et réalise sa première toile abstraite en 1933. Condamné par l'avènement du nazisme, il s'initie néanmoins à l'évolution de l'art libre à travers Klee, Ernst, Kandinsky. En 1936, il entreprend des essais sur des films abstraits et des photogravures. De 1948 à 1953, il publie la revue Meta, qui fait une large place à l'avant-garde européenne, en liaison avec le mouvement Cobra. Sa première exposition personnelle a lieu en 1946 (Wuppertal, Studio Rasch). Au niveau pictural, après des débuts surréalistes, il exécute en 1949 une série de tableaux sur un même thème : " Variations... ", un ensemble de toiles qui se répondent et se complètent en une sorte de " cinétisme " avant la lettre. À mi-chemin entre une Abstraction souple à la manière d'Arp et un certain Surréalisme proche de Gorky ou de Matta, il trouve sa voie dans un Néo-Expressionnisme non tout à fait dégagé encore de la figuration (Komposition I et II, 1952). Mais il s'oriente très vite — à partir de 1954 — vers une peinture plus libre, d'une ample gestualité, dans la ligne de l'Action Painting avec des accents lyriques qui vont en s'affirmant. Comme chez Sonderborg ou Mathieu, l'importance de la vitesse et la saisie immédiate du temps sont capitales. L'unité et l'éloquence résident dans l'infaillibilité du premier jet (Brest, 1957 ; Peinture, 28-1-1955, Duisburg, Wilhelm Lehmbruck Museum). Parfois, la couleur éclate avec non moins de violence — un rouge flamboyant : Tulin (1958) — ou se nuance au contraire à l'extrême : Nova I (1961). Götz est resté depuis totalement fidèle à cette écriture torrentueuse et personnelle, qui correspond pour lui à une sorte de souffle et de rythme vital. Sa première exposition à Paris eut lieu en 1954 (gal. Greuze), préfacée par E. Jaguer. Il a participé à de nombreuses manifestations internationales (Documenta 2, Biennale de Venise, 1958) ainsi qu'aux expositions de Cobra et du groupe Phases. Ses œuvres figurent dans de nombreux musées en Allemagne (Darmstadt, Duisburg, Essen, Mannheim, Wiesbaden) et à Seattle, à Montevideo, à Amsterdam.

gouache

Procédé de peinture à la détrempe dans lequel les couleurs, d'abord broyées à l'eau, sont ensuite mêlées à de la gomme, à la différence de la peinture dite " de détrempe ", pour laquelle on utilise de la colle.

   La technique de la gouache diffère de celle de l'aquarelle en ce que les couleurs sont moins transparentes et restent opaques en séchant. On peut donc superposer des couleurs comme dans la technique de la peinture à l'huile.

Goudreaux (Pierre)

Peintre français (Paris v.  1694  – Mannheim, Allemagne, 1731).

Sans doute élève de Largillière, il s'installa à Mannheim dès av. 1723, travailla à la décoration du château (Visitation, 1729, chapelle) et fit les portraits de la famille de l'Électeur palatin (Munich, Alte Pin. ; château de Schleissheim), usant de contrastes lumineux comme Grimou, mais dans une matière riche, adoptée probablement au contact de ses confrères décorateurs allemands : Portrait présumé de l'artiste lutinant une femme (1727, musée d'Augsbourg).

Gourmont (Jean I de)

Peintre et graveur français (Carquebut, Manche, v.  1483  – Lyon v.  1551 [?]).

Issu d'une importante famille de graveurs, imprimeurs et libraires actifs pendant tout le XVIe s., Jean I de Gourmont, personnalité artistique la plus intéressante de la famille, eut une carrière encore mal connue. Il aurait travaillé à Paris avec ses frères, les imprimeurs Gilles et Robert, de 1508 à 1520. Sa présence à Lyon est attestée de 1522 à 1528, mais il y resta probablement bien plus longtemps, du moins si les gravures qu'on lui attribue sont bien de lui. Il s'agit de gravures exécutées au burin, minutieusement travaillées, représentant des sujets divers, mais toujours dans un riche décor architectural. Ces feuilles étant les plus belles de ce style particulier à Lyon, Jean I de Gourmont fait figure de chef d'école. On attribue également à l'artiste, par analogie stylistique, quelques dessins et un tableau, l'Adoration des bergers (Louvre), qui provient de la chapelle du château d'Écouen.