Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
B

bande dessinée

Histoire en séquences d'images où le dialogue est inclus, la B.D. est l'aboutissement d'une évolution qui remonte aux illustrations gravées du XVe siècle. La répartition du texte, la disposition des images et leur format déterminent le style tout autant que le dessin lui-même.

   L'image est, à l'origine, carrée ou rectangulaire, mais, à partir des années 20, on adopte des formats différents, le cadre pouvant même disparaître, remplacé par des espaces blancs. Les premiers " ballons " apparaissent autour de 1900, cernés d'un trait issu de la bouche du personnage. Le dessin est tracé avec de l'encre de Chine à la plume ou au pinceau, les gris sont obtenus avec des trames transparentes et la couleur est appliquée à l'aquarelle.

   La forme actuelle de la B.D. est américaine, mais les précurseurs sont européens : le Suisse Töpffer, l'Allemand Busch vers 1850. Le retard des États-Unis est rapidement rattrapé par la vogue des magazines humoristiques (Puck, Judge, Life) ; la littérature illustrée atteint une extension prodigieuse à la fin du XIXe s., les " comic strips " envahissant la presse. Elle élargit ensuite son domaine et aborde la féerie, le suspense, les récits mythologiques, la science-fiction. Vers 1910, des auteurs plus ambitieux (Herriman et Sullivan) cherchent une véritable expression à travers ses possibilités formelles et narratives. En 1929, l'apparition de Tarzan, créé par Foster, révolutionne le procédé par l'adoption des techniques du cinéma (gros plans, contre-jours, plongées), tandis que le dessin animé apporte un monde nouveau avec Mickey Mouse de Walt Disney en 1931. Entre 1965 et 1970, la B.D. issue du mouvement hippie (Zap, Fritz the Cat, Freak Brothers) devient violemment satirique, non-conformiste et antigouvernementale. En Europe, hormis le fantastique de Little Nemo, la B.D. reste cantonnée dans les journaux d'enfants, tels Bécassine ou les Pieds nickelés, avant de prendre un nouveau départ avec des créations originales qui ne doivent rien à l'influence américaine : Spirou, Tintin, Lucky Luke, Astérix, Barbarella... Si la B.D. entretient peu de liens avec la peinture, certains artistes (Rauschenberg, Fahlström, Télémaque, Rancillac, Lichtenstein) ont su intégrer ses composants, ouvrant ainsi à la peinture des possibilités immenses du point de vue visuel.

Bande noire

Le surnom de " peintres de la Bande noire " fut donné à quelques peintres français qui, séduits par les violents contrastes du pays breton, exposaient à la Société nationale des beaux-arts des œuvres aux couleurs sombres. Charles Cottet dans l'Enterrement breton (1895, musée de Lille), Lucien Simon dans la Procession (1901, musée d'Orsay) exprimaient la rudesse primitive des marins. Ils s'inspiraient à la fois du réalisme de Courbet et de la construction cézannienne pour rendre l'immuabilité de cette terre mélancolique dans des toiles solides où le trait vigoureux souligne la composition par masses. Si Cottet resta fidèle à cette âpre inspiration (Au pays de la mer, 1898, musée d'Orsay), la retrouvant dans les collines arides d'Espagne, Simon brossa aussi de beaux portraits (Autoportrait, 1909, musée de Lyon) et des scènes intimes plus impressionnistes (Causerie du soir, 1902, Stockholm, Nm). André Dauchez peignit surtout des grèves et des landes monotones (les Brûleurs de goémon, 1898, musée de Moulins), tandis que René Ménard exécutait des paysages historiques (Premières Étoiles, 1899, musée de Lyon) et de grandes décorations bucoliques d'une poésie sereine (l'Âge d'or, 1909, Paris, panneaux peints pour la faculté de droit, déposés en 1970, actuellement au musée d'Orsay). Vers 1900, ils participent avec Aman-Jean, Prinet et les frères Saglio aux activités de la Société nouvelle, à la galerie Georges Petit. La plupart des peintres de la Bande noire sont représentés au musée de Quimper qui a organisé successivement en 1981 et 1984 une exposition des œuvres de Lucien Simon et de Charles Cottet. Mais la Bande noire, cette stylisation du réalisme, n'a pas encore fait l'objet d'une grande rétrospective qui lui donne sa juste place à côté des réalistes synthétiques belges, néerlandais ou nordiques. Le musée du Petit Palais (Paris) possède la grande esquisse d'un portrait collectif du groupe, peint par Lucien Simon en 1899, acquis par le musée de Pittsburgh et malheureusement détruit dans un accident.

Bandinelli (Baccio)

Artiste italien (Florence 1493  –id. 1560).

L'œuvre sculpté de Bandinelli, marqué par la volonté d'égaler Michel-Ange et de s'opposer à lui, répond à la virtuosité de son rival B. Cellini par la froideur d'un ordre classique un peu lourd. Son activité de peintre, attestée par Vasari, nous est connue grâce à plusieurs Autoportraits (Florence, Offices ; Boston) et à une Léda (loc. inconnue) dont il existe un dessin préparatoire (Londres, British Museum). Ses dessins, nombreux (la plupart des grands cabinets de dessins en conservent) et d'une virtuosité un peu gratuite, ont souvent été confondus avec ceux de Michel-Ange. Ils comportent surtout des études pour des sculptures ou des gravures, exécutées par Béatrizet et Marco da Ravenna. À côté de dessins de ce type, influencés d'autres fois par Andrea del Sarto, Rosso ou Pontormo, il faut signaler des dessins très différents, d'un fort accent naturaliste.

Banti (Cristiano)

Peintre italien (Santa Croce sull'Arno 1824  – Montemurlo 1904).

Issu d'une famille aisée, Banti fréquente entre 1842 et 1850 l'Académie des beaux-arts de Sienne avant de s'installer à Florence, où, habitué du café Michelangelo, il devient membre du groupe des Macchiaioli. Ses propriétés dans la campagne toscane abritent souvent ses amis Signorini, Boldini et Borrani, intéressés par sa technique du " miroir noir " introduit dans le milieu florentin par Altamura qui isole le motif, définissant ainsi parfaitement ses contours et ses valeurs lumineuses (Assemblée de paysannes, v. 1861, Florence, G. A. M. ; Trois Paysannes, id.). Par le caractère mélancolique des attitudes et des visages, et par le choix d'une palette à la fois sévère et précieuse, la peinture de Banti diffère un peu de l'expression des Macchiaioli. Collectionneur avisé, Cristiano Banti rassembla un riche ensemble des œuvres de ses contemporains, qui fut malheureusement dispersé à sa mort.