Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Callet (Antoine-François)

Peintre français (Paris 1741  – id. 1823).

Prix de Rome (1764), il fut reçu à l'Académie (1780, le Printemps, Louvre, galerie d'Apollon). Après un séjour à Gênes (plafond du palais Spinola), il exécuta des scènes décoratives : Allégorie à la Sculpture (Dijon, musée Magnin), puis pratiqua un art antiquisant beaucoup plus lourd (Mort d'Hector, 1785, musée de Saint-Omer). Ses quatre compositions des Saisons furent tissées aux Gobelins : l'Hiver ou les Saturnales, 1783 (Louvre) ; l'Automne ou les fêtes de Bacchus, 1787 (id.) ; l'Été ou les fêtes de Cérès, 1789 (musée d'Amiens) ; le Printemps ou Hommage des dames romaines à Junon Lucine, 1791 (id.). On lui doit l'un des portraits officiels de Louis XVI (nombreux exemplaires, notamment dans les musées de Versailles, de Clermont-Ferrand, de Grenoble).

calligraphie (Occident)

Art de dessiner les caractères de l'écriture et de les décorer ou de les utiliser à des fins décoratives.

   Au Moyen Âge, la calligraphie s'est contentée d'être l'art de bien tracer les caractères de l'écriture romaine : dans les îles Britanniques, les écritures nationales s'inspirèrent des demi-onciales romaines et, dès le VIIe s., elles atteignirent une rare perfection (écoles du Northumberland). C'est dans les scriptoria monastiques que se formaient les calligraphes. Les écoles de Tours et d'Aix-la-Chapelle, sous le règne de Charlemagne, contribuèrent à faire de l'écriture un art en soi. Les calligraphes se servaient de roseaux ou de plumes d'oiseau, avec lesquels ils obtenaient un trait plus ou moins épais, selon la forme et le degré d'inclinaison de la plume. Très vite, on prit l'habitude de dégager du texte et de mettre en valeur l'initiale du premier mot. La première initiale ornée apparaît vers le VIe s., elle est un mélange de motifs d'inspiration chrétienne, d'entrelacs " barbares " et d'artifices linéaires évoluant sur un même plan. Citons pour le XIIIe s. le nom de Karlin, notaire à Bruges et, pour le XIVe s., celui de Raouhlet d'Orléans.

   À la Renaissance, on reprend ce procédé ; comme au Moyen Âge, le calligraphe utilise le corps de la lettre comme point de départ d'un jeu de lignes, de volutes et de spirales, constituant un décor de motifs abstraits ou de représentations figuratives très variées. Ces exercices de virtuosité étaient pratiqués selon des règles très précises, consignées dans de nombreux traités (Palatino, 1540, Rome ; Pisani, 1640). La calligraphie acquit une grande profondeur grâce aux pleins et aux déliés. Elle ne concerna plus seulement la lettre initiale et le texte lui-même, mais devint une sorte de dessin. Le calligraphe devait dessiner, à main levée et dans un mouvement continu, une image compliquée, ou " bizarrerie ". Au XVIIe s., la calligraphie connut la même vogue en Italie, en Hollande et en France (Jean de Beaugrand, Jan Van de Velde, Nicolas Jarry), dont un des chefs-d'œuvre fut la Guirlande de Julie (coll. part.), que le marquis de Montausier fit exécuter en 1641 pour Julie d'Angennes. Son déclin commença au XVIIIe s. malgré une initiative des maîtres écrivains, qui essayèrent de la faire reconnaître comme un art égal à l'architecture et à la peinture. Utilisée pour les portraits-charge dits " à plume volante ", elle évolua vers la caricature. De nos jours, dans le langage pictural, ce terme s'emploie pour désigner une tendance de la peinture qui tient du signe ou de l'écriture (Degottex, Dotremont, Henri Michaux, Hartung, Mathieu), par opposition à une peinture moins linéaire et moins graphique.

Callot (Jacques)

Graveur et peintre français (Nancy 1592 – id. 1635).

Après plusieurs fugues en Italie attestées par Félibien, Jacques Callot entra en apprentissage à l'âge de quinze ans chez un orfèvre de Nancy, Demange Crocq, auprès duquel — toujours d'après Félibien — il apprit les " commencements du dessin avec [...] Bellange et Deruet ". Avant 1612, date connue de son installation à Florence, il est à Rome auprès du graveur troyen Philippe Thomassin, qui lui apprend le maniement du burin. Callot restera durant neuf ans à Florence sous la protection de Christine de Lorraine, veuve de Ferdinand Ier, qui gouverna en réalité le duché jusqu'à la mort de son fils Cosme II en 1621. Il y gagna rapidement l'affection du graveur en renom Giulio Parigi et y grava deux de ses chefs-d'œuvre, la Tentation de saint Antoine (v. 1616) et la Foire de l'Impruneta (1620). En 1621, Callot s'établit à Nancy. Il grave les nombreux dessins qu'il a rapportés d'Italie (les Gobbi, les Balli di Sfessania, la Grande Passion) et épouse en 1624 Catherine Kuttinger. Il n'obtient pas pour autant à la cour de Lorraine la première place qu'il ambitionnait, alors occupée par Claude Deruet, peintre officiel depuis 1620 et dont il gravera le portrait en 1632 (dessin préparatoire au Louvre). Après s'être rendu à Breda (1627) pour graver le siège de la ville, il commémora par la même technique, sur la commande de Louis XIII, deux autres sièges : ceux de Saint-Martin-de-Ré et de La Rochelle. Ce fut l'occasion pour l'artiste de faire plusieurs séjours à Paris (entre 1628 et 1631) et de confier à Israël Henriet l'édition de ses planches. Définitivement de retour à Nancy en 1632, Callot devait assister à la fin de l'indépendance du duché de Lorraine, envahi par les troupes de Richelieu et de Louis XIII (1631, 1632, 1633) et dévasté par la peste. Dans ce climat, l'artiste publie ses dernières œuvres : les Désastres de la guerre (1633) et la seconde version de la Tentation de saint Antoine, dédiée à Louis Phélypeaux, seigneur de La Vrillière. Aucun tableau de Callot lui-même n'est parvenu jusqu'à nous, mais rien ne prouve en fait qu'il en ait peint. Ses seuls dessins et gravures le mettent au rang des plus grands maîtres lorrains du XVIIe s., aux côtés de Claude Gellée, de Georges de La Tour et de Jacques Bellange. Ses gravures, essentiellement ses eaux-fortes (technique qu'il perfectionna), répandues par toute l'Europe, sont d'une maîtrise exceptionnelle. Extrêmement chargées, composées d'innombrables personnages, jamais elles ne sacrifient au détail le sujet lui-même. Mais ce sont surtout ses dessins (en majeure partie conservés à l'Ermitage, au British Museum, à Chatsworth, coll. duc de Devonshire, et aux Offices), dans lesquels il utilise tour à tour toutes les techniques et traite tous les thèmes (théâtre, paysages, sujets religieux et scènes prises sur le vif), qui lui donnent une place exceptionnelle dans l'art français du XVIIe s. Dynamiques, jouant magistralement de la lumière, d'une spontanéité d'écriture rarement égalée, ils mêlent la malice, l'ironie, la vivacité à l'observation la plus précise d'une cruelle réalité. Bien que ses thèmes soient souvent empruntés aux artistes septentrionaux du XVIe s., Callot se montre sensible à un double courant maniériste : celui de la Lorraine du premier quart du XVIIe s. (Bellange), celui de Florence à la même période (Boscoli et les graveurs de fêtes et d'entrées triomphales). Il ne reniera jamais ce répertoire, qu'il marque toujours de sa forte personnalité. Il est ainsi le dernier grand représentant du maniérisme, dont, cependant, il maîtrisera toujours les excès.