Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Hovenden (Thomas)

Peintre américain d'origine irlandaise (Dunmanway, comté de Cork, 1840  Philadelphie 1895).

Il se forma en Irlande à la Government Art School de Cork puis émigra aux États-Unis en 1863, où il étudia à la N. A. D. Il revint en Europe en 1874, s'établissant à Paris, où il fut l'élève d'A. Cabanel. Il y fut fortement influencé par Courbet et fit partie des Américains séjournant à Pont-Aven. Il exécuta alors des toiles d'inspiration réaliste, souvent sentimentales, mettant en scène des paysans bretons (In Hoc Signo Vinces, 1880, Detroit, the Detroit Institute of Arts). De retour aux États-Unis en 1880, élu membre de la N. A. D. (1882), il enseigna à la Pennsylvania Academy of Fine Arts, où il eut comme élève R. Henri. Il jouit jusqu'à son décès accidentel d'un grand succès tant auprès du public que de la critique, dû à ses scènes de genre, dont la plus célèbre, Breaking Home Ties (1890, Philadelphie, The Philadelphia Museum of Arts), fut très remarquée à l'Exposition universelle de Chicago en 1893.

Hrdlicka (Alfred)

Peintre et sculpteur autrichien (Vienne 1928).

Il fréquente de 1946 à 1953 l'Académie des beaux-arts de Vienne, où il étudie la peinture sous la direction de Gütersloh et de Dobrowsky, et la gravure en suivant en auditeur libre les cours de Christian Martin ; de 1953 à 1957, il est l'élève du sculpteur Wotruba. Sa première exposition importante a lieu en 1960.

   Dès 1950, Hrdlicka se réclame du Naturalisme. Mais les problèmes sociaux, la tragédie humaine, la guerre et la criminalité le préoccupent alors que son œuvre est encore sous le signe du Cubisme et du Dadaïsme. Aux personnages et aux phénomènes mythiques qu'il met en scène, l'artiste sait aussi conférer un caractère d'actualité. Inspiré par une tragédie réelle, son tableau les Baigneurs (plusieurs versions de 1955 à 1960) représente des hommes nus, des Juifs, que des S.S. vêtus seulement de manteaux précipitent à l'eau pour les y exterminer. Son premier cycle d'eaux-fortes, intitulé Mille et Une Nuits (1959-1962), est consacré au monde des bars et de la prostitution. Une autre série de gravures (1965) est dédiée à " Martha Beck ", une infirmière américaine qu'un amour conduisit au crime.

   " De la théorie de l'art au XXe siècle ", tel est le titre général sous lequel se regroupent les trois cycles Haarmann, Winckelmann et Roll over Mondrian. Les meurtres de Hanovre, la sinistre fin du savant, auteur de la formule de la " noble simplicité et de la silencieuse grandeur ", assassiné à Trieste, sont, ainsi que l'univers du maître néerlandais, les points de cristallisation d'un monde à facettes multiples. Cette violente polémique est un réquisitoire contre l'esthétisme et l'Abstraction. Un " automatisme " figuratif et des éléments stylistiques empruntés à l'art cinématographique ou aux bandes dessinées voisinent avec ceux des artistes classiques, de Rembrandt (dont l'artiste se sent particulièrement tributaire) et Goya à Otto Dix et Grosz. Randolectil est le nom d'un médicament employé en psychiatrie, et le cycle de gravures qui porte ce titre nous introduit dans le monde des malades mentaux ; l'artiste illustre ainsi la fragilité des frontières entre le " normal " et le " pathologique ". Il participe à la Biennale de Vienne en 1964 et en 1982. Plusieurs expositions lui ont été consacrées à Lübeck (1980), à Vienne (1983) et à Mexico (1984).

Hubbuch (Karl)

Peintre allemand (Karlsruhe 1891– id. 1980).

De 1908 à 1912, Hubbuch suit les cours de l'Académie des beaux-arts de Karlsruhe et, de 1912 à 1914, il est l'élève d'Orlik à l'Institut des arts appliqués de Berlin. Décrivant avec passion les anomalies de la société, ses premiers dessins révèlent un sens précis du détail et de la physionomie. S'il ne participe pas au mouvement dada comme la plupart de ses contemporains, l'artiste reprend néanmoins à son compte les acquis du photomontage. Après la Première Guerre mondiale, à l'École des beaux-arts de Karlsruhe (1920-1922), Conz et Würtenberger l'initient à la gravure et plus particulièrement à la lithographie, qui deviendra l'un de ses moyens d'expression privilégiés. Vers 1920, son style se modifie, s'inspirant largement de la technique des maîtres anciens. Aux œuvres fortement imprégnées de critique sociale (Crime passionnel dans la Jägerstrasse, 1922, aquarelle ; et Voleurs de canards, 1925, aquarelle, Stuttgart, Staatsgalerie) succède désormais le réalisme des études d'objets, des nus et des portraits (la Nageuse de Cologne, 1923, aquarelle, Mannheim, Städtische Kunsthalle, et Série de portraits de Hilde à la lampe ou à la chaise Bauhaus). En 1925, Hubbuch participe à l'exposition de la Nouvelle Objectivité organisée par la Kunsthalle de Mannheim puis commence à enseigner le dessin à l'École des beaux-arts de Karlsruhe et effectue de nombreux voyages d'études en France. En 1931, un portfolio de 40 dessins (la France) invite les travailleurs français et allemands à se rapprocher. En 1933, les nazis le chassent de son enseignement, lui défendent d'exposer et le contraignent à gagner sa vie comme décorateur d'horloges et peintre de porcelaines. Nommé professeur à l'université technique de Karlsruhe en 1947 puis à l'Académie de Karlsruhe en 1948, il se consacre à son enseignement jusqu'en 1957. Son intérêt pour la France prend un caractère exclusif entre 1957 et 1969 : en 1970, un recueil de 55 dessins (Die Hauptstadt) est publié à Munich, où Paris est surtout représenté par ses panneaux publicitaires et ses affiches de cinéma. Longtemps considéré par la critique de l'après-guerre comme le représentant d'une figuration démodée, deux expositions organisées par le centre Georges-Pompidou, Paris-Berlin (1978) et les Réalismes (1980), ont redonné une juste mesure de la place originale qu'il occupe dans l'art du XXe siècle.

Huber (Wolf)

Peintre allemand (Feldkirch, Vorarlberg, 1485  – Passau  1553).

Dernier représentant important de la peinture de l'école du Danube, il était connu par ses dessins avant qu'on ne reconstitue son activité de peintre. Si le Paysage du Mondsee (musée de Nuremberg) n'était pas daté de 1510 et monogrammé, il serait difficile d'en établir la date exacte, tant ce simple dessin au trait est dénué de conventions stylistiques. Dans les nombreux dessins conservés des années suivantes, on relève, dans le rythme des compositions ainsi que dans la technique du trait clair sur fond sombre, des analogies avec l'art d'Altdorfer. La peinture la plus ancienne qui soit connue est le fragment d'une Épitaphe datée de 1517 (monastère de Kremsmünster, Haute-Autriche). En 1515, alors qu'il était déjà installé à Passau, Huber reçut la commande de panneaux pour un retable de sainte Anne (Feldkirch, église paroissiale), qu'il termina en 1521. Au revers de la caisse, richement sculptée, est peinte une Lamentation du Christ (in situ). Les volets, récemment retrouvés (Bregenz, Vorarlberger Landesmuseum), sont décorés de scènes de la Vie de saint Joachim et de sainte Anne et de l'Enfance du Christ. Ces peintures — auxquelles s'apparente un panneau daté de 1519 représentant les Adieux du Christ (Vienne, K. M.) — surprennent par leur sens très vif de l'espace. On décèle dans les architectures l'influence d'une gravure de l'entourage de Bramante et celle d'Altdorfer, sans laquelle la souplesse du métier ne s'expliquerait pas, et les figures sont souvent inspirées de motifs empruntés à des gravures sur bois de Dürer. De la décennie 1520-1530, on possède une Déposition de croix (1524, Louvre) et des fragments de 3 retables : une Flagellation et un Couronnement d'épines provenant d'un retable de la Passion daté de 1525 (monastère de Saint-Florian, Haute-Autriche) ; un Mont des Oliviers et une Arrestation du Christ (Munich, Alte Pin.) provenant d'un autre retable de la Passion ; enfin 2 panneaux faisant partie d'un 3e retable décoré de Scènes de la vie de la Vierge (Berlin et Munich, Bayerisches Nationalmuseum). On est frappé dans toutes ces œuvres, ainsi que dans une Érection de la Croix (Vienne, K. M.), par l'importance qu'occupe chaque personnage dans l'espace du tableau et par la grande plasticité de leur modelé ; l'artiste recherche les raccourcis prononcés et les types un peu caricaturaux. Quelques portraits dessinés, dont les modèles apparaissent d'une laideur presque agressive, peuvent également dater de la même époque (musée d'Erlangen ; Berlin ; Dresde, Gg) ; Huber est aussi l'auteur de remarquables portraits peints. Les effigies d'Anton Hundertpfundt (1526, Dublin, N. G.) et de l'humaniste Jakob Ziegler (Vienne, K. M.) sont les meilleurs exemples de son talent de portraitiste. Dans ses portraits, comme dans ses retables, Huber s'est soumis au goût du client, mais c'est surtout dans ses nombreux dessins de paysages, d'une vaste profondeur, que l'on peut le mieux juger de son mérite. Il a aussi exécuté occasionnellement des esquisses de portraits et de scènes religieuses, mais la plus grande partie de son œuvre dessiné est composée de paysages très proches de la nature. La fin de l'école du Danube se révèle par une manière tout à fait opposée à celle d'Altdorfer, dont, en fait, elle procédait ; chaque objet et chaque élément du paysage est vivement délimité et se détache nettement sur son fond ; en revanche, les formes, d'une stylisation mouvementée, animées d'une énergie intense, sont encore bien caractéristiques du style danubien.