Metsys (les)
ou les Metsijs
ou les Matsys
ou les Massys
Peintres flamands.

Une Vierge à l'Enfant (Bruxelles, M. R. B. A.) est probablement l'une de ses peintures les plus anciennes. La présentation des personnages sur un trône d'une riche architecture gothique témoigne d'une tendance archaïsante, le caractère familier et sentimental de l'attitude de l'enfant lisant un livre dans les bras de sa mère s'inscrivant dans la tradition de Gérard David ; quant au coloris, dans une gamme de demi-teintes, il tranche avec les tons éclatants des peintres du XVe s.
Une Déploration du Christ (coll. part.), dont la composition est inspirée par celle de Petrus Christus, est sans doute également antérieure aux grandes œuvres de Metsys. En 1509, il achève le Retable de sainte Anne (Bruxelles, M. R. B. A.) pour l'église Saint-Pierre de Louvain, qui le lui avait commandé en 1507. Ce triptyque de grandes dimensions (fermé : 2,25 × 2,20 m) représente au centre la Parenté de sainte Anne, sur la face intérieure des volets l'Annonce à Joachim et la Mort de sainte Anne et à l'extérieur Joachim distribuant ses biens aux pauvres et le Rejet de l'offrande de Joachim. Les personnages se groupent sur les volets déployés en une sorte de frise sans grande profondeur et se détachent en silhouettes imposantes qui ont fait comparer l'œuvre à une tapisserie. Les tonalités sont subtilement harmonisées dans une gamme de demi-teintes translucides très caractéristique. Un large paysage déroule ses rythmes à l'arrière-plan sans rompre l'unité des groupes. Si le goût des brocards somptueux, le style des plis lourdement drapés et même les types des personnages sont issus de la tradition du XVe s., la mise en page et le modelé — qui fait surgir la forme par des passages délicats, qui donnent aussi l'impression d'une atmosphère fluide — témoignent de la connaissance et de l'influence de l'art méridional.
Alors que cette œuvre monumentale n'était pas encore achevée, Metsys recevait en 1508 la commande d'un retable pour l'autel des menuisiers de la cathédrale d'Anvers (musée d'Anvers). Achevé le 26 août 1511, ce deuxième triptyque, plus important que le premier (fermé : 2,60 × 2,70 m), est consacré à la Déploration du Christ, figurée au centre. Les Martyres des deux saints Jean sont décrits à l'intérieur des volets, tandis que les mêmes saints sont figurés en grisaille à l'extérieur. Le panneau central présente le même aspect mural que le Retable de sainte Anne, les personnages s'inscrivant sur le paysage du Golgotha. La délicatesse du modelé accompagne une expression épurée de la douleur. Par contre, les volets, où s'épanouit une tendance différente du caractère de l'artiste, contrastent fortement avec le centre : les figures participent à une composition touffue et mouvementée, les visages se crispent en des expressions passionnées, voire caricaturales. Vers le même moment, semble-t-il, fut encore exécuté un troisième retable important, destiné au couvent de la Madre de Deus de Lisbonne. Il était consacré aux Sept Douleurs de la Vierge. Le panneau central (M. A. A. de Lisbonne) est l'une des premières représentations de la Vierge souffrante au cœur percé d'épées. Six panneaux secondaires subsistent encore, dont la Fuite en Égypte (musée de Worcester). L'ensemble est marqué par le souci de donner aux personnages la première place tout en les enveloppant dans une atmosphère qui adoucit leurs silhouettes. La matière picturale présente une sorte d'éclat translucide, obtenu par des couches minces, presque des glacis, jouant en transparence sur une préparation blanche. On a parfois supposé qu'un élève de Metsys, Eduardo le Portugalois, entré en 1504 dans son atelier et reçu maître à Anvers en 1508, aurait pu collaborer à la réalisation de ce dernier ensemble, mais il s'agit d'une hypothèse toute gratuite. Le Changeur et sa femme (1514, Louvre) témoigne encore nettement des tendances archaïsantes de l'artiste. Dans son goût du trompe-l'œil et de la préciosité de la matière, il marque un retour à Van Eyck. Quant à son thème, il reprend celui du Saint Éloi de Christus (Metropolitan Museum, coll. Lehman). D'autres œuvres marquent au contraire un attrait croissant pour l'inspiration italienne. Le Portrait d'Érasme (Rome, G. N. Gal. Barberini) et celui de Pieter Gilles (Longford Castle, Grande-Bretagne) présentent le personnage dans son cadre avec une attitude aussi naturelle que celle du Changeur, mais dans une enveloppe atmosphérique plus subtile. L'influence de Léonard apparaît dans une Vierge à l'Enfant (musée de Poznań), inspirée de la Vierge et sainte Anne, et se lit également dans la facture de la Vierge Rattier (1529, Louvre) ou de la Madeleine (musée d'Anvers). Elle a peut-être suscité la tendance caricaturale du Vieillard (1514, Paris, musée Jacquemart-André), de la Femme laide (copie à Londres, N. G.) et peut-être même indirectement des scènes de genre comme le Vieux galant (Washington, N. G.) ou l'Usurier (Rome, Gal. Doria-Pamphili), dont Marinus Van Reymerswaele s'inspirera à son tour. Cela n'exclut pas la reprise de thèmes plus anciens dans une interprétation dramatique, comme la Crucifixion (Vaduz, coll. Liechtenstein), empruntée à l'entourage de Van Eyck, la Déposition de croix (Louvre), fondée sur une composition de Rogier Van der Weyden, ou l'Adoration des mages (1526, Metropolitan Museum), qu'il doit à Gerard David. L'importance des paysages a posé le problème d'une collaboration possible de Joachim Patinir, vraisemblable dans la Tentation de saint Antoine (Prado), attribuée successivement à l'un et à l'autre. L'art de Metsys, compromis entre la tradition du XVe s. et les influences italiennes, a connu en tout temps une grande popularité.

