Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Valls (Domingo)

Peintre espagnol (Tortosa, actif entre 1366 et 1398).

Il est cité en 1373 dans une lettre du roi Pierre IV et désigné pour terminer un retable de l'église d'Albocácer. Sur la base de ce document on a pensé pouvoir lui attribuer le Retable des deux saints Jean conservé dans l'église d'Albocácer et une série d'œuvres présentant les mêmes caractéristiques stylistiques. Comme l'a remarqué à juste titre A. José Pitarch, ces peintures qui reflètent les innovations de Borrassá et de Marzal de Sax ont été exécutées par un artiste d'une génération postérieure à celle de Valls ; il propose le peintre Pere Lembrí.

Valmier (Georges)

Peintre français (Angoulême 1885  – Paris 1937).

Élève de Luc Olivier Merson à l'École des beaux-arts de Paris, de 1905 à 1909, il se rallie au Cubisme dès 1911 et expose aux Indépendants. Après 1920, soutenu activement par Léonce Rosenberg, pour qui il va dessiner la couverture de la revue qu'il édite, le Bulletin de l'effort moderne, il participe aux manifestations d'avant-garde à New York, Vienne, Varsovie. Son œuvre évolue vers une abstraction souvent décorative dans laquelle se remarque l'influence des formes de Fernand Léger. En 1932, il adhère logiquement à l'association Abstraction-Création. Son œuvre comprend des décors de théâtre (Isabelle et Pantalon, de Max Jacob, 1922 ; M. Le Trouhadec saisi par la débauche, de Jules Romains, 1923 ; pour les Ballets russes, 1926), des peintures murales (pavillon de la S.N.C.F. à l'Exposition de 1937), des tableaux de chevalet et des gouaches. Une évolution régulière le conduit après 1918 du Cubisme (portraits et natures mortes) à des projections géométriques de volumes, plus colorées vers 1925 et, après 1930, traitées avec des lignes courbes et des valeurs subtilement dégradées. Épris de musique, Valmier compose des toiles à titres musicaux : Fugue, Scherzo, Improvisation (1919-1923, New York, Guggenheim Museum). La finesse de la facture, tombant parfois dans la joliesse, est remarquable dans les gouaches qu'il exécute à partir de 1920 pour tous ses tableaux. Il est notamment représenté au M. N. A. M. de Paris.

Valtat (Louis)

Peintre français (Dieppe 1869-Paris 1952).

Cet artiste isolé fut longtemps méconnu, mais ses robustes qualités de peintre et le rôle singulier qu'il joua vis-à-vis du Fauvisme apparaissent aujourd'hui de plus en plus nettement.

   D'une famille d'armateurs dieppois, il entre à l'École des beaux-arts de Paris en 1887, passe dans l'atelier de Gustave Moreau et à l'académie Julian. Il expose aux Indépendants dès 1889. Comme la plupart des artistes de sa génération, il subit un moment l'ascendant de Gauguin, encouragé par son ami Daniel de Monfreid, avec lequel il fait un séjour en Espagne en 1895, et, plus longuement, l'ascendant du Néo-Impressionnisme. Cette dernière influence est stimulée par Cross et par Signac, ses amis et voisins, puisqu'il s'installe de 1889 à 1914 à Anthéor, près du Lavandou et de Saint-Tropez. Valtat, qui peignait avec des couleurs pures et violentes dès 1894 (Nu dans un jardin et Chez Maxim's., Genève, fondation Ghez, Petit Palais), s'apparente un moment aux Nabis. En 1894-1895, il exécute avec Toulouse-Lautrec et Albert André les décors du Chariot de terre-cuite pour le théâtre de l'Œuvre de Lugné-Poe. Mais sa pâte lourde, travaillée en taches tourbillonnantes, annonce bientôt les peintres de Chatou (la Fiesta, 1896, coll. part. ; Femme au cabaret, v. 1896, Paris, musée d'Orsay). Il participe à toutes les manifestations du Fauvisme, en particulier au fameux Salon d'automne de 1905, mais sa position dans le mouvement est ambiguë : précurseur d'un côté, compagnon de route de l'autre, Valtat reste pourtant, pour ce qu'il a de meilleur (par exemple dans ses flamboyants paysages de l'Esterel, musée de Besançon), plus proche de Guillaumin et de Cross que de Matisse, dont il est pourtant l'exact contemporain. Installé dans la région parisienne après 1914, il évolue seul, dans un style toujours soucieux d'équilibre plastique et coloré (nombreuses natures mortes). En 1924, il acquiert une propriété à Choisel dans la vallée de Chevreuse, où il fait de fréquents séjours jusqu'à la fin de sa vie. Valtat perdit la vue en 1948. Il est représenté à Paris (musée d'Orsay), Saint-Tropez, Bordeaux, Cahors, Le Havre, Nantes, Nîmes, Rennes, Toulouse et surtout, par un important ensemble de toiles " fauves " à la fondation Ghez de Genève, qui lui a consacré une rétrospective en 1969.

Van de Velde (Henry)

Peintre et architecte belge (Anvers 1863  – Zurich 1957).

Plus connu comme rénovateur de l'architecture et de l'art décoratif, il étudia cependant la peinture à l'Académie d'Anvers sous la direction de Charles Verlat, puis fréquenta, en 1884-85, l'atelier de Carolus-Duran à Paris. Après son retour en Belgique, en 1886, il participa aux divers mouvements d'avant-garde d'Anvers — le cercle Als ik kan — ou de Bruxelles ; il fut admis au groupe des Vingt en 1888. Il est, un moment, influencé par Millet (la Lavandière, 1887, musée d'Anvers), puis adopte le Pointillisme de Seurat ; il peint, dans cette technique, des paysages et des portraits : la Plage de Blankerberge (1889, Brême, Kunsthalle, et Zurich, Kunsthaus), Femme à la fenêtre (musée d'Anvers), Femme au crépuscule 1889, Otterlo, Kröller-Müller), la Fille qui remaille (1890, Bruxelles, M. R. B. A.). Ayant découvert l'art de Gauguin et de Van Gogh, il abandonne cette manière pour un style où dominent les hachures : Jardin à Kalmthout (v. 1891, Munich, Staatsgal.). Son art évolue enfin vers la ligne ornementale : Ornement de fruits (pastel, v. 1892, Otterlo, Kröller-Müller), considéré parfois comme une composition abstraite, est caractéristique de cette tendance. Puis l'artiste renonça à la peinture, détruisant certains de ses tableaux, et, à l'exemple de William Morris, décida de mettre en application ses idées qu'il développa dès 1891 en des articles, cours ou conférences. Il poursuivit, pendant une vingtaine d'années encore, son œuvre gravé, dont le plus remarquable exemple est la présentation typographique de la revue d'avant-garde flamande Van Nu en Straks, publiée à partir du 1er avril 1893.