Heckel (Erich)
Peintre et graveur allemand (Döbeln 1883 – Radolfzell 1970).
Il fit ses études à Chemnitz (1897-1904), où il se lia avec Schmidt-Rottluff (1901). En 1904, étudiant l'architecture à Dresde, il rencontre Kirchner et devient l'année suivante un des fondateurs du groupe Die Brücke. Il se consacre d'abord à la lithographie et à la gravure, techniques dont il acquiert rapidement la maîtrise (Femme assise, lithographie, 1907).
À partir de 1903, il exécute une série de bois gravés où, dans la lignée de Gauguin, un découpage massif des plans provoque des effets d'opposition de noirs et de blancs violents, empreints de primitivisme (Couple, 1910 ; Enfants debout, 1910).
Les premiers tableaux, de couleurs vives, influencés par Van Gogh, laissent progressivement la place à des paysages (Moutons rouges, 1908, Bielefeld, Kunsthalle) et surtout à un ensemble de nus (Jeune Homme et femme, 1909, Berlin, Brücke Museum) de couleurs éclatantes et exécute la même année des bois pour la Ballade de la geôle de Reading d'Oscar Wilde. À partir de 1912 surtout, la diffusion du Cubisme et les relations de Heckel avec les peintres du Blaue Reiter l'amenèrent à durcir son dessin et à employer une couleur plus froide et austère (Deux Hommes autour d'une table, 1912, Hambourg, Kunsthalle) ou génératrice de plans cristallins, suivant la leçon de Cézanne (Jour de verre, 1913, Munich, Staatsgalerie moderner Kunst ; Printemps en Flandre, 1915, Hagen, Karl-Ernst-Osthaus Museum). Il fit la guerre en Flandre comme infirmier volontaire dans le service de santé de l'armée, rencontra Max Beckmann et se lia avec Ensor. Il revint en 1918 à Berlin ; après la destruction de son atelier au cours d'un bombardement en 1944, il s'installa à Hemmenhofen, sur le lac de Constance. De 1940 à 1955, Heckel fut professeur à l'École des beaux-arts de Karlsruhe.
En 1923, il exécuta des peintures murales, grandes scènes d'un monde paradisiaque, pour le musée d'Erfurt. Dès les années 20, il évolua vers un Réalisme parfois proche de la Nouvelle Objectivité et de Beckmann (les Bedini-Taffani, 1928, Cologne, musée Ludwig) et très apaisé dans les paysages et vues de villes exécutés au cours de nombreux déplacements en Europe (le Port d'Amsterdam, 1960).
Son œuvre graphique a continué de témoigner en revanche des mêmes qualités, sobriété de la mise en page et décision du trait. Il est représenté dans la plupart des musées allemands ainsi qu'à Cambridge (Mass.) [la Convalescente, 1913, triptyque, Harvard University] et dans de nombreuses collections particulières. Une rétrospective a été présentée au musée Folkwang à Essen en 1983.
Heda (Willem Claesz.)
Peintre hollandais (Haarlem 1594 – id. v. 1680).
Élève de N. Gillis et, sans doute, de Floris Van Dyck, Heda fut inscrit à la gilde de Saint-Luc de Haarlem en 1631, c'est à peu près tout ce que nous savons de son existence. Il peignit quelques portraits et tableaux religieux, mais il est surtout connu pour ses natures mortes, qui consistent presque exclusivement en d'austères collations, apprêts de repas ou repas interrompus, ordonnés selon une typologie très étudiée.
Dès 1621, une Vanitas (La Haye, musée Bredius), par la sobriété de sa composition et la gradation savante des valeurs, annonce le style des années 1630. L'art de Heda, d'une rare distinction, est fondé sur l'harmonie des gris (argenterie) et des blancs (nappes, verres), relevée par une touche plus colorée, le jaune d'un citron à demi pelé, par exemple, dont l'écorce déroulée en spirale introduit un élément de dynamisme en même temps qu'une allusion symbolique à la fuite du temps. C'est ainsi que Heda, par sa prédilection pour les tons blonds et argentés, se rattache au courant " monochromiste " des années 1620-1640, qui touche aussi le paysage avec Van Goyen et Salomon Van Ruysdael, la peinture de genre avec Codde, Duyster ou Palamedesz, la nature morte avec un autre grand Harlémois, Pieter Claesz. Ses œuvres sont réparties dans presque tous les principaux musées : Natures mortes (1629, Mauritshuis ; 1631, Dresde [Gg] et Berlin ; 1634, Rotterdam [B. V. B.] et Munich [Alte Pin.] ; 1637, Louvre et Anvers [musée Mayer Van den Bergh] ; 1638, Hambourg [Kunsthalle] et Besançon ; 1642, Rijksmuseum ; 1656, musée de Budapest).
Face à l'opulence d'un J. D. de Heem ou au style chaud d'un Kalf, Heda, et plus généralement l'école haarlémoise, conçoit la nature morte comme une variation sur des tons très voisins, alliée à une composition de la plus grande rigueur géométrique. Son style ne resta pourtant pas toujours immuable. Si, à ses tout débuts, il peignit dans une manière large, héritée de Franz Hals, il atteignit, à partir de 1630 environ, cette quasi-monochromie qui a fait son succès et, vers 1640, il évolua vers des compositions plus chargées, qui tentent d'unifier le style de Haarlem avec celui de Kalf ; enfin, à la fin de sa vie, il abondonna ses habituels formats horizontaux pour des œuvres verticales. Des peintres comme J. J. den Uyl, Jan Olis, Frans Ykens, Willem Van Oderkerken, Jan Treck et le fils de Heda lui-même, Gerrit (Haarlem [ ?] 1620 - id. v. 1702) , inscrit en 1642 à la gilde de Saint-Luc de Haarlem comme élève de son père, ont subi son influence (Natures mortes de Gerrit à la N. G. de Londres, au Rijksmuseum, au B. V. B. de Rotterdam), et leurs œuvres sont parfois confondues avec les siennes.
Heem (les de)
Famille de peintres néerlandais.



Mais il fut tout aussi célèbre pour ses sujets de fleurs : il peignit des Bouquets (musées de Bruxelles, de Dresde, de La Haye, d'Amsterdam), dont le vase reflète souvent une fenêtre, des fruits et des fleurs disposés en grappes et suspendus par un ruban (Rijksmuseum), et enfin des guirlandes encadrant un sujet central, thème créé par D. Seghers mais qu'il sut renouveler : Buste de Guillaume d'Orange (musée de Lyon), Vierge en buste (musée du Puy). Unissant la tradition flamande au style précis et à la rigueur géométrique des Hollandais, J. D. de Heem marqua de son originalité le milieu anversois. Son œuvre est considérable, on dénombre près de 150 tableaux signés. Aidé par ses fils (Jan, Cornelis), son petit-fils David Cornelisz et un important atelier, il eut une influence très féconde sur des artistes comme A. Mignon, J. B. Lust, Joris et Jan Van Son, Gillemans, Coosemans, Jan Van den Hecke et Andries Benedetti (un de ses premiers élèves, très souvent confondu avec lui). Entre ces deux écoles, l'art de Heem, riche et somptueux, est à rapprocher de celui d'un Kalf et d'un Beyeren.


