Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
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Bertrand (Gaston)

Peintre belge (Wonck, prov. de Liège, 1910-Bruxelles 1994).

Il suit des cours du soir à l'Académie de Saint-Luc à Saint-Gilles-lez-Bruxelles (1927-1931), puis fréquente l'Académie de Saint-Josse-ten-Noode (1936). Avec Anne Bonnet et Louis Van Lint, il participe entre 1938 et 1945 à l'activité des groupes Route libre et Apport et, en 1945, à la fondation de la Jeune Peinture belge. Il fut d'abord marqué par Evenepoel, Ensor, Picasso dans ses portraits et ses vues de plage (la Grande Plage, 1942-43, Bruxelles, M. R. B. A.). À partir de 1949 environ, il évolue vers l'abstraction de tendance géométrique, tout en gardant une référence à la réalité. Il va se montrer très marqué par l'architecture, en particulier à la suite de son voyage en Italie, à Rome, Florence, Sienne et Bologne en 1953 (Hommage à Michel-Ange, 1955, Bruxelles, M. R. B. A.). Les compositions de plans colorés (Architecture, 1949, id.) font place à des structures plus complexes (Florence III, 1961, musée d'Anvers). L'implantation des monuments, la configuration des villes retiennent surtout l'attention de l'artiste : à partir de 1957, il s'inspire de l'abbaye de Montmajour près d'Arles, puis se consacre à partir de 1962, aux sites de Saint-Martin-Vésubie et Venanson dans l'arrière-pays niçois. Bertrand a traité parallèlement, peut-être avec moins de réussite, le thème de la figure humaine (Figure aux éléments dispersés, 1971, Bruxelles, M. R. B. A.). Membre du groupe Espace en 1952, il a exposé à Paris chez Colette Allendy en 1956, puis gal. La Roue en 1958, 1964, 1966. L'art de Gaston Bertrand se situe non loin de celui de Ben Nicholson et d'Arturo Bonfanti dans sa volonté de traduire en termes picturaux l'espace et le rythme. Bertrand est représenté dans les musées belges, surtout à Bruxelles, ainsi qu'à La Haye (Gemeentemuseum) et à Paris (Odéon, 1968, Paris, M. N. A. M.).

Bertrand (Jean-Pierre)

Peintre français (Paris 1937).

C'est dans le domaine du cinéma que Bertrand reçoit une formation qui lui permet de travailler quelque temps comme assistant réalisateur avant de se tourner vers les arts plastiques. Il expose pour la première fois en 1970 et réalise de petits films en super-8 qui jouent avec l'animation d'une surface (la Pluie, Balance Ball, 1973), et des installations (C Space, New York, 1979). Progressivement, il transfère de plus en plus radicalement ce type de préoccupation à un travail sur des matériaux très légers et sur leurs limites tout à la fois réelles (il utilise des encadrements métalliques assez lourds, qui transforment les surfaces planes en objets) et temporelles : ainsi des séries de papiers colorés par imprégnation de produits souvent liés au goût — papier rouge trempé dans l'acrylique et le miel, papier grisé passé au sel, papier jaune passé au citron, etc. —, ces matériaux, perçus comme périssables, inscrivent l'œuvre dans la temporalité de leur évolution . Qu'il s'agisse de tout petits formats accrochés " en tapisserie " aléatoire sur un mur ou de très grands formats rectangulaires alignés régulièrement, la disposition de ces papiers mono– ou polychromes, éventuellement griffonnés à l'huile ou au crayon, répond tout aussi bien à un balisage de l'espace qu'à une scansion du temps (Jeu de construction pour les années...). Ce travail, qui s'inscrit subtilement à la lisière entre peinture et installation, fait l'objet d'expositions régulières (musée de Toulon en 1981, Paris, M. N. A. M. et musée Saint-Pierre de Lyon en 1985, magasin de Grenoble en 1987-1988, etc.) ; il est présent dans les collections du M. N. A. M. de Paris, du F. N. A. C. et du F. R. A. C. Champagne-Ardennes. Une exposition a été consacrée à Jean-Pierre Bertrand (M. A. M.-V. P.) en 1993 et à Nîmes (Carré d'Art) en 1996.

Beruete (Aureliano de)

Peintre espagnol (Madrid 1845  – id. 1912).

Après des études de droit et une brève carrière politique, Beruete suivit à l'académie San Fernando de Madrid les cours du paysagiste d'origine belge Carlos de Haes. Avec lui, il rénova la conception espagnole du paysage, éliminant le folklore pour une étude des sites et de la lumière, à la recherche de la réalité " physique et métaphysique ", dans un esprit proche des intellectuels de " la Generacion del 98 " ; de fréquents voyages en France lui font connaître les impressionnistes et on le classe parfois comme " le plus impressionniste des Espagnols ", mais sa technique est surtout influencée par Velázquez. Après avoir peint des paysages de l'Espagne du Nord, il se consacre à la Castille, aux effets du soleil écrasant sur quelques éléments de nature ou d'architecture (Vue de Madrid 1907, Madrid, Prado (Casón), Ségovie depuis la route de Boceguillas, New York, Hispanic Society ; Murailles d'Ávila, 1909, Madrid, coll. part.). Collaborateur actif de l'Institution libre d'enseignement fondée en 1877 à Madrid par Francisco Giner de los Ríos, il fit aussi œuvre d'historien de l'art avec un livre magistral sur Velázquez, premier catalogue de son œuvre, publié en français à Paris (1898). Son fils, Aureliano de Beruete y Moret (1876 – 1922), qui épousa la fille de Dario de Regoyos, fut spécialiste de Goya et directeur du musée du Prado (1918-1922).

Besnard (Albert)

Peintre français (Paris 1849  – id.  1934).

Élève de Brémont, puis de Cabanel, il obtint en 1874 le grand prix de Rome. Après avoir séjourné à Rome et à Londres, il exécuta à Paris pour l'École de pharmacie (1884-1886) une vaste et claire décoration au symbolisme poétique et au coloris discret (la Cueillette des simples). Il rechercha ensuite dans ses portraits (Madame Roger Jourdain, 1886, Orsay) et ses nus (Femme nue se chauffant, pastel, Orsay, 1886) des effets plus chaleureux et lumineux proches de ceux du XVIIIe s. Directeur de l'Académie de France à Rome (1913), puis de l'École des beaux-arts (1922), il sut adapter la leçon impressionniste à ses décors officiels : suite d'esquisses pour la décoration du vestibule de l'École de pharmacie à Paris (Orsay), l'Île heureuse du musée des Arts décoratifs (1909), les plafonds du Petit Palais (Paris, 1907-1910), du Théâtre-Français (le Char d'Apollon et les Heures, 1890) ou de l'Hôtel de Ville de Paris (1905-1913, La Vérité, entraînant les Sciences à sa suite, répand la lumière sur les hommes), illustrent sa poursuite sensuelle des jeux de couleurs et de reflets. Besnard s'attacha cependant à évoquer, dans certaines de ses compositions, des idées philosophiques et des mythes scientifiques (la Vie renaissant de la Mort, 1896, Paris, Sorbonne, amphithéâtre de Chimie). Ses œuvres orientales évoquent ses voyages en Algérie et aux Indes (Femmes de Madura à la fontaine, musée de Douai ; Marchand de fruits à Madura, Orsay). Il fut, en outre, un excellent graveur.