Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
C

Canavesio (Giovanni)

Peintre italien (seconde moitié du XVe s.).

Ce prêtre, originaire de Pignerol, a travaillé dans le comté de Nice où il est documenté dès 1450. Il est à Albenga en 1472 et peint une Crucifixion sur la façade du palais communal. Il signe en 1482 les fresques de la chapelle Saint-Bernard à Pigna, v. 1485, en collaboration avec Baleison, celles de la chapelle Saint-Sébastien à Saint-Étienne-de-Tinée et, en 1492, celles de la nef de la chapelle de la Madone-des-Fontaines à La Brigue. Il est aussi l'auteur de plusieurs polyptyques ornés de figures plus calmes, transpositions rustiques de la manière de Foppa (Madone entourée de saints, 1491, Turin, Gal. Sabauda). Canavesio fresquiste a sans doute subi l'ascendant de Jaquerio. Mais, désireux de frapper une clientèle populaire, il affectionne les outrances de toutes sortes, accusées par un coloris sombre. Son art très expressif montre tout ce que la peinture des Alpes méridionales doit aux sources germaniques dans le dernier quart du XVe s.

Cane (Louis)

Peintre français (Beaulieu-sur-Mer 1943).

Il fréquente l'École des arts décoratifs à Nice, puis à Paris, et commence à peindre en 1966-67 (papiers peints découpés et collés). Suivent en 1968-69 toiles et papiers portant l'empreinte d'un cachet-tampon répétant sur toute la surface " Louis Cane artiste peintre ", procédé quelque peu néo-dadaïste auquel devait faire place une réflexion plus féconde sur la peinture. Cane s'inspire à la fois des nouvelles expériences de l'espace et du corps, instaurées par Pollock et l'Expressionnisme abstrait, et de la réduction géométrique opérée par Newman, Rothko, Reinhardt. Mais, à ces sources communes à bien des peintres depuis la fin des années 60, il ajoute une critique théorique qui, loin de se figer dans le dogmatisme, s'attache à des œuvres apparemment aussi éloignées que la peinture chinoise ou celle de Poussin. Louis Cane a actualisé la dialectique du mur et du sol en peignant des toiles de grandes dimensions, toutes présentées à terre (Paris, gal. Yvon Lambert, 1972), ou faisant la liaison sol et mur (1971). La couleur recrée l'unité de vision ainsi rompue ; couleur monochrome, pulvérisée à distance et modulée par le dégradé, " moyen qui permet d'excéder picturalement la limite réelle du tableau " (L. Cane, 1976). La couleur de Cane est en effet d'une rare extensibilité ; refusant l'aplat, elle est en cela plus proche de celle de Cézanne et de celle des orientaux que de celle de Matisse et des abstraits américains (il a très bien pu dire, dans une tournure quasi cézannienne : " La peinture procède du dessin de la forme vers la couleur de celle-ci "). Se référant constamment à l'histoire de la peinture, il transcrit les formes ou les structures de certaines œuvres dans un ensemble de toiles de grand format (1974-1976), sobres et au coloris assourdi (Peinture, 1974, musée de Grenoble). Après de grandes toiles abstraites à thème souvent religieux (Arche avec ange, 1977), l'œuvre évolue vers une peinture où la matière picturale s'inscrit dans une touche expressionniste et maniérée (Nymphéas, 1993 polyptyque peint à l'huile sur grillage). Créant un " réseau de confidences et de filiations permanentes ", Cane reprend les modes stylistiques de quelques grands maîtres du XXe siècle, en particulier dans le traitement du corps humain : Picasso (le Déjeuner sur l'herbe, 1983, Antibes, musée Picasso) ou De Kooning (Deux Femmes accroupies, 1985). En 1985, il présente trois grands tableaux sur le thème du Déluge, dont un Hommage à Paolo Uccello (gal. Templon). Exposant de Support-Surface et fondateur de Peinture, cahiers théoriques, Cane a montré ses œuvres à Paris à partir de 1969 gal. Givaudan puis gal. Yvon Lambert (1971-72) et gal. Templon (presque annuellement de 1970 à 1985) ; il a fait l'objet d'une exposition à Paris (M. N. A. M.) en 1977 et au musée de Toulon en 1987.

Cano (Alonso)

Peintre espagnol (Grenade 1601  – id. 1667).

Peintre, architecte et sculpteur, Cano est l'artiste le plus complet du Siècle d'or. Il part de bonne heure à Séville, où il collabore avec son père à la construction de retables. En 1616, il entre dans l'atelier de Pacheco, où il rencontre Velázquez, et, en même temps, il semble avoir appris la sculpture avec Montañes. De cette époque, deux ensembles sculptés sont conservés : le Retable de Lebrija (1629-1631) et le Retable de saint Jean l'Évangéliste au couvent de Santa Paula de Séville, pour lequel Cano exécute également les peintures, aujourd'hui dispersées (Londres, Wallace coll. ; Sarasota, Ringling Museum ; Louvre). En 1638, il passe au service du comte-duc d'Olivares à Madrid et se consacre surtout à la peinture. On conserve quelques compositions de cette époque, qui marquent bien le passage de la technique encore ténébriste, aux modelés sombres, de la période sévillane (Saint François Borgia, 1624, musée de Séville), à une manière plus légère, aux couleurs claires et aux touches plus déliées (Christ en croix, 1643, Madrid, coll. part.). En 1644, son épouse est assassinée. Impliqué dans le procès, il semble qu'il ait été disculpé, car, après un court séjour à Valence, il reprend son travail à la Cour (les Rois goths, Prado ; Retable de l'église de Getafe, près de Madrid, 1645). Durant ces années, son style s'allège et s'oriente vers une recherche de beauté idéale et un coloris clair et raffiné d'origine vénitienne, mais qui demeure sensible à celui de Velázquez (Miracle du puits de saint Isidore, Prado ; l'Immaculée, musée de Vitoria.) En 1652, sur la promesse de recevoir les ordres sacrés, il sollicite la charge de chanoine économe de la cathédrale de Grenade. Il l'obtient et revient dans sa ville natale, où il commence un grand cycle de 7 toiles de la Vie de la Vierge pour décorer le chœur de la cathédrale. Son style acquiert alors une certaine emphase baroque et une relative grandiloquence. De continuels procès avec le chapitre de la cathédrale l'obligent à revenir à Madrid en 1657, où il travaille pour des églises (le Christ à la colonne, Carmélites d'Ávila). En 1658, le procès s'étant terminé par son ordination sacerdotale, il revient à Grenade, s'installe de nouveau à son poste et réalise alors ses dernières œuvres (la Vierge du rosaire, cathédrale de Málaga).

   Parmi ses autres peintures, conservées hors d'Espagne, on peut citer la Via dolorosa du musée de Worcester, le Portrait d'un ecclésiastique (New York, Hispanic Society), Saint Jean l'Évangéliste et Noli me tangere (musée de Budapest), et le Christ aux limbes de Los Angeles (County Museum of Art). Cité le plus souvent comme sculpteur, il atteint cependant à la qualité des plus grands peintres espagnols.