Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
H

Holanda (Antonio de)

Peintre et miniaturiste portugais ( ? v.  1480/1500  – ? entre 1553 et 1571).

On admet généralement, d'après son nom, qu'il était originaire des Pays-Bas. Son activité n'est connue qu'à partir de 1518, date à laquelle il fut nommé " passavante " par dom Manuel, charge qu'il conserva sous le règne de Jean III. Jouissant probablement d'une certaine faveur à la Cour, il fut pensionné par ce même monarque en 1527 et appelé en 1541 à Tolède pour faire le portrait de l'empereur Charles Quint, de son fils, le futur Philippe II, et de son épouse, doña Isabel, sœur du roi de Portugal. En 1544, il fut chargé d'expertiser le Livre d'heures de la reine Catherine, œuvre de Simon Bening, commandée en Flandres par l'humaniste portugais Damien de Gois. Si certaines de ses œuvres, connues par des textes, ont maintenant disparu (un psautier et 2 livres de " Dominicains " du couvent de Tomar, 1533-1536), d'autres ouvrages, heureusement conservés, révèlent un enlumineur d'une certaine habileté, dont le naturalisme d'inspiration flamande ne trahit encore aucune influence de la Renaissance. Il est, en particulier, l'auteur du Livre d'heures de la reine Leonor (New York, Pierpont Morgan Library) et collabora avec Simon Bening à la Généalogie des rois de Portugal (British Museum). Avec la Vue de Lisbonne appartenant à la Chronique de dom Afonso Henriques de Duarte Galvão (Cascais, musée de Castro Guimarães), on lui attribue également une participation au Livre d'heures de dom Manuel (1517-1540, Lisbonne, M. A. A.).

Holanda (Francisco de)

Peintre et théoricien portugais (Lisbonne 1514 ou 1518  – ? 1572)

. Fils d'Antonio de Holanda, il passa une partie de sa jeunesse à Évora (1534-1538). Adepte de l'art de la Renaissance, il visita l'Italie de 1538 à 1540, comme envoyé officiel du roi Jean III. Il séjourna au moins une année à Rome et entra en relation avec quelques-unes des personnalités artistiques de l'Italie, parmi lesquelles Michel-Ange. De retour au Portugal, il y passa le reste de sa vie, attaché à la Cour comme ingénieur, architecte, peintre et décorateur. Bien qu'il existe des références à son œuvre picturale (portraits et thèmes religieux), seuls ont été conservés un petit panneau (Lisbonne, M. A. A.) et 2 recueils de dessins : Os desenhos de Antigualhas (bibl. de l'Escorial, publié en 1896), relation de son voyage en Italie, et De actatibus mundi imagines (Madrid, B. N.), dessins de thèmes bibliques réalisés de 1545 à 1573. Son œuvre littéraire se compose du traité Da pintura antiga, terminé en 1548, d'un dialogue sur l'art du portrait (l'Art de reproduire au naturel), et de 2 petites œuvres datées de 1571 (Des fabriques qui manquent à la ville de Lisbonne et De la science du dessin). La seconde partie du traité Da pintura antiga, divisée en 4 " Dialogues ", fut d'abord connue comme témoignage de la pensée de Michel-Ange, qui en est la figure centrale. Mais l'ouvrage est surtout un témoignage des conceptions esthétiques et de l'art italiens au moment où les découvrit l'auteur. Proche des traités maniéristes contemporains, la pensée de Francisco de Holanda se développe à partir des schémas néo-platoniciens. Son concept de base est celui d'une fonction plastique, désignée généralement par la peinture, qui, dans la mesure où elle s'identifie avec l'acte divin de la création, prend un vaste sens d'intelligence générale de l'univers, fondement de toute la connaissance et principe unifiant de tous les arts. À ce concept s'ajoute la dimension historique de l'antique, en un schéma tripartite au sein duquel le Moyen Âge est considéré comme une période de mort de l'art authentique, entre l'Antiquité gréco-romaine et sa " réincarnation " en Italie.

   Bien qu'il fût réalisé pour rendre accessible à ses compatriotes l'art tel qu'il florissait alors en Italie, l'ouvrage de Francisco de Holanda demeura inédit. Redécouvert au XVIIIe s., le manuscrit fut publié pour la première fois en 1845, dans une traduction française.

Holbein (les)

Famille de peintres et graveurs allemands.

 
Hans l'Ancien (Augsbourg v.  1465  – Issenheim v. 1524). Il était le fils d'un tanneur établi à Augsbourg depuis 1448. L'analyse stylistique de son œuvre laisse supposer que sa formation se fit soit dans sa ville natale, soit à Ulm, formation complétée par un voyage aux Pays-Bas entre 1490 et 1493. Hans l'Ancien connaissait les travaux de l'école du Rhin supérieur et les gravures de Schongauer, auprès de qui il a peut-être travaillé, et il subit l'influence directe de Rogier Van der Weyden : de cette époque (1493), la cathédrale d'Augsbourg conserve 4 peintures d'autel représentant des Scènes de la vie de la Vierge. Une tradition rapporte que l'artiste épousa en 1493 la sœur de Hans Burgkmair l'Ancien. Il semble avoir eu une vie difficile, car il fut, à plusieurs reprises, assigné en justice pour des raisons financières, notamment par son frère cadet, Sigmund, qui fut son assistant jusque v. 1503. Il travaillait alors pour les dominicains de Francfort ainsi que pour l'abbaye de Kaisheim, près de Donauwerth (Scènes de la vie du Christ et de la Vierge, Munich, Alte Pin.). En 1503-04, il exécute des Scènes de la vie de saint Paul (musée d'Augsbourg), qui contiennent son portrait et ceux de ses fils Hans et Ambrosius. Dès lors, de nombreuses commandes l'attirèrent fréquemment hors d'Augsbourg, qu'il quitta définitivement v. 1514-15 pour Issenheim, en Alsace.

   Un grand nombre de ses œuvres furent longtemps attribuées à son fils Hans, telle la Cène du musée de Bâle, et ce n'est guère qu'à partir de 1920 que la critique lui a rendu la place qu'il méritait. Influencé par les Pays-Bas, il synthétisa les expériences successives de Rogier Van der Weyden, de Hieronymus Bosch et de Gérard David dans un langage original fondé sur la couleur et le problème de la bidimensionnalité de l'espace. La composition est axée sur le personnage central, ce qui, malgré la présence fréquente de portraits réalistes, accentue le caractère hiératique de ses œuvres. De nombreux dessins de lui, à la pointe d'argent, se trouvent dans les collections d'estampes de Bâle, Berlin, Bamberg, Copenhague et Chantilly.

 
Sigmund (Augsbourg v. 1465/1470 – Berne 1540). Frère cadet de Hans l'Ancien. Sa vie et son œuvre sont si peu connues que certains historiens vont jusqu'à mettre son existence en doute. Il paraît avoir quitté sa ville natale aux alentours de 1509-10 pour s'établir à Berne, dont il acquit la citoyenneté. Parmi les rares œuvres qui lui sont attribuées, mentionnons une Vierge à l'Enfant, encore imprégnée de tradition gothique (musée de Nuremberg), ainsi que 2 petits Portraits d'hommes (Albertina).

 
Ambrosius (Augsbourg v. 1494 – Bâle [?] v. 1519/20). Fils aîné de Hans Holbein l'Ancien. Sa vie et son activité sont peu connues ; son père, dont il se rapproche stylistiquement, surtout dans l'art du portrait, lui donna vraisemblablement sa première formation. Vers l'âge de vingt ans, il quitte Augsbourg et s'établit à Bâle avec son frère cadet, Hans le Jeune. Sans doute travaillèrent-ils ensemble à des commandes importantes. Mais la renommée de Hans éclipsa celle de son aîné et il est très difficile de déterminer la part de l'un et de l'autre dans les œuvres communes. C'est seulement en 1517 qu'Ambrosius, entrant dans la gilde " Zum Himmel " de Bâle, devient indépendant et que certaines œuvres peuvent lui être assignées avec certitude : un alphabet orné, gravé sur bois, et des illustrations de style renaissant de l'Utopie de Thomas More. Les quelques peintures attestées par l'inventaire de Amerbach (1586) sont pour la plupart au musée de Bâle : Portrait de Hans Herbst (1516), le Christ et Dieu le Père entourés d'anges, œuvres conçues dans deux dimensions, sans spatialité mais d'un dessin délicat, vivant, aux tonalités profondes et chaudes. Aucune œuvre de l'artiste n'est datée après 1518.