Dictionnaire de la Peinture 2003Éd. 2003
V

Viola (Bill)

Artiste américain (New York 1951).

Il fait ses études d'arts plastiques à l'université de Syracuse, où il enseigne plus tard la vidéo. En 1975, il est chargé de production à " Art tapes 22 " à Florence, en Italie. Il devient ensuite artiste résident au W. N. E. T. T. V. Lab, Channel 13, à New York, et au W. G. B. H. T. V. Workshop de Boston. À la recherche de moyens de création différents, il commence par s'intéresser à la musique électronique, qui lui fait découvrir la vidéo. Il travaille alors l'image comme une composition musicale, instrument pouvant prolonger les sens. Il l'utilise comme structure énergétique qui établit des correspondances directes entre l'œil, l'oreille, le cerveau, accordant autant d'importance au son qu'à l'image (The Theatre of Memory, 1985). Par ailleurs, ses bandes vidéo et ses installations exigent une participation active du spectateur à ses recherches (St John of the Cross, 1983 ; Passage, 1987). L'organique, le vibratoire et le fluide se mêlent dans un propos qui peut aller jusqu'à une extrême violence (The Sleep of the Reason, 1988). Il a réalisé une trentaine de bandes vidéo et une vingtaine d'installations. Une rétrospective de son œuvre a eu lieu au M. O. M. A. de New York en 1987. Il a participé à la Biennale de Venise en 1988.

Viola (Manuel)

Peintre espagnol (Saragosse 1919 El Escorial, Madrid, 1987).

Il fut en contact avec les groupes surréalistes et, en 1939, partit en France, où il connut Picasso et d'autres peintres. Dès 1945, il participa à toutes les activités d'avant-garde de Paris, à l'époque où naissait la peinture informelle. Il revint en Espagne en 1949 et, après une expérience de deux ans comme toréador amateur, il se consacra entièrement à la peinture. Il vécut dès lors à Madrid, séjournant de temps en temps à Paris. Sa peinture, encore figurative v. 1945, s'est rapprochée de plus en plus de l'Informel, en hésitant d'abord entre la calligraphie et les recherches de matières. En 1958, l'artiste aboutit à son style personnel, où les signes et les calligraphies se détachent, comme des flammes, sur des fonds sombres et dont l'utilisation de clairs-obscurs accentués est la principale caractéristique. L'exécution fait preuve de brio, et la critique a rattaché l'œuvre de Viola à la tradition expressionniste et au clair-obscur espagnol ; en particulier, la relation avec Valdés Leal est évidente, tant par la technique que par les effets de lumière. L'œuvre de Viola est un exemple de peinture informelle littéraire : elle se prête à des interprétations cosmiques et mystiques. Le principal mérite du peintre fut d'être sans doute le premier en Espagne à participer à l'Informel et d'avoir assuré la transition entre l'avant-garde de 1939 et celle qui suivit la guerre. Au cours des années 80, son œuvre est exposé en Espagne (Sala Caja de Antequera de Málaga, 1980 ; gal. Raynela de Madrid, 1982) et aux États-Unis (gal. Armas, Miami, et First National Bank, Palm Beach, 1983). Manuel Viola est représenté à Madrid (M.E.A.C., Fondation March), Cuenca (musée d'Art abstrait espagnol), Bilbao, New York (Guggenheim Museum), Cologne, Liège.

visuel (Groupe de recherche d'art) (G.R.A.V.)

Créé à Paris en 1961 par des artistes issus du Centre de Recherche d'Art Visuel (García-Rossi, Le Parc, Morellet, Sobrino, Stein, Yvaral), le G. R. A. V. remet en cause les relations traditionnelles art, artiste, société. Le développement plastique de cette réflexion qui s'accompagne d'enquêtes, de manifestes et tracts, est une recherche sur le mouvement, le volume, la structure, à partir de matériaux contemporains (matières plastiques, métal, néon, etc.). Dissous en 1968, le G. R. A. V., dont certaines recherches sont proches de l'art cinétique, a participé à plusieurs grandes expositions : Mouvement (Stockholm, 1961) ; Documenta III (1964) ; Sigma II (1966) et Lumière et Mouvement (Paris, 1967).

Vitale da Bologna

Peintre italien (Bologne, documenté de 1330 à 1359).

Il est considéré comme le plus grand maître bolonais de la première moitié du trecento. L'école de peinture de Bologne lui doit cette forte autonomie qui, durant tout le siècle, caractérisera son évolution et sa diffusion. Grâce à lui, en effet, la forte culture romane d'Émilie fait place à un climat gothique rénové, à un langage naturaliste par la solidité de son coloris, mais libre dans son organisation irréaliste de l'espace et de la forme, et qui dérive aussi de la grande tradition de la miniature locale, introductrice de la miniature gothique française. Le génie de Vitale sut élever à une haute cohérence stylistique ces sources hétérogènes d'inspiration, toutes étrangères à la tradition toscane, contribuant ainsi de manière décisive à la caractérisation de la culture émilienne et à son orientation anticlassique et intimement réaliste. Après les fresques autrefois au couvent de S. Francesco (1340, la Cène et des Saints, Bologne, P. N.) et le polyptyque de S. Maria dei Denti de 1345 (la Vierge et l'Enfant, Bologne, musée Davia Bargellini, et des Saints, Bologne, coll. de la ville), les fresques de l'abbaye de Mezzaratta (Annonciation et Nativité, Baptême du Christ, Madone et l'Enfant, Bologne, P. N.) et celles de l'abbaye de Pomposa (Christ en gloire, Scènes de la vie de saint Eustache) révèlent le génie inventif que peut déployer l'artiste dans la mise en page de vastes compositions, la fantaisie allègre et variée des épisodes que relie le fil vagabond et imaginatif d'un savoureux discours d'esprit tout gothique : cette vivacité est autorisée par la liberté de la trame narrative et la ductilité de la forme dans un espace irrationnel et abstrait. Dans les fresques exécutées pour le dôme d'Udine en 1349 (Épisodes de la vie de saint Nicolas), Vitale semble reconnaître, pour la première fois, la noblesse de la forme giottesque, mais garde cependant sa liberté d'esprit. On retrouve cette conception plus disciplinée de la forme dans le polyptyque (1353) de l'église S. Salvatore à Bologne (au centre, le Couronnement de la Vierge) et dans les fresques, récemment découvertes, de l'église dei Servi (les Docteurs de l'Église, fragments de l'Assomption et de Scènes de la vie de sainte Madeleine). D'autres peintures, sur bois, comme la Vierge et l'Enfant (musée de Viterbe), les 4 Scènes de la vie de saint Antoine abbé, le Couronnement de la Vierge et le Saint Georges combattant le dragon (Bologne, P. N.), la Madone dei Battuti (Vatican), le diptyque divisé entre la N. G. d'Édimbourg (Adoration des mages) et la Fondation Longhi de Florence (la Pietà avec des Saints) ainsi que la Crucifixion de la fondation Thyssen-Bornemisza (Madrid), montrent, dans l'ordre où elles sont citées ici, l'accentuation progressive du goût gothique de Vitale.